Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Les registres d'Anselme Favre, notaire de Chézery, comportent une succession d'actes très courts, tous rédigés le 14 septembre 1615 [3E_17039, pp. 284-286]. De toute évidence, c'était la foire aux bestiaux ce jour là à Chézery. Et visiblement tout le monde ne payait pas comptant. Le notaire était donc là, Place de la Foire à Chézery, pour enregistrer les confessions de dettes pour achat de ces bestiaux et on suppose que, lui, se faisait payer tout de suite !
Les champfromérands étaient bien représentés. Honorable "Loys Gois dict Martin" [CI-9998] de Champfromier vient y vendre deux taureaux, l’un à poil châtaigne et l’autre à poil froment, pour la somme de 8 ducatons. Jehan Jacquemier de Léaz est l'un des témoins de la transaction.
Philibert [CI-9999], fils de feu Claude Ligon de Champfromier achète une jument "à poil roge", pour la somme de 20 ducatons, "de bon argent et de mise", payable d'ici une année. Henry Gros-Gojact de Rosset est l'un des deux témoins, Gros-Gojeat, étant un nom composé que l'on retrouvera ensuite à Champfromier.
Parfois, c'est entre gens de Champfromier que s'effectue la transaction : Claude, fils de feu Claude Marquis dit Perret de Monestier, confesse devoir à Roland Blanc-Solliet de Monestier, la somme de 7 ducatons, pour vente d’une vache à poil froment. [Les Blanc-Solliet sont originaires de Mentières].
On sait que la plus grande diversité régnait dans les monnaies. D'ailleurs plusieurs apparaissent dans les ventes de ce jour de foire, mais le ducaton, une monnaie du "duché" de Savoie, est le plus représenté (Champfromier n'était plus savoyard que depuis 1601).
Satisfait d'avoir acheté, ou d'avoir vendu, les bestiaux ayant changé de propriétaire, chacun retournait donc à pied dans son village avec les bêtes, retour dans sa paroisse, comme à Champfromier, sans se soucier que cette paroisse relevait du prieur de Nantua, et non de son rival en la personne de l'abbé de Chézery. Mieux, c'est au représentant de l'abbaye, Louis Pérucard de Ballon, nommé dans l'année, que Philibert Ligon avait acheté sa jument !
Remerciements : Bertrand Guyot (recherches aux AD), Françoise Coutier (visiteuse aux AD)
Première pulication, le 21 avril 2011. Dernière mise à jour, idem.