Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Marier ses filles vers 1700

 

Quel bonheur d'avoir des enfants ! Des garçons, surement ; des filles, pas si sûr !

Qu'une fille se marie, et tout père de bonne famille envisageant un bon mariage se doit de la doter décemment en mariage. En règle générale, vers 1700, cela veut dire 200 livres environ en espèces et, traditionellement, une vache, une chèvre, 15 aunes de toile de ménage, un habit de noce et un coffre en bois de sapin garni de ses ferrures ! Pour l'argent, rien ne presse, on s'engarera par contrat notarié à en donner le quart d'ici à 2 ans, et le solde dans les 3 ans qui suivront... Par contre, pour les vache, chèvre et autres, ils seront donnés à la première sollicitation des époux, certainement le temps nécessaire à fixer le lieu du logement...

Les filles de Jacques Ducret, meunier de Moulin-Dernier

Jaque DuCrest [CI-413 des fichiers généalogiques], meunier des "Mollins-Dernier" [Moulin-Dernier] de Monnetier, n'a eu que des filles, Claudine [9984] née vers 1670, Marie [227] en 1675 et Françoise [264] en 1677. La dernière semble être restée célibataire, tandis que les deux premières se sont mariées.

Claudine a épousé Etienne Grisard avant 1699. La dot de Marie ne fut achevée de payer qu'en 1708. L'époux et sa femme "confessent avoir reçu dudit Jacque DuCrest (père de l'épouse), ici présent, la somme de 260 livres, et c’est pour l’entier payement de 430 livres, une vache, une chèvre et 15 aulnes de toile de ménage, un habit de noce, avec son coffre en bois noir garni de ses ferrures dont avait été dotée en mariage ladite Claudine par sondit père, conjointement avec Pernette Juilliant sa mère, laquelle somme de 430 livres en comprend celle de 80 pour droits maternels, et le surplus ayant déjà été payé auxdits mariés" [3E14280, (f° 33/2 du 16 avril 1708)]. Claudine décèdera à St-Pierre-d'Albigny (73), âgée de 65 ans.

Marie a convolé avec Henry Ducret, blanchisseur de Champfromier, avant 1705. Le solde de la dot sera payé en 1708, mais le père, tout meunier qu'il soit, doit emprunter "(l'époux a reçu) la somme de 250 livres en écus, demi-écus neufs, pièces de quatre sols et autres bonnes espèces, somme provenant des deniers propres du Sr Claude Montanier de Seyssel, ou de son neveu, desquels ledit Jacque DuCrest a fait emprunt pour faire l’entier payement de dot du mariage d’icelle Marie DuCrest, sa fille, suivant le contrat reçu par Me Bonifax" [3E14280, f° 12]. Quelques années plus tard, en 1712, l'épouse, veuve, se remariera avec Claude Vuillet de Belley (01).

Autres contrats, vers 1708

Voyons quelques autres contrats de mariage des premières années de 1700.

Dot de Marie [10057] fille de Jean Cartier dudit Champfromier : "lesquels mariés confessent avoir réellement reçu dudit Jean Cartier ici présent la somme de 25 livres, une vache, une chèvre, un couvertaux moitié laine et fillet, une robe de bon drap et 15 aulnes de toile de ménage , et c’est pour l’entier payement de la somme de 190 livres" [3E14280, f° 71/2 bas (de 1707)]

Dot de Clauda fille d’Arnaud Monet de Plagny, épouse de Jean-François Evrard [CI-9391] : "la somme de 200 livres, une vache, une chèvre, une brebis, quatre linceux, un couvertaux moitié laine et fillet, quatre aulnes de mantils [sorte de nappe], deux robes de bon drap et un coffre en bois de sapin garni de ses ferrures, payable quand à ladite somme en quatre termes, 50 livres pour chaque terme, à payer le premier d’ici à deux ans et les autres dans les trois années suivantes, et les vache et autres à la première réquisition des époux." [3E14280, 5 février 1708].

Dot de Anthoinette [9518], fille de feu Claudy Juilliant-Humbert. Le père étant décédé, c'est Nicolas, le fils aîné qui a la charge de payer la dot de sa sœur cadette "la somme de 260 livres, une vache, une chèvre, une brebis, 15 aunes de toile de ménage, une couverte de laine, un habit de beau drap, avec un coffre en bois de sapin garni de ses ferrures dont avait été doté icelle Anthoinette, et le surplus de ladite somme de 100 livres ayant déjà été payé" [3E14280, f° 111, du 16 octobre 1708)].

Dot de Marie Juilliant[CI-9834], épouse Joseph Bouillet de Montanges "la somme de 212 livres, une vache, une chèvre, une brebis, 15 aunes de toile de ménage, une couverte moitié laine et fillet, un habit de noce avec un cotillon de bon drap, le tout estimé à la valeur de 20 livres, donné suivant accord verbal en dot de mariage à ladite Marie Juilliant, et à son nom pour elle audit Joseph Bolliet son mari le jour de leur mariage, ce qui n’a pas encore été écrit, cette constitution dotale étant de 212 livres et autres choses ci-dessus désignées pour le trosel" [3E14280, f° 82, du 22 mai 1709)].

 

Des apports des maris, on n'en parle jamais dans ces "contrats de mariage". Quant aux épouses, signalons néanmoins que, contrairement à une idée reçue, la dot était encaissée par le mari, non pour lui mais au nom de l'épouse. On verra que plusieurs femmes entendirent bien disposer de leur argent dotal et, même si elles avaient encore besoin de l'autorisation de leur époux pour officialiser leurs achats devant le notaire, elles achetèrent des terres à Champfromier avec leur dot, ce sera le sujet d'un autre fait d'autrefois !

 

Relevés aux AD de Bourg : Ghislain Lancel

Première publication le 9 novembre 2011. Dernière mise à jour de cette page, 13 novembre 2011 .

 

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