Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
La carte IGN de Bellegarde-sur-Valserine, Ain (3330 OT) mentionne un peu en amont du Pont des Oules, la grotte de Bramabœuf, sur la rive droite de la Valserine ! Celle-ci, que des ingénieurs du Chemin de fer de Lyon à Genève, croyaient avoir découverte, était en réalité déjà connue. L'hebdomadaire L'Abeille se chargea d'alimenter largement le sujet dès le mois de mai 1854, produisant même une Complainte de la Grotte de Bramabœuf !
Bramabœuf, explorée à nouveau ces dernières décennies, n'a pas fini de nous surprendre !
Le premier siphon de Bramabœuf est dit "suspendu". C'est dire qu'il se trouve à une hauteur de 7 à 8 mètres au-dessus d’un petit plan d’eau jamais à sec pour être continuellement alimenté par un petit ruisseau. Ce lac n'est franchissable qu'en le vidant au moyen d'une pompe ou par gravitation. Si l'on parvient à franchir ce petit plan d'eau, on arrive dans une alcôve, où tombe une cascade, et nous retrouvons là le petit ruisseau qui, après avoir alimenté le siphon, réapparaît en s'infiltrant au fond de celui-ci.
Un beau jour Michel Neyroud, Gilbert Marmillon et Thierry Tournier décident d'aller élargir la fissure d'où sort la cascade, pour assécher définitivement le siphon : nous installons tout le matériel adéquat pour cette opération, tirons une ligne électrique sur une cinquantaine de mètres puis branchons les deux fils au bornes d’une pile plate...
Boum !!! le tir a réussi, le souffle s'est bien fait sentir... Nous attendons que les gaz s'échappent puis pénétrons à nouveau dans la grotte pour voir les résultats. Et alors que nous venons de franchir un passage bas, un bruit sourd se fait entendre. Ce ne peut être que celui de la crue provoquée par la vidange soudaine du siphon ! Pris de panique, nous faisons demi-tour au pas de course, sachant que notre fuite va être ralentie par le passage bas. La vague de crue va nous rattraper, aussi nous fonçons jusqu’à la sortie à quatre pattes, sans jamais nous retourner !
Nous attendons un peu, mais, l’eau en furie ne sort pas ! Et c’est pris d’un fou rire collectif que nous réalisons que le bruit survenu était… celui du train passant au même instant sur la voie ferrée située juste au-dessus de nous : une nouvelle brame, en quelque sorte, à ajouter à ceux effrayants de "Bramabœuf" !
Nous retournons néanmoins dans la grotte pour voir le fruit de notre travail : la cascade n’a changé en rien ! Toutefois l’alcôve s’est transformée en un splendide écrin argenté. Et effet, le Titagel, produit que nous avons utilisé, n’avait que partiellement explosé et son composant argenté avait recouvert les parois de la petite galerie…
Publication : Ghislain Lancel. Remerciements : Thierry Tournier.
Première publication le 1er mars 2017. Dernière mise à jour de cette page, idem.