Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Où se trouvait la boite aux lettres de Champfromier (1215 habitants) en 1847 et combien de lettres étaient distribuées en deux semaines ? Le facteur travaillait-il le dimanche ? Où était placée la boîte à lettre ?
Rappelons qu'à partir du premier avril 1830, l'Administration de la France avait fait installer une boîte aux lettres dans plus de 35.000 communes dépourvues de bureau de poste, et que des facteurs avaient été recrutés, généralement parmi les piétons, ancien nom des facteurs... Les distributions et recueils de courrier se faisaient tous les deux jours (puis chaque jour à partir de 1832, du moins suivant la loi...) Une Circonscription postale se composait alors d'un bureau de direction et de plusieurs bureaux de distributions qui en relevaient, chacun de ces bureaux étant au centre d'un regroupement de communes sans bureau de poste. Pour le courrier à distribuer, chaque commune ou boîte aux lettres comportait une marque postale (un tampon dit lettre-timbre) à usage du facteur, qui permettait d'apposer une lettre de l'alphabet (A, B, C...) correspondant chacune à un ordre de la tournée des communes du bureau postal. Le facteur disposait aussi, dans sa sacoche d'un tampon OR (Origine Rurale) qu'il apposait sur toute correspondance qui lui était remise en mains propres.
L'enquête postale de 1847 (archivée à la BNF en 343 volumes, dont cinq pages pour Champfromier, Ms. Fr. 9789, fol. 619r à 621r), relève le mouvement du courrier (nombres de correspondances ou imprimés reçus et expédiés) pendant 15 jours, la superficie de la commune et son éloignement du bureau de poste, l'emplacement des boites à lettres sur la commune, et une nomenclature des hameaux.
Champfromier relève du Bureau de Châtillon-de-Michaille, qui est alors aussi le chef-lieu du canton. L'enquête est réalisée sur une période de deux semaines, du lundi 15 novembre au dimanche 28 novembre 1847.
Un premier tableau statistique résume que durant cette période de 14 jours furent distribuées 49 lettres par le facteur, dont 13 locales (10 venant du même bureau et 3 des communes de l'arrondissement du bureau) et 36 extérieures, le tout moyennant 12,90 fr de taxes postales. S'y ajoutaient 16 journaux, 10 imprimés et 13 lettres ou paquets adressés aux fonctionnaires publics (le maire), soit 39 lettres, journaux ou paquets supplémentaires. Ce sont donc au total 88 correspondances diverses qui sont distribuées à Champfromier en deux semaines. Notons que des distributions sont faites tous les jours de la semaine, y compris les dimanches.
Dans le même temps, les correspondances recueillies dans la commune (lettres à expédier, extraites de la boîte à lettres, ou données au facteur dans le cours de sa tournée) furent de 12 lettres pour les bureaux extérieurs, 1 correspondance interne au bureau, 3 lettres pour l'arrondissement rural et 6 lettres ou paquets adressées à des fonctionnaires publics (soit un total de 22 lettres ou paquets expédiés).
Le deuxième tableau est celui des renseignements statistiques sur la commune : Champfromier se trouve à 8 km du bureau de poste (à Châtillon), totalise 1215 habitants dont 289 agglomérés au chef-lieu et 926 dispersés. La superficie est de 3214 hectares. Les produits du sol sont le bois et les pâturages. Les commerces sont ceux du bois de construction, des fromages et du charbon de bois. Les fonctionnaires résidents sont le maire et le lieutenant de brigade des douanes. Les noms des principaux habitants ou des plus imposés sont : Tournier André (maire), Ducrest Nicolas et De la Chapelle (propriétaire à la Combe d'Evuaz).
Le troisième tableau est celui de la situation de la boîte aux lettres :
La boite aux lettres de Champfromier est située sur la Grande route (actuelle Rue des Burgondes), à une extrémité (probablement près du Pont d'Enfer), en saillie sur une maison particulière, exposée à l'est.
Le quatrième tableau est la liste alphabétique des 43 localités de Champfromier ayant une appellation (42 lieux-dits sans compter le Chef-lieu qui n'est pas mentionné, mais qui compte pour 1 dans le total), avec pour chaque lieu, sa désignation (habitation, ferme, moulin, hameau), le nombre d'habitants et les nom et prénom du principal habitant ou plus imposé, ainsi que la distance au chef-lieu en kilomètres. Dans les désignations, les termes d'habitation et de ferme semblent distinguer les lieux d'un propriétaire exploitant de celui d'une grange tenue en fermage.
Ce devrait donc être une source précieuse, à croiser avec le premier recensement en 1843 (où très peu de précisions sont données en ce qui concerne les lieux-dits), et qui aurait du permettre de localiser avec beaucoup plus précisément les lieux d'habitats dans ce premier recensement. Malheureusement, très peu de données sont en concordance avec celles connues. En recopiant au propre la liste des lieux dans l'ordre alphabétique, il semble y avoir eu un décalage dans la liste des habitants, si toutefois elle était bien exacte, car des prénoms, et parfois des noms ne correspondent pas. Ainsi on ne connaît aucun Antoine Moine aux Iles, et André Tournier, donné pour Prégrevet avec 4 habitants, semble bien devoir être placé à la Chandelette, celle-ci attribué dans la statistique à un Louis Tournier avec 10 habitants...
Voici néanmoins la liste des 42 lieux-dits (habités) cités pour Champfromier en 1847 (non compris, le Chef-lieu) : Balme (Sous) ; Barbouillon (Au) ; Berny ; Bordaz (Le) ; Bucle aux Loups ; Chandellette ; Charnégouet ; Charrières (les) ; Chatey ; Chernaz (La) ; Collet (Le) ; Combe de Berny ; Combe d'Evuaz ; Combe Jean ; Communal ; Conjocle ; Croisonnier (Au) ; Diers (Le) ; Domplon (Au) ; Drugey (Au) ; Grand Poutet (Au) ; Iles (Aux) ; Malacombe ; Monnetier ; Moulin-Dernier (Le) ; Moutelet (Le) ; Nerbans (Sur) ; Poiset (Au) ; Pontachet (Le) ; Pont d'Enfer (Le) ; Prégrevet ; Prélong ; Prépeloup ; Prés (Sur les) ; Ramaz (Au) ; Réret (Au) ; Rochers (Sous les) ; Roches (Sur les) ; Sanges (Aux) ; Sapins (Aux) ; Serraz (Sur la) ; Souillet (Au).
Compléments : L’enquête postale de 1848, par le CRH (Centre de Recherches Historiques) ; Histoire postale du nord.
Publication : G. Lancel (Inédit). Source : BNF, Ms. Fr. 9789, fol. 619r à 621r. Remerciements BNF (achat PHC de la reproduction numérique des 5 pages)
Première publication le 13 octobre 2010. Dernière mise à jour de cette page, idem.