Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
L'actuel Chemin du Riret, partant de Monnetier-le-Crêt, hameau de Champfromier, est bitumé dans sa première partie. Il n'est pas très vieux. Il reprend en plus large, et un peu plus rectiligne au départ mais avec un lacet à l'arrivée, un ancien chemin qui était dit le Chemin des Folies, du nom du lieu-dit auquel il aboutissait, les Folies, Folia (à l'est du Crêt du Genou), autrement dit un bosquet d'arbres, un bois caractéristique à l'époque où tout était en prairies...
Ce chemin est même certainement de très vieille ancienneté. On peut sans risque affirmer, que du temps de la Guerre de 10 ans, les bandes rivales de cavaliers l'empruntaient pour leurs exactions, du moins certaines fois comme le jour où Michel Chardon fut tué par les Comtois en "Mont-Pelaz", le 3 juillet 1639, lieu-dit qui est non loin des Folies.
Jadis étaient rattachées au terroir de Monnetier de nombreuses granges (fermes) isolées qui nécessitaient l'existence et l'entretien de voies de communication. En 1804, le "Chemin des Follies" était à réparer par les hommes de granges plus ou moins proches, la Provenchère, le Pré Bron (Combe Bernier ?), Soulliet, les Isles, Choudannaz, Serraz, Poiset, Charrières, Reray et le Pont d'Enfer ! [RD07, f° 42 (11/10/1804)].
La promenade proposée ici, découverte à partir des vieux plans, s'arrêtera à mi-chemin, au Riret (celui de la ruine Genolin-Félix), avec retour par l'actuel chemin forestier du Riret, et un éventuel détour à la Serraz par le sentier des communaux. Promenade facile, de bonnes chaussures et un bâton sont néanmoins souhaitables.
On peut laisser les voitures au début du Chemin du Riret, non loin du double réservoir daté de 1938. Prenant donc ce chemin, on le quitte très vite, 10 mètres après la maison voisine, en prenant sur la gauche un chemin herbeux, voire broussailleux, commençant à un gros tilleul. Il est bordé à droite par un muret écroulé, ou plutôt un long murger servant à le délimiter, et des ruines (datent-elles de l'incendie par les Cuanais en 1639 ?)
Bien vite on a un choix en Y : prendre à gauche. Le chemin devient bien agréable, toujours bordé de pierres, parfois imposantes et très belles, tandis que les murgers sont très nombreux à proximité des deux côtés.
On rejoint rapidement le macadam du chemin actuel (au niveau d'un buisson de buis, moins évident à trouver au retour...) Sur sa droite, on repèrera facilement un très gros murger ayant en son centre un très beau tilleul, et 50 mètres plus loin, on retrouvera le vieux chemin sur la droite. A peine élagué, il a retrouvé belle allure, entièrement bordé de grands buissons de buis.
Un détour... Cinquante mètres plus loin, la droite d'un Y mène aux ruines de l'ancienne vaste grange des Charrières. Ici tout s'appelait Charrières, le lieu, les Ducret qui y habitaient et le ruisseau en contrebas (à sec en été). Sous les ruines, en s'avançant vers le lit de ce "nant" on pourra reconnaître un aménagement bordé de pierres (lavoir, abreuvoir, ou captage d'eau ?) On a maintenant du mal à s'imaginer qu'une famille vivait ici, et pourtant c'était le cas. Cette famille avait même la réputation justifiée d'être cultivée, pour preuve Jean-Baptiste Ducret-Charrières qui fut chef d'institution demeurant à St-Foix, près Lyon, en 1861, âgé de seulement 23 ans ! Deux de ses sœurs épousèrent deux frères Ducret-Lyset (dont sont issus les Ducret-Frère et Ducret-fils des deux scieries), et une autre se maria avec un Genolin, dont une fille épousa un Ducret, de la branche des Ducret-Meunier.
Revenant en arrière on reprendra, là où on l'avait quitté, notre beau vieux chemin bordé de buis, et nous repasserons devant les vastes ruines.
Autre détour... A nouveau si l'on prend un Y à droite, le chemin devient sentier, le buis se resserrant sur nous. On fera attention à un barbelé en travers... Plus loin on arrive en amont du même ruisseau, que le chemin traverse puis remonte un peu de l'autre côté. A nouveau on peut repérer des murgers, et pour une fois les cailloux ne sont pas tous en tas, il en reste au sol !
Revenant au Y (toujours en faisant attention au barbellé), le sentier monte légèrement et bientôt on longera le chemin actuel. Quand ça deviendra trop broussailleux, inutile de persévérer, il vaut mieux escalader le talus et revenir sur le chemin forestier.
On arrive rapidement à Terre Verte, là où le vieux sentier aboutissait aussi. On ne peut pas se tromper, cet endroit est la seule prairie rectangulaire des environs. Terre Verte tire son nom d'une terre argileuse de couleur légèrement verte, et certains se souviennent y avoir joué dans leur enfance, pour en extraire de la pâte à modeler, sans dépenser un sou. En 1896, des hommes d'affaire du Jura (Famille Scey) avaient cru avoir trouvé là un filon et demandèrent l'exploitation du phosphate se trouvant en ces lieux. Un contrat fut signé avec les Genolin, sans suite, pas rentable !
Trouver la suite du chemin ne se devine pas. Il faut traverser la prairie et aller au fond à droite. Entré dans le fourré, on retrouvera alors le chemin qui démarre encaissé, bordé de gros sapins aux branches sèches. Bientôt le chemin devient plus plat. Si besoin est, on se rassurera en regardant à cent mètres à droite en contrebas : à travers les arbres on distingue parfois le chemin forestier actuel aux cailloux blancs. A gauche est une petite clairière dont la roche affleure et n'a pas permis aux arbres d'y enfoncer des racines !
Il faut avancer encore un peu pour avoir la récompense de découvrir sur 170 mètres environ un mur de soutènement encore en très bon état sur tout le bord gauche ! Et au bout de 90 mètres de ce mur commence une prairie bien pentue, mais qui vaut que l'on y grimpe pour admirer le paysage dominant Montanges et l'entrée de Champfromier. A l'inverse, si l'on descend à droite, c'est le lit torrentueux du ruisseau des Charrières qui se trouve à nos pieds.
Sorti du bois, par temps sec il faut faire attention où l'on met les pieds à travers les herbes, car de nombreuses résurgences du ruisseau des Charrières ont ici raviné le sol... On arrive vite à la ruine de la grange Genolin-Félix du Riret, dont subsiste encore un encadrement en pierre de taille d'une double porte qui n'est pas encore tombé (mai 2013).
Après la ruine, le chemin se divise ensuite en deux, suivant que l'on veuille continuer tout droit vers les Folies, ou bifurquer à droite vers les granges du Solier. Nous prendrons l'option du retour par la droite, dix mètres environ après avoir dépassé la maison, par une courte liaison (peu visible) placée perpendiculairement au chemin forestier actuel, lequel, de toutes façons il faut rejoindre. On peut observer que l'ancienne sortie traverse le chemin actuel et poursuit sa montée vers les Solier, mais c'est une autre promenade. Pour cette fois, retour au départ par le plus confortable chemin forestier actuel qui redescend jusqu'à Monnetier-Crêt.
Une option peut encore se prendre sur la gauche (juste après pancarte de parcelle 17) du grand virage à droite, avec le charmant "sentier de communaux" qui arrive près de la ferme de la Serraz, sur la route qui permet de rejoindre ensuite Monnetier.
Au lieu de revenir tout de suite, comme on l'a vu, on peut traverser le chemin forestier actuel, et retrouver aussitôt l'ancien chemin montant aux Soliers. Il monte tout droit, d'une bonne pente et bien encaissé. Il ressort assez vite sur le chemin carrossable, à 100 mètres environ avant le virage à gauche du chemin forestier, virage d'où part à droite le chemin qui va vers les deux ruines du Solier du Haut et du Solier du Bas, chacune au bout d'une bifucartion en Y.
Etant à la ruine du Riret Genolin-Félix, on peut aussi préférer continuer tout droit dans les herbes en direction des Folies. A gauche de la seconde prairie apparaîtra au fond le seul bâtiment du Riret qui n'est pas en ruine (Riret Ducret, reconstruit après la grange incendiée à la fin de la guerre). Poursuivant toujours tout droit on s'apercevra que le chemin qui continuait vers le Crêt du Genou et les Folies est un peu plus à mi-pente. En pratique, étant au Riret Genolin, il est donc préférable de rejoindre la route forestière et de poursuivre tout droit dans le virage en épingle à droite. Bien vite on trouvera un Y donnant accès à deux chemins. On prendra celui de droite, un peu plus haut à mi-pente (mais au-dessous de la route forestière actuelle). Bien marqué, il disparaît toutefois totalement à l'approche d'un puissant éperon rocheux, qui s'effrite chaque hiver en gros blocs qui se déversent dans la pente. Après ce pierrier on retrouvera le chemin qui se dirige à gauche après être passé sous un jeune arbre qui barre la route au-dessus de notre tête. Le chemin semble ensuite disparaître, mais c'est seulement que de jeunes arbrisseaux ont pris possession des lieux. En s'approchant on découvrira bel et bien l'existence d'un sentier, puis d'un chemin très fortement encaissé (jusqu'à 3 mètres des deux côtés). On arrive enfin à une centaine de mètres d'une dérivation à gauche de la route forestière. Notre vieux chemin traverse et rejoint un peu plus haut la route forestière. Par contre si l'on avait suivi à gauche cette dérivation on serait arrivé à un gué permettant d'aller vers la Provenchère.
Au départ, peu après le virage en épingle au-dessus du Riret, on aurait pu prendre le chemin du bas au premier Y. Il disparaît lui aussi au niveau de l'éperon rocheux, le mieux est alors de suivre la voie encaissée dont on ne sait plus si c'est un chemin ou bien un lit d'écoulement des eaux de pluies, mais au final ce chemin rejoindra celui du Y du haut, peu avant l'arrivée. On peut donc prendre l'un à la montée, et l'autre à la descente !
Ce sentier des Folies a été débroussaillé par PHC en mai 2013, et cette première promenade inédite effectuée le 18 mai 2013.
Publication : Ghislain Lancel ; Crédit photographique : Ghislain Lancel (Automne 19/10/2012).
Première publication le 19 mai 2013. Dernière mise à jour de cette page, idem.