Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Inventaire après décès (famille aisée), en 1722

 

Faire son inventaire après décès de son vivant n'est pas fréquent ! C'est pourtant ce que fit le 21 janvier 1722, Jean-Roland Genolin Pochy [CI-10071 (mais il semble né en Bauges, en Savoie)], demeurant à la Combe d'Evuaz, au lieu-dit Chenegoy. Jean-Roland est un propriétaire très aisé ; avec ses frères et neveux, il possède cinq maisons indivises... Mais pour l'instant il est détenu au lit, malade, atteint d'une maladie corporelle. Le notaire se rend chez lui et il lui dicte son testament. Puis, comme l'y autorise la loi, il fait aussitôt procéder à l'inventaire de tous ses biens, c'est moins cher ! Il n'y avait pourtant pas urgence, il ne décèdera que 25 ans plus tard, le 4 mai 1747 à Champfromier, avec quatre enfants de plus !

Les dots léguées à ses filles en prévision de leurs mariages sont traditionnelles (argent, une vache, une chèvre, etc.) de même que le versement de la somme d'argent bien après le mariage, et échelonné. L'aisance financière paternelle ne se détecte que dans le montant de la somme d'argent attribuée, 500 livres à chacune de ses trois filles, alors que la valeur la plus fréquente était d'environ 150 livres.... Compte tenu de ces dotations, la tradition voulait aussi que ces filles n'exigent plus rien ensuite des futurs héritages de leurs père et mère. Seuls les fils, seront héritiers, héritiers universels, à parts égales.

L'inventaire témoigne aussi du statut aisé du testateur, des chevaux (mais pas de bœufs), 300 mesures de blé dans les greniers fermés à clé. Mais pour le reste, de l'utilitaire, et pas de luxe, trois fusils, des haches, des pioches, quelques pots et 4 assiettes...

Testament et inventaire de Jean-Roland Genolin, de la Combe d'Evuaz

Texte (adaptation en français moderne, des parties significatives) :

Au nom de Dieu, Amen, le 21 janvier 1722, fut présent en personne honnête Jean- Roland [CI-10071], fils de feu Roland Genollin, laboureur de Monestier, paroisse de Chanfromier, demeurant en la Combe des Vuaz au lieu appelé Sarnegoay [Chernegoy], lequel détenu dans son lit de maladie corporelle, néanmoins sain de tous ses sens, fait son testament, veut être inhumé dans le cimetière de l’église dudit Champfromier, plus 30 messes, 15 grandes et 15 petites, donne et lègue 15 livres à l’église de Champfromier pour l’achat d’une chappe [grande cape de cérémonie], 5 livres à celle de Giron pour réparations, payable dans l’année de son décès par ses héritiers, et laisse [Clauda] Benoît-Godet sa femme, maîtresse gouvernante de ses biens, la nommant tutrice de leurs enfants en priant M. le juge dudit Champfromier de recevoir son serment,

Item, donne et lègue à Janne [10072], Marguerite [1262] et Françoise [1344] ses filles de ladite Benoît-Godet, à chacune 500 livres, une vache, une chèvre, deux habits, un coffre en bois de sapin fermant à clé et 6 aunes de toile de ménage, payable à chacune, 100 livres dans les 3 ans après leur mariage, et 100 livres d’année en année jusqu’au plein payement, et ne devront rien espérer d’autre ;

Item fait pour héritiers universels, Joseph [1102] et Jean-François [1217] Genollin, ses fils de ladite Benoît-Goddet, à égalité de part.

[f° 43 v°] Fait à Evuaz audit lieu de Sarnegoay où je me suis rendu, en présence de honnête François Tournier, marchand de Giron, François Benoît-Goddet laboureur d’Echallon, Claude Collet dit Burraz [8941], Amed Cartier [10073], Roland [9432] et Martin [9943] Mathieu père et fils, et Symond fils de feu Louis Fleuri-Troquier [Famille connue à Giron-Devant], tous demeurant audit Evuaz, témoins requis, illétrés ainsi que le testateur.

Et attendu qu’il est permis à tous de faire effectuer l’inventaire de ses biens, pour limiter les frais, ledit Genollin a requis moi notaire pour procéder à cet inventaire :

Premièrement a déclaré avoir en communion avec ses frères et neveux, 5 maisons tant rière Evuaz que les Sanges, avec les curtils, prés et terres y appartenant, dans lesquelles maisons il y a deux mères cavales [juments], deux poulains, une poulaine de deux ans, 25 mères vaches, 10 veaux tant taureaux que génisses, 20 chèvres tant mères que chevreaux, deux greniers sous serrure où il y a environ 300 mesures de blé, les foins et pailles pour nourrir le susdit bétail, 6 coffres fermant à clef, 8 lits garnis de leurs couvertes et draps, 20 draps de lit, 10 sacs, 2 besaces, 4 charriots garnis, 2 charrues garnies, 3 herses de fer, 10 attaches de fer, 30 de cordes pour le bétail, 2 paferts [pal de fer, barre servant de levier], 3 fusils, 2 pistolets, 6 haches et hachons, 6 tarières, 4 enchapres [enchaple], 2 gouges, 10 pioches, 6 nappes, 6 serviettes, 6 chaudières et chaudrons, 4 pots à feu, 2 bassins à eau, 2 pots d’étain, 4 assiettes et autres menus linges et meubles, batterie de cuisine et papiers, tous lesquels meubles sont dans lesdites maisons, à la charge de Clauda Benoît-Goddet sa femme ici présente, qui a promis les présenter quand sera requise. [Signature : Humbert notaire].

 

Relevés aux AD de Bourg, Minutes Me Humbert (3E13529, f° 42 v°), par Ghislain Lancel. Publication inédite.

Première publication le 7 février 2012. Dernière mise à jour de cette page, idem.

 

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