Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Empruntons à Alain Mélo ce témoignage sur les premières mentions d'activités horlogers à Chézery. "Dès 1680, les marchands horlogers de la Fabrique genevoise, cherchant une main d'œuvre moins couteuse que les ouvriers de la ville, déjà organisés pour défendre le prix de leur travail, démarchèrent les habitants de Chézery pour travailler à façon pendant les mois d'hiver. Chaque automne, de nombreux habitants du val de Chézery passaient le Col du Gralet pour aller chercher les ébauches à Genève et les rapporter chez eux. Ils façonnaient les pièces tout l'hiver sur leur petit établi disposé devant une des fenêtres du poêle (pièce voisine de la cuisine). Au printemps, ils repartaient, la hotte chargée, en groupes de quelques amis ou voisins, montaient le col, descendaient par St-Jean (de Gonville) et livraient le travail fini avant de rentrer au pays attaquer la saison agricole. Ainsi se rappelait en 1757 Roland Verchère qui, depuis plus de 50 ans, passaient par le chemin du Gralet pour aller à Genève."
Au XVIIIe siècle, certains de leurs descendants sont devenus de vrais horlogers de Chézery, et parfois même passent des contrats avec des apprentis.
Alexis Blanc est le fils de François Blanc de la Bossonas (Chézery) et de Guillaumaz Gros Burdet. Il est né le 7 mars 1694, ne pas le confondre avec Alexis Blanc son neveu dont il a été le parrain, né le 21 septembre 1718 fils de François Blanc et de Marie-Françoise Mathieu des Bouchoux. Alexis est d’abord maître maréchal ayant exercé un certain temps à Vanchy. En 1753 habitant à nouveau la Bossonas, il est syndic et accepte la charge d’exacteur de la taille pour l’année courante. Par son testament du 5 janvier 1754 Alexis Blanc ordonnera à Claude-François son fils, qu’il rachète les meubles et ses outils d’horloger et qu’il apprenne à son frère Pierre-François le métier d’horloger pendant trois ans sans aucune récompense.
Transcription de l'acte d'apprentissage d'horloger par Claude-François Blanc, chez Joseph Moine, Maître horloger : "L’an 1749, le second de décembre à onze heures du matin au lieu de Chézery, dans la tour ronde située au dit lieu, par devant notaire royal collégié soussigné, en présence des témoins bas nommés, furent présents : Joseph, fils émancipé d’autre Joseph Moine, Maître horloger, natif et habitant du dit Chézery d’une part, et Alexis, fils à feu François Blanc de la Bossonas, natif et habitant du même lieu, d’autre part, lesquelles parties ont fait les conventions suivantes, savoir que le dit Alexis Blanc remet au dit [Joseph] Moine, Claude-François [Blanc] son fils ici présent et acceptant, pour et par le dit Moine lui apprendre la profession d’horloger et lui montrer sans rien lui cacher tout ce qui concerne la dite profession, durant l’espace de deux années et sept mois déjà commencé au premier mai dernier. Le dit Moine promet nourrir, chauffer, donner le lit audit Claude François Blanc et celui-ci de travailler de tout son pouvoir au profit du dit Moine et lui obéir en tout ce qui concerne la dite profession, d’être assidu et de ne point s’absenter sans la permission du dit Moine son maître, de faire tout ce qui regarde un apprenti et même dans le cas où il ferait quelques longues maladies de finir son temps après les deux ans et sept mois, le présent apprentissage accordé moyennant le prix de 175 livres de Savoye que le dit Alexis Blanc promet et s’oblige de payer au dit Moine dans un an, à peine de tous dépens, dommages et intérêts, d’accord entre les dites parties qui ont promis d’observer le contenu au présent [contrat].
Fait en la présence de Roland à feu Joseph Juliard et de Jean-Baptiste Durafour du dit Chézery, témoins requis. Joseph Moine et Alexis Blanc ont signé ma minute avec ledit Claude François Blanc et non les témoins illettrés." [AD 74, 6 C 706, f° 259 (Insinuation Me Rendu, vue 545/644)].
On relève au testament d'Alexis Blanc, le 5 janvier 1754, la volonté que Pierre-François Blanc, fils cadet d'Alexis Blanc (demeurant à la Bossonnaz) recevra de ses deux frères aînés la somme de 52 livres 10 sols de Savoie "pour lui acheter les meubles et outils qui lui seront nécessaires pour travailler de la profession d'horloger" [AD74, 6 C 711, f° 27 notaire Rendu (vue 54/834)].
Notons que le 16 septembre 1754, honorable François Blanc, fils à feu Alexis, est déjà devenu Maître horloger à son tour, et il accorde un contrat avec Marie Blanc fille de feu Joseph Blanc et veuve de Claude-François Mathieu pour faire apprendre à son fils Joseph-Antoine Mathieu le métier d’horloger pendant deux ans moyennant la somme de deux cent une livres et cinq sols. [AD 74, 6C711, f° 311 (Insinuation Me Rendu, vue 625/834)].
Publication : Ghislain Lancel. Remerciements : Claude Blanc ; A.Melo, Au Gralet, p. 23.
Première publication le 24 avril 2019. dernière mise à jour de cette page, idem.