Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Le Poids public

 

Voulez-vous vendre ou acheter une charrette de foin ou de bois, et en connaître précisément le poids ? Rien de plus simple, il suffit de passer au Poids public du Pont d'Enfer de Champfromier, prendre le poids en charge puis à vide, et de faire la soustraction ! Dans les derniers temps, on pouvait même s'éviter un passage puisque le poids à vide était marqué sur la plaque de la remorque.


Remorque de foin à peser sur le Poids public de Champfromier

 

La construction (1906-1908)

C'est le 27 mai 1906 que le conseil municipal "décide la construction d'un Poids public à Pont d'Enfer et autorise M. le maire (Marius Ducret) à faire dresser les plan et devis" [RD13, f° 156]. Le 11 août 1907, le conseil désigné M. Tournier architecte pour dresser ces plan et devis [RD13, f° 165]. Le 24 novembre de la même année, en considérant l'urgente nécessité, vote un montant de 1632 francs pour sa construction sur le terrain communal, et approuve le traité passé avec M. Falcot, constructeur à Lyon [RD13, f° 167 et f° 167v]. La commune paye ensuite 1240 francs audit Falcot constructeur d'instruments de pesages (21 juin 1908) et 1008 francs à Emile Coudurier, entrepreneur desdits travaux (12 juillet) [RD13, f° 175v et f° 176v]. Finalement les dépenses, au nom d'Emile Coudurier montent à 1654,80 francs et à 202,60 francs pour M. Tournier architecte [RD13, f° 180 et f° 180v]. Le pavillon de protection (de la balance) ne sera construit que plus tard, puisque ce n'est que le 21 mai 1911 que le conseil approuve un solde de 165,50 francs en faveur de M. Emile Coudurier pour ces travaux et la réception définitive [RD13, f° 196].

A travers les délibérations municipales (jusqu'en 2003)

En 1934 le Poids public, désormais dit "Pont à bascule", doit être réparé. C'est le Contrôleur des Poids et Mesures qui en informe le maire, d'après un mémoire de René Enrouard de Bourg, le montant s'élevant à 1298,50 francs, lequel est voté [RD14, f° 326]. Le 22 août 1948 le conseil municipal fixe le montant de chaque pesée à 50 francs, avec tenue d'un carnet à souches dans le local, pour le contrôle et le versement de la recette [RD15, f° 79]. Et dès 1951, la personne qui s'occupe de faire fonctionner le Poids public recevra 25 francs par pesée [RD16, f° 23v].

En 1974, suite à un arrêté de 1961..., le Poids public est réglementé : Vu le décret du 12 juillet 1893 et l'arrêté du 13 décembre 1961, le conseil décide la nécessité de réglementer. Art.1 : Il est institué auprès de la commune une régie de recette pour l'encaissement des produits suivant : poids public, droit de pesage ; Art.2 : Le montant maximum de l'encaissement que le régisseur est autorisé à conserver est fixé à 200 francs. ; Art.3 : le régisseur doit verser la totalité des recettes (moins tous les frais) le 31 décembre de chaque année ; Art.4 : le régisseur sera désigné par le maire sur avis favorable du comptable ; Art.5 : le régisseur est dispensé de verser un cautionnement ; Art.6 : encaissements au moyen d'un registre à souche ; Art.7 : le maire et le comptable sont chargés de l'exécution de la présente délibération [RD18, f° 206]. En juin de la même année les tarifs sont actualisé : 4 francs la pesée, en accord avec les tarifs pratiqués dans la région et 50% de salaire au peseur ; la pesée sera en fonction à partir du 1er juillet 1974 [RD18, f° 211].

En 1978, un camion provoque des dégâts. le conseil contacte l'assurance [RD19, f° 40]. En 1980, le CM décide de le faire réparer et d'augmenter le prix de la pesée [RD19, f° 88]. Aussi en 1980, l'employé municipal est chargé de la réparation du plancher [RD19, f° 93]. En 1981, de nouveaux tarifs de pesage sont appliqué, de même en 1987 [RD19, f° 113 et RD20, f° 54].

En 1989 un enfoncement provoqué par un camion (entreprise Grossiord de Lélex) nécessite des réparations (enfoncement du tablier) [RD20, f° 160 et f° 187]. Un accord est trouvé avec l'assureur (17.067 francs) en juillet 1990 [RD20, f° 188].

Le Poids public n'étant plus utilisé depuis de nombreuses années, le conseil décide la clôture de la Régie de Recette à compter du 1er août 2003 [RD22, f° 178 (04/07/2003)].

PHC lourdement impacté par le Poids public

En 2008, la municipalité de Champfromier décide de publier un premier bulletin communal. Par hasard, Michèle Muttoni, journaliste, alors conseillère municipale et membre du comité de rédaction, découvre notre site et s'enthousiasme pour son contenu, et en particulier pour la page coquine sur Sous-Roche, de quoi réaliser un film ! Elle propose même un nom plus porteur au site : "Patrimoine et Histoire de Champfromier", site qui ne s'appelait encore que "Coup de cœur Champfromier". Nous retenons sa proposition et lui accordons aussi avec plaisir notre participation au futur bulletin. Aussi, pour bien présenter notre site (devenu PHC) et faire connaître Champfromier, nous ajoutons aussitôt une page sur une visite virtuelle de Champfromier, avec des photos de tout, la mairie, la boulangerie, Vival, la forêt en automne, et aussi... le Poids public. Malheur à nous qui ne savions pas que tout le monde n'était pas aussi favorable à notre association au comité de rédaction..., et n'avions pas non plus pris en considération que pour la mise en valeur de l'entrée de la nouvelle boulangerie, M. le Maire (M. de Souza) avait décidé la démolition du Poids public (plus exactement sa "déconstruction"). Incroyable, il me demande alors de supprimer cette photo du Poids public du diaporama de notre site ! Ayant déjà une longue expérience avec un site précédent à L'Etoile (Picardie), où jamais personne n'avait cherché à nous dicter ce que nous devions publier ou pas, nous refusons tout net (1). On devine la suite, un bulletin de 24 pages, entièrement consacré aux associations, et pas un mot, aucune ligne sur PHC ! Et de nouvelles embuches qui vont durer des années pour PHC (30 euros de subvention municipale quand bon nombre d'autres associations bénéficiaient de 1000 euros, conditions drastiques pour consulter les archives municipales, et même impossibilité d'avoir accès à celles de la cure, et bien d'autres tracasseries au cours des années, pour ne citer que celles qui sont publiables...) Au fil des années les relations ce sont néanmoins améliorées, jusqu'à devenir normales, sauf parfois quelques relents d'autorité mal placée (voir l'interdiction concernant la numérotation des tombes du cimetière) !

L'opposition de la population à la déconstruction fut aussi reprise par la presse (La Tribune), avec une photographie d'un drap posé dans la nuit sur le Poids public et portant la mention sans équivoque "Je veux rester ici".

 
On appréciera, entre autres (2coupure), que pour M. le Maire,
l'avis prépondérant d'une seule association qui s'est déjà prononcée (ce n'est évidemment pas la nôtre...) ,
et néanmoins de quelques autres personnes, suffise à le conforter dans son projet de démolition,
les autres ayant une opinion partisane !
( La Tribune, coupures des 3 et 10 avril 2008)

Cet article de presse ne fut pas plus apprécié et l'affaire failli aller très loin !

 

Heureusement le Poids public est toujours là pour agrémenter notre village et rappeler son souvenir à nos anciens.


Le poids public agrémente joliment notre village, sur fond de fenêtres en trompe l' œil !

 

Voici pour finir, quelques infos éparses.

Dès 1900, un projet de poids public avait été envisagé en même temps que celui du tram (page en préparation) ! Le poids public est visible en photo lors de la pose du goudron au Pont d'Enfer en 1937 et il est cité dans l'annuaire de 1939 (Poids maxi : 5 tonnes). Le dernier régisseur du Poids Public fut Michel Alcaraz, et il l'est encore !

On nous signale aussi l'adage suivant : "Le poids public de Champfromier est un problème de culture, ... même si c'est un problème lourd" Signé : René Char. Char René (1907-1988), fut un poète français surréaliste, ami de Dali et Picasso [Jean-Luc Vallet].

 

 

(1) C'est certainement à partir de ce moment que je fus fiché à la mairie, un fichier ensuite garni par mes propos sur mon opposition au projet de carrière et mes dossiers fournis au SUREAU à sa demande, mon fichier en mairie naturellement aussi alimenté par les jaloux de l'association Champfromier 2000... (G. L.)

 

Publication : Ghislain  Lancel. Crédit photographique : Jean Coudurier, Ghislain Lancel.

Première publication le 26 août 2016 (complément de rédaction commencée en 2008). Dernière mise à jour de cette page, idem.

 

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