Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Histoire abrégée de Champfromier

 

Le terroir actuel de Champfromier a pris place rive droite de la Valserine, laquelle se jette dans le Rhône à Bellegarde sur Valserine. Cette rivière n'est limite naturelle de la commune qu'au Sud-Est du territoire. La ligne de crête passant au Crêt de Chalam complétant la délimitation avec Chézery. Les autres communes limitrophes de Champfromier sont La Pesse (Jura) au nord, Belleydoux, Giron et une infime partie de Saint-Germain-de-Joux à l'ouest, et Montanges au sud.

Géologiquement, le sol de Champfromier est presque exclusivement constitué de calcaire jurassique.

 

Préhistoire

Si l’homme fut présent au niveau de Champfromier aux temps préhistoriques les plus anciens, le dernier glacier du Jura en a emporté toutes traces... Une présence au mésolithique et au néolithique est présumée, mais sans preuves explicites à Champfromier.

Antiquité

Une occupation territoriale par les romains n’est pas non plus attestée. Un tombeau renfermant deux squelettes dits Burgondes fut mis au jour en 1891 non loin de l’église [Chanoine Joseph Tournier, Revue Gorini n° 39 (juillet 1913), pages 219-236].

Moyen-Age

La paroisse de Champfromier fut de tous temps englobée dans la Terre de Nantua (abbaye puis simple prieuré relevant de Cluny à partir de l’an 1100). Le seigneur de Champfromier était donc le prieur de Nantua et la (basse) justice s'exerçait à Montanges. Le pouvoir exercé par Nantua n'était pas écrasant à Champfromier. La haute justice relevait de Cluny, et donc du parlement de Paris. Il n'y avait pas de gibet à Champfromier, aucun four banal, pas ou plus de moulins banal (du moins après 1599). La paroisse comporta quatre villages : Champfromier chef-lieu, Monnetier (jadis Monestier, toponyme tendant à évoquer un monastère…), Communal et Giron-Devant (mais pas Giron-Derrière, rattaché à Echallon, relevant toutefois aussi de Nantua). Giron-Devant ne fut totalement détaché de Champfromier (pour les tailles) qu’à partir de la Révolution (et se regroupa alors avec Giron-Derrière pour créer la nouvelle commune de Giron).

La Combe d'Evuaz, partie la plus septentrionale de Champfromier et de la Terre de Nantua, n’a jamais constitué un village à part entière mais sa délimitation nord (aujourd’hui séparant les départements de l’Ain et du Jura, et même les régions d'Auvergne-Rhône-Alpes et de Franche-Comté) a fait l’objet de tractations innombrables depuis le XIIe siècle avec les arbitrages entre Nantua d’une part, et les abbayes de Chézery et de St-Oyen-de-Joux (Saint-Claude) d’autre part.

Champfromier avait été sous la domination de la Savoie durant deux siècles (de 1400 environ à 1601). De cette époque il ne reste plus pour témoignages que quelques élégants éléments d’architecture (linteaux à la Croix de Savoie) dans la plus vieille rue du village, la Rue de la Fruitière. En 1601, par le traité de Lyon, Champfromier devient définitivement française.

De nos jours, Champfromier (696 habitants en 2012, répartis sur 3240 ha) est une commune du canton de Bellegarde sur Valserine, arrondissement de Nantua.

Les premières mentions manuscrites attestant de Champfromier (diplôme de Charlemagne et donation d’Odon en 930) sont maintenant reconnues pour émaner de faux diplômes, et ce n’est donc qu’en 1275 (pouillé des décimes) que « Chamformier » est textuellement cité pour la première fois.

Sont-ce vraiment les hongres qui détruisirent Nantua (et l’hypothétique monastère de Monestier) vers 934/955 ? On évoque aussi les Sarrasins. Par contre il est admis que Champfromier fut ravagé par le Comte de Gex en 1230 (ou 1240), pillé pour le compte de l’abbaye de Chézery peu avant 1335, pillé encore en 1590 au passage des Genevois devenus protestants (épisode la Combe des Huguenots), atteint encore en vies humaines et maisons brûlées lors des picorées de 1634/46, avec représailles au fameux Pont d’Enfer.

Renaissance

Il fut encore question de limites territoriales après le traité de Lyon (1601) entre le Bugey devenu Français et la Bourgogne, pour preuve des bornes-frontières (1613) qui subsistent encore de nos jours.

Révolution

La Révolution porta un rude coup à Champfromier, commune rurale de basse montagne à l’habitat dispersé, créée sans aucune ressource (le bois n’était pas encore une filière commerciale). La cure fut vendue, l’église tomba en ruine à la suite de la dépose des cloches dont le bronze était utile à la Nation..., la forêt indivise fut pillée par absence de gestion autonome, les sévères exigences des révolutionnaires, très actifs au district de Nantua (Albitte), furent durement ressenties. Il fallu des décennies pour racheter la cure, reconstruire à très grands frais l’église et arriver enfin au partage de la forêt avec Giron. La population, très éparse, descendit vers le village puis partit vers d’autres horizons.

XIXe et XXe siècles

La population passa de 1360 habitants environ en 1806, à seulement 326 habitants en 1975, avant de remonter sous l’impulsion d’une création usine (MGI Coutier) à 606 habitants en 2006.

Publication Ghislain Lancel, inédit       

 

Cette synthèse de l'histoire de Champfromier a été reprise comme base de la rubrique Histoire, à la page Champfromier de Wikipédia. Par le même temps ont été proposés une photographie générale du village (clics successifs pour agrandir à volonté) et la correction d'une erreur persistante sur la borne classée Monument Historique, celle de la Bune et non la Borne au Lion, qui est sur Chézery (6 mars 2012).

Première édition de cette page, le 6 mars 2012. Dernière mise à jour, 8 mars 2012.

 

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