Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
En contrebas du Pont d'Enfer, rive gauche de la Volferine, une borne vient de retrouver sa place.
Le barrage de l'ancien moulin communal a été construit vers 1910 par l'entreprise Hanrioud de St-Germain-de-Joux. Une borne aux initiales R.H., placée en aval du barrage, de nos jours sur un rocher, rappelle les travaux.
RH pourraient être les initiales de Raymond Hanrioud, fils de Louis Hanrioud entrepreneur en maçonnerie de St-Germain-de-Joux. Aucun autre membre de cette famille ne porte ces initiales (sauf une fille, Rose Hanrioud, née en 1891). Mais Raymond est né en 1909... L’explication de ces initiales gravées, alors qu’il n’avait qu’un an, pourrait être que l’on fêtait la naissance du premier enfant mais aussi de l’héritier de l’entreprise. Son père Louis avait aussi été l’aîné de sa fratrie, suivi de 5 sœurs et d’un petit frère décédé à 2 ans de la diphtérie. Il fallait assurer la pérennité de l’entreprise, donc avoir un héritier. La présence de cette borne aux initiales RH ne serait donc que l’expression de la grande joie du père et du grand-père, témoignant ainsi de la succession enfin assurée pour l'entreprise familiale Hanrioud, entrepreneurs de bâtiments de père en fils depuis leur arrivée en provenance de la région de Taninges en Haute Savoie. Plus tard, durant la Seconde guerre mondiale, Raymond fut le Commandant de la section de l’Armée Secrète de St-Germain-de-Joux. Entrepreneur en bâtiments comme son père, il avait affrété ses camions à la récupération des parachutages américains sur la plaine d’Echallon. Le 8 août 1945, après le repli des troupes allemandes vers Les Rousses, troupes qu’il avait poursuivies et combattues, il en adressa un rapport à son Supérieur Commandant la section de l’Ain, rapport publié page 65 de l'ouvrage Cristal 4 (édition de 1984).
Mais il est bien plus vraisemblable, comme aux ruines d'un moulin près d'Ambérieu, et au seuil de prise d'eau d'irrigation à Maillat, que les initiales RH signifient "Repère Hydraulique", matérialisant le niveau légal fixé dans un règlement d'eau. Sa présence en aval du barrage, bien visible et devant émerger de l'eau, donnait un repère à ne pas dépasser par rapport aux utilisateurs d'amont (scierie Ducret) [Jean Game, AMA].
Le moulin a été mis en route en 1912 et s'est arrêté en 1963. Il fonctionna d'abord avec l'énergie hydraulique et transmission par télémécanique, avant que l'énergie électrique ne s'impose irrémédiablement. Le barrage, encore en place, permettait de constituer une réserve d'eau qui était canalisée par une conduite forcée (encore visible en quelques endroits), rive gauche. Elle descendait jusqu'à une turbine positionnée 250 mètres plus bas dans la vallée de la Volferine (le bâtiment, délabré, existe encore). Une cheminée anti coup de bélier (tuyau de décompression) est également encore visible non loin de la borne.
La passerelle positionnée sur le barrage fut endommagée par un gros arbre qui était tombé dessus, suite à un coup de vent qui l'avait déraciné en 2009.
La borne avait été jetée dans l'eau de la rivière à la fin des années 1990. Elle fut récupérée en 2008 par quatre personnes (P.P., R.R., J-P.V. et C.A.) et alors déposée dans un endroit à l'abri. Cette borne a été réinstallée à sa place d'origine en septembre 2016, avec l'espoir qu'elle y reste très longtemps...
Publication : Ghislain Lancel, avec remerciements à Christian Autrand, initiateur de cette page, Françoise Coutier (Infos Hanrioud), Jean Game.
Première publication le 27 septembre 2016. Dernière mise à jour de cette page, le 09/06/20.