| Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Depuis quatre années la place de maire était restée quasiment vacante malgré deux nominations rapidement suivies de la démission des promus. Finalement, le préfet de l'Ain nommera un maire qui va enfin accepter son mandat pour plus d'un mois, et même un peu plus de trois ans, avant de démissionner...
Le 21 Fructidor an VIII (08/09/1800), le citoyen Claude-Charles Bornet, huissier public (à Chézery), est nommé maire en remplacement du citoyen Famy, démissionnaire. Et pour y mettre plus de poids, le préfet lui adresse deux jours plus tard une lettre étonnamment personnelle "J'espère que cette nomination vous sera agréable et que vous accepterez le poste honorable que le gouvernement vous a confié" [RD07, f° 22v-23].
Le serment en est reçu par le toujours présent Claude-François Grizard, adjoint. Les conseillers municipaux restent apparemment ceux nommés un mois auparavant, ainsi qu'en attesteront les signatures aux comptes de l'an IX, ledit Claude-François Grizard, étant toujours adjoint (sans signature Genolin ni Famy) [RD07, f° 24 (09/02/1802)]. Par la suite, on ne reverra plus sa signature, le maire se contentant de signer seul !
Joseph Ducret, l'un de ces conseillers aux charges multiples, tente de démissionner : "Joseph Ducret, maréchal au Pont d'Enfer, ai donné ma démission de conseiller de la commune, attendu qu'ayant toujours été en fonction depuis la République, et l'étant encore comme répartiteur, je ne peux pas occuper deux places à la fois, et mêmement mon vrai nom n'est pas juste à cet effet, il y en a quatre qui portent mon nom à Champfromier" (Signature "Ducret maréchal") [RD07, f° 23v (05/04/1801)]. Mais il la révoque le lendemain " Ledit Ducret a déclaré qu'il révoquait sa démission et qu'elle doit rester nulle".
Une vraie démission sera celle de François Famy, artiste demeurant à Champfromier [RD07, f° 27 ( 24/10/1803)]. Pourquoi ? En tous cas, il sera nommé maire deux mois plus tard en 1803, en remplacement de Claude-Charles Bornet, démissionnaire... [RD07, f° 27v (30/12/1803)].
Claude-Charles Bornet (1754?-1830) [CI-2363] est fils de Jean-François Bornet, Maître horloger, et de Aimée Julliand. Son acte de baptême manque dans les registres, mais il est bien connu par son acte de mariage et est décédé, ancien huissier, propriétaire au Bordaz, hameau de Champfromier où il était déjà recensé en 1774 et 1781. Il était dit huissier public en 1801 au mariage de sa fille, et peu après huissier à Chézery au décès de son épouse aussi en 1801. Il épouse Claudine Blanc, une fille de Chézery en 1773, et signait alors "Claude Charles Bornet", avec un B tout en rondeurs !
Le pays étant un peu moins perturbé, tout le mandat se déroulant sous le Consulat de Bonaparte, ce maire a pu se consacrer un peu plus à la gestion de sa commune. Mais les temps sont durs "Le maire déclare que n'ayant aucune recette pour l'an IX, il a fait toutes les avances de frais de bureau, qui se montent à 27 francs" [RD07, f° 24 (09/02/1802)]. Il s'occupe ensuite à traiter les préoccupations qui avaient déjà été celles des premiers jours du premier conseil après la Révolution : les abus de coupes dans les bois et les excès dans les cabarets. Le rétablissement de la pratique religieuse est aussi un énorme souci financier. Il faut payer les factures des réparations à l'église, augmenter le traitement des vicaire et desservant, décider du rachat de la maison presbytérale. Ce dernier fait sera probablement la raison de sa démission (manque de ressources et d'autorisation rapide du rachat par le préfet ?). Si le presbytère est bien racheté, ce n'est pas par la commune mais par sept citoyens dévoués (dont lui-même), à la charge de le revendre quand la commune en aura les moyens financiers... [3E 14376 Me Ravinet, Acte 20 (10 vendémiaire an XII, soit le 3 octobre 1803)].
Publication : Ghislain LANCEL. Sources : AC Champfromier, RD 07.
Première édition de cette page, le 14 janvier 2014. Dernière mise à jour, idem.