Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL
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La verrerie du Manant à Chézery (vers 1746-1750)

 

Au XVIIIsiècle, Chézery compta trois verreries, dont l'une au Manant (sentier de Noire Combe à la Borne au Lion), une autre dite des Etrets, sur le Nant Sec, après le Petit Mannet, et la troisième rive gauche de la Valserine (au Crêt d'en Haut). Cette dernière fut assez renommée puisque dès 1771, Voltaire y avait acheté "300 bouteilles, des verres, des sceaux et des pots à fleurs", achats faits à M. Rerly, verrier de Chézery [Chézery, Histoire (web)].

De nos jours, au sol de la première citée, on peut encore trouver des débris de verre ou de pâtes de verre, et surtout de morceaux de creusets recouverts de couches de restes des verres fondus colorés qu'ils contenaient. Les creusets, plus ou moins épais, étaient des récipients en céramique qui devaient être remplacés très souvent.

 

Verrerie
Morceaux de verroteries, de pâtes et de creusets provenant du Manant

 

On pourra s'étonner de trouver une verrerie en cet endroit reculé de la forêt. Mais c'est justement parce que le bois y était abondant que la verrerie s'installa en ce lieu, près d'un ruisseau. Elle utilisait, précise-t-on dans le site web municipal, des sables siliceux qui apparaissent par endroit.

On trouve une note de résumé : "Melchior (Schmid) et ses enfants, arrivés en 1746 à la verrerie de Manans, n’y restent que quatre ans, attirés qu’ils sont par le Seigneur de Disonche, Centaure de Regard, pour créer une nouvelle verrerie sur la commune de Villaz en Haute-Savoie." [Source perdue].

 

Généalogie locale Schmidt (Chézery)

Les baptêmes de Chézery permettent d'attester que Melchior Schmith, maître verrier de Chézery, avait eu deux fils, l'un Alexis, aussi maître (verrier, époux Marie Durafour-Gougain), et Joseph (époux Madeleine Favre). D'autre noms sont cités, comme Claude-Pierre Schmith

Le second de janvier 1749 est née sur les neuf heures du soir et le lendemain a été baptisée Marie fille de D’Alexis Schmith maitre verrier et de Marie Durafour sa femme. A été parrain le Sr Melchior Schmith père du dit Alexis et marraine Marie Durafour femme de Claude Gros Burdet, ainsi est. [Signé : J Bozon prêtre] (En ligne, vue 43/47).

Notons que le 8 janvier 1749, un enfant de Christophe Chavin, "coupeur de bois à la verrerie de la paroisse des Ourses (Ouddes ?)", naît et meurt une demi-heure plus tard (inhumé à la place des étrangers), étant baptisé à la maison par "Sr. C. Louis Schemitts Philosophe" [Reg. sépultures, f° 209v].

Le 3 de février 1750 est né sur les sept heures du matin à la verrerie et le lendemain a été baptisé Balthazar fils de Christofe Chavin-Cler et de Marie Thérèse Lamy sa femme. Le parrain a été Sr Melchior Schmith maitre verrier et marraine Marie Anne Joux femme de Claude-Pierre Schmith aussi verrier, ainsi est. [Signé : J Bozon prêtre] (En ligne, vue 1/48).

Le 12 mai 1750 est né et le lendemain a été baptisé Melchior fils de Joseph Schmith et de Magdeleine Favre sa femme. Le parrain a été Melchior Schmith maitre verrier père du dit Joseph et marraine Marie Savaz, ainsi est. [Signé : J Bozon prêtre] (En ligne, vue 2/48).

Notons que le 28 septembre 1750, Jean Gaselin de Salin (39110 Salins les Bains), décède à la verrerie de Chézery, âgé de 50 ans [Reg. sépultures, f° 214].

Le 4 octobre 1750 est né à la verrerie et le même jour a été baptisé Joseph fils de Sr Alexis Schmith maitre verrier et de Marie Durafour-Gougain sa femme. Le parrain a été Joseph Gros Burdet cabaretier et marraine Marion [sic], ainsi est. [Signé : J Bozon prêtre] (En ligne, vue 3/48). Il meurt à Disonche le 11 février 1751.

 

A voir aussi : B. Guyot, Les Duraffour, tome 1, pp. 32-34 (Quand l'histoire des Duraffour croise une grande famille de verriers), dont la photo d'un verre conservé au musée de PHC (p. 34).

Compléments, tiré de l'ouvrage d'Hannezo (1921)

"Sur l'emplacement abandonné, on a découvert des morceaux de verre assez fin, vases, amphores, etc. ; il en reste quelques exemplaires chez M. Coutty (Coutier) de La Rivière, et M. Voyat (Vuaillat), du Nant Sec (p. 129).

Compléments, tirés de l'ouvrage de Guy-Jean Michel, Verriers et verreries en Franche-Comté au XVIIIsiècle (1989)

Les communautés de Belleydoux et d'Echallon (Ain) avaient envisagé en 1747 l'établissement d'une verrerie "sous la fin d'Orvaz", avec un prélèvement par le prieuré de Nantua d'un tiers du canon annuel, sorte de cens (p. 118).

Les verreries s'établissaient près de massifs forestiers. "Quittant la Chapelle-des-Bois, Melchior Schmid et ses enfants (ses fils) établirent une verrerie sur la paroisse de Chézery, sous le Crêt de Chalame, au fond du vallon des Etrets, entre les granges des Ramas et du nant-Sec. Ils y trouvaient, outre les coupes de bois, un filon de sable fin (Hannezo, p. 129). Ils y arrivèrent probablement dans le second semestre de 1746. Ils n'y restèrent que jusqu'en fin 1750, laissant apparemment à d'autres verriers le soin de poursuivre l'exploitation des coupes et la production de gobeleterie jusque vers 1770 (il y a à Magras, territoire de Chesery dans le Haut-Bugey, une verrerie à laquelle le projet de Bataillard à Vaucluse peut porter préjudice [AD39, C146, 19/01/1781])". Puis, arrivé à Disonche en Savoie, ils commencent à produire des bouteilles, et de la vitre dès décembre 1751. "Ses vitres surpassent en blancheur celles qui se faisaient ci-devant à Chézery, mais sont quand même moins belles que celles d'Allemagne" (p. 506 et notes p. 530).

Compléments tirés de l'ouvrage de Ghislain Lancel, L'abbaye de Chézery (2020)

Voir à la deuxième verrerie de Chézery, celle du Nant-Sec.

 

Publication : Ghislain Lancel. Cliché : G. Lancel (17/12/15). Remerciements : Michel Blanc, Claude Blanc (Wegscheid) pour la généalogie.

Projet du 25/12/2005. Première publication le 13 septembre 2017. Dernière mise à jour de cette page, 6 février 2021.

 
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