Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Maquis, maison des Magras (1944)

 

La Maison du Bon Dieu, aux Magras, se trouve sur la commune de Chézery, en contrebas de la Borne au Lion en regardant le Crêt de Chalam. Durant le maquis, le four à pain fonctionna à plein temps, la famille n'y possédait plus qu'une pièce, et même le curé n'y pénétrait qu'avec un laissez-passer !

Le maquis et la mort de Marius Blanc

Le 17 juillet 1944, en pleine période de représailles allemandes, le curé de La Pesse, est appelé au chevet de Marius Blanc, dans la Maison du Bon Dieu. Mais le maquis est présent et surveille tous les accès aux environs ; toutes les fermes sont occupées, Malatrait, la Groue, les Ramblans, le Berbois, le Nerbier et la Spapreu.

Le curé obtiendra cependant un sauf-conduit pour se rendre en ces lieux. Il arrive à la ferme où on l’attendait. Mais il y règne une bruyante animation. Pour les gens du Maquis c'est l'effervescence de la fin de la guerre. "Hélas, note le curé dans son bulletin, Marius Blanc était déjà mort quand je pénétrai dans la chambre, la seule que la famille avait pu se réserver" [Claude Blanc].

Gaston, oncle maternel de la famille Sauthier, actuelle propriétaire de la maison, témoigne aussi :

"La Résistance, je ne l'ai connue que durant deux mois à cette ferme, j'avais alors environ 11 ans, certainement en l'année 1944. C’était en zone libre et il y avait alors 2.000 maquisards, en trois groupes. Ils avaient des cabanes dans la forêt. Les allemands venaient néanmoins et alors tout le monde courait se cacher. Le four de la maison fonctionnait 24 heures sur 24 pour cuire le pain des maquisards. Une fois, des officiels français sont venus discuter avec mes grands-parents. Je n’ai pas entendu ce qui s’est dit mais le lendemain arriva un énorme chargement de sacs de farine, qui remplit complètement la pièce du four. Peu après, suite à une alerte, tous les sacs furent emportés dans la forêt et mis à l’abri.

Près du muret de la "Forêt de Montanges", l’un des résistants y fut inhumé dans un cercueil en planche. La terre marque encore un creux à cet endroit, à 100 mètres à gauche du bâtiment commémoratif des maquisards. Peu après il fut emporté, probablement pour trouver sa place dans un vrai cimetière" [Souvenir recueillis par G. Lancel, en juillet 2011].

 

Publication : Ghislain Lancel. Remerciements : Claude Blanc (68290 Wegscheid) ; Thierry Sauthier et Gaston Malley.

Première publication, le 14 janvier 2018. Dernière mise à jour de cette page, idem.

 

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