Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Coutier Claude-Marie, maire (1830-1832)

 

Année 1830, la Révolution de Juillet avait vu l'avènement de Louis Philippe, « Roi des Français » , avec un gouvernement parlementaire...

Claude-Marie Coutier, maire (4/12/1830)

Est-ce une conséquence du bouleversement survenu dans le royaume, ou un différend strictement local concernant le supplément financier que le maire refuse de payer à l'adjudicataire Claude-Marie Coutier pour la construction de l'église ? En tous cas un coup de théâtre survient à Champfromier en décembre 1830. Le préfet arrête, article premier, que "le sieur Coutier Claude-Marie, propriétaire à Champfromier, est nommé maire, en remplacement du sieur Ducret, révoqué". Dans le même temps, le sieur Rendu François-Joseph, marchand de fromages et propriétaire dans ladite commune est nommé en remplacement du sieur Tournier Roland [RD08, f° 51 (04/12/1830)]. Quelques jours plus tard, en conformité avec l'article deux, Joseph Coutier, premier membre du conseil (le plus ancien membre), installe le nouveau maire, qui prête serment et signe [RD08, f° 51v (13/12/1830)]. Et quelques jours plus tard Claude-Marie Coutier maire installe son adjoint et en reçoit le serment [RD08, f° 52 (27/12/1830)].

Après la tenue de l'assemblée électorale à Monnetier 25 septembre 1831, il est procédé à l'installation des sieurs Rendu François-Joseph [CI-3701], Ducret dit Combet François-Marie [3997], Ducret Thadet [3380], Bornet dit Crétin François [3412], Evrard Mathieu [Indéterminé], Mermet Michel [(Michel-Marie) 4845], Mermet Pierre-Joseph [(39) Bouchoux (mort en 1847)], Nicollet André [3225 (Collet-Rossy)], Coudurier Nicolas [3720] et Mermillon André [André-Marie, de Montanges], qui ont été élus conseillers municipaux par les assemblées électorales les 25 et 26 septembre dernier. Ils prêtent le serment. Suivent les signatures des 10 élus, ainsi que celle du maire précédent "le maire, Coutier" [RD08, f° 55v (30/10/1831)].

Suivra deux semaines plus tard, l'installation de Marquis André [4430], onzième conseiller, dit aussi élu le 26 septembre, et signe, toujours avec Coutier comme maire [RD08, f° 56v (15/11/1831)]. Bien plus tard, un mois après la nomination du nouveau maire, ce sera Claude-Marie Coutier, ancien maire, dit élu du 25 septembre, qui sera installé comme douzième conseiller, et prêtera serment (mais sans aucune signature, ni de lui ni sous la mention de "maire") [RD08, f° 60 (19/03/1832)]

Le mandat de Claude-Marie Coutier sera bref (remplacé par Thadet Ducret le le 15 février 1832).

Désunion d'Evuaz

Erection de la section d'Evuaz. Vu l'article 45 de l'organisation municipale, considérant les intérêts distincts de la section d'Evuaz, et les difficultés des communications de cette section avec le chef-lieu, il sera formé deux assemblées d'électeurs pour procéder à l'élection des conseillers dont l'une au lieu et hameau d'Evuaz et l'autre au chef-lieu. Deux conseillers seront élus pour Evuaz et les dix autres dans la commune de Champfromier, dont 4 de Monnetier, 3 de Champfromier, 2 de Communal et 1 au Colet [RD08, f° 54v-55 (10/05/1831)].

Claude-Marie Coutier

Claude-Marie Coutier (1784-1849) [CI-3631]. Fils de Charles Coutier-Henry et de Marguerite Mathieu, il épouse Jeanne-Françoise Coutier en 1809. Marchand de fromages, au baptême d'un fils en 1824 (alors avec une signature "coutte"), il fut ensuite adjudicataire de la reconstruction de l'église, puis maire, et signe alors "Coutier" avec un petit paraphe [RD 09, f° 27 (07/10/1840)].

Claude-Marie Coutier est l'adjudicataire entrepreneur qui avait construit l'église à grands frais pour la commune. De son court mandat, il en ressort essentiellement des considérations financières personnelles, les autres étant politiques ! Dans les délibérations « le sieur Coutier » n'a jamais de prénom, mais il est évident qu'il s'agit de lui-même, le maire. En février 1831, la garde nationale est réorganisée, attribuant 100 fr au « le sieur Coutier » pour achat de 2 caisses avec accessoires, habillement de 2 élèves tambours (schako, habit, pantalon, sabre et baudrier), puis encore 6 fr au « le sieur Coutier » pour le transport et la garde des fusils qu'il a payé au maire de Nantua, etc. D'un autre ordre est la destitution du garde forestier en date du premier mars, suite aux plaintes contre Tournier André, garde des Eaux et Forêts de cette commune, lequel est paru à 10 heures du soir chez le Sr Perret cabaretier, "coiffé d'un chapeau dont la ganse était fixée par un bouton couvert de trois fleurs de lys"...

Visiblement les élections de septembre 1831 ne lui seront pas favorables, mais le nouveau maire ne sera nommé qu'en février de l'année suivante. Dans cet intervalle une importante réunion municipale a lieu le 25 novembre. Claude-Marie expose que le sieur Debellay, architecte à Bourg, avait évalué l'indemnité revenant aux entrepreneur et adjudicataire à la somme de 18.134 francs, à cause des pertes qu'il avait éprouvée, que le conseil municipal du 19 décembre 1828 avait réduit cette indemnité à 16.000 francs, payable dans cinq ans, et que le nouveau conseil municipal doit être convaincu de cette injustice, et il l'invite à délibérer sur deux objets. Mais "attendu qu'il se trouve intéressé dans cette affaire, il a remis la présidence au Sr Ducret François-Marie, dit Combet, premier conseiller municipal par ordre de nomination. Monsieur le maire s'étant retiré (...)", le conseil municipal est alors d'avis unanime que la délibération du 19 décembre 1828 soit annulée, "et attendu que le Sr Coutier a été essentiellement lésé dans la construction de l'église dans les fournitures et le transport de l'eau qui n'étaient pas prévus dans le devis, il est bien entendu qu'il jouira lui seul des dispositions de la présente sans que Chapel puisse réclamer contre" [RD08, f° 57-58 (25/11/1831)]. Le maire suivant, ne sera vraiment reconnu comme maire et n'apposera sa signature que lorsque le 14 août 1832 il se déclarera favorable à un payement de 22.514 francs dûs au sieur Coutier. Il semble que Claude-Marie Coutier soit par la suite nommé par erreur conseiller municipal par le préfet en 1848 (sinon un autre Claude-Marie ?), mais c'est son fils Paul qui y sera installé (Claude-Marie mourra d'ailleurs en décembre de l'année suivante) [AD10, f° 16, du 30 mars et 4 juin 1848].

 

Publication : Ghislain LANCEL. Sources : AC Champfromier, AD 08.

Première édition de cette page, le 16 septembre 2014. Dernière mise à jour, idem.

 

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