Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
L'homme, le Pèrachu (mais aussi Perrachu, fromage de Chézery, le tout provenant probablement de l'ancien lieu-dit Au Perrassu de Noirecombe, cité en 1597), de son vrai nom André Prost, habitait au lieu-dit Champ-Court (Champcourt), l'actuelle maison restaurée à gauche de la route au niveau du Rafour de Chézery en allant vers Lélex. Les histoires croustillantes ou humoristiques du Perrachu, sa gouaille, ses farces, sont innombrables. Elles ont largement débordé les limites de sa commune de Chézery, et sont encore reprises par tout un chacun des blagueurs, un vrai patrimoine oral !
Les câbles de Champcourt. Il n'y a pas si longtemps que des câbles reliant Champcourt au hameau surélevé de Noirecombe étaient encore visibles. Quel en était leur usage ? Tout simplement d'acheminer le lait des vaches de Noirecombe à Chézery, du moins à l'extrémité nord du village, la laiterie étant au sud du village (à l'emplacement de l'actuelle boulangerie). Le système était si sécurisé qu'on pouvait même y monter à trois personnes !
Le Perrachu n'existerait pas s'il n'avait berné des Allemands. Durant la Seconde guerre mondiale, Chézery fut coupé en deux, le bourg étant en zone occupée tandis que de l'autre côté de la Valserine, pour ses hameaux de Forens ou Noirecombe, c'était la Zone Libre ! Les gens d'un même village, les résistants, ont évidemment toujours besoin de communiquer entre eux, mais comment faire, dans ce cas ? Le Perrachu avait trouvé l'astuce en attachant les paquets de lettres sous les bouilles à lait qui faisaient l'aller-retour avec la "tyrolienne" (comme on disait pour les câbles). Ainsi montait et descendait chaque jour le courrier !
Mais un jour les allemands arrivèrent chez lui... Avaient-ils découvert sont stratagème ? Ou est-ce lui qui avait été dénoncé ? Perrachu vit sa dernière heure arrivée. Néanmoins, il tenta de faire diversion et, à grand renfort de gestes spectaculaires, multipliant les rires agrémentant ses explications probablement incomprises..., il vanta aux allemands les mérites de son invention et il les invita même à appuyer sur le bouton, pour faire monter les bouilles !
Ce fut ainsi la première fois que les allemands expédièrent eux-mêmes du courrier aux résistants ! Et le Perrachu de rire encore plus fort...
Publication : Ghislain Lancel. Remerciements : Mme Marcelle Jacquinod-Carry de Chézery (photos) ; Jean-Louis Ducret.
Première publication le 16 novembre 2016. Dernière mise à jour de cette page, le 28/02/19.