Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Chalam (Sommet et Domaine)

 

Chalam évoque essentiellement le Crêt de Chalam, sommet (1545 m) situé à la limite communale entre Champfromier et Chézery, mais ce crêt est à distinguer du Molard de Chalam, situé au nord du Crêt, lieu où la carte IGN signale encore une ruine. De nombreuses cartes postales (par exemple la CP 212) ont été publiées en souvenir de ce sommet. En voici une, peu connue.


Une carte postale rare du Crêt de Chalam (Coll. M. Blanc)

Chalam est aussi un vaste domaine de forêts et de pâturages (179,17 hectares) situé sur le territoire de Champfromier, mais abergé (mis en location perpétuelle) en 1439 par le prieur de Nantua, Humbert de Mareste, aux habitants de Montanges, paroisse où il avait son château. Ce domaine appartient encore à cette commune voisine.

Cette partie du territoire couvre des cantons dénommés Magras, le Ramble, Arête du Tamiset, Arête des Ponts, Ramas et Chalame. La forme globale est celle d'un losange de grand axe allant de la Borne au Lion jusqu'au nord de Sapelette, et de petit axe reliant les sommets du Tamiset et du Crêt de Chalam.

Voir l'historique du domaine, depuis l'abergement de 1439.

Plus ancienne dénomination

Mention "Molari dicto de Chalamo" en 1329 et 1340 [AD01, H53 (acte de 1329, ligne 6, repris dans l'acte suivant de juillet 1340)].

Bâtie savoyarde

L'existence d'une bâtie éphémère, construite par le Comte de Savoie en 1307/08, a été découverte récemment au sommet [P. Blanc, L'offensive savoyarde... (2013), p. 67, qui cite les Comptes de châtellenies, AD21, B 8742, 9580 et 10087] .

Etymologie

Préceltique *CALA "terre inculte" [Französisches Etymologisches Wörterbuch . Walther von Wartburg. Bonn, Bâle, Paris, 1922- (24 tomes, actualisé depuis 1924) 2, 1, 500]. Sommet dénudé.

Récapitulatif des amodiations de Chalam

En complément et résumé des amodiations de Chalam, citons :

1439 : Voir

1565 : Voir

1577. Bail à ferme à honorable Pierre Christin dit Jantet, originaire de Chaumont près de St-Claude, bourgeois de St-Claude et demeurant en la vaucommune de Mijoux. Il y avait ensuite eu contestation avec les habitants des Bouchoux, relative aux droits de pâture en la Combe au Clerc, au Remble, au Tissot et en la Combe au Nerbier, en 1584 [Guyot, Vaucommune de Mijoux, p. 102 (ref. AD21, B265)].

1634. Vente de fruits au Tamiset par le syndic de Montanges [AD01, 3E 17050b, f° 105 (13 septembre 1634)].

1636 : Voir

1669 : Guillaume Grenard [CI-10698], amodiateur de Chalamon, est en procès en 1669 [25B42 (15 9?bre 1669)].

1696 : François Blanc, granger de la montagne de Chalamoz, suivant contrat passé devant Me Vionnet le 15 mai 1695, y compris 90 livres 12 sols, cette somme employée aux réparations du couvert de l’église dudit lieu, pour des cla… (?) et voiturage de tavaillons communaux, au paiement des intérêts d’une année due aux Révérendes Dames religieuses de Nantua [3E3890, f° 60 (12 juin 1696)].

1700 à 1709 : Désiré Grenard [CI-9025], cultivateur de la Comba des Vuaz, demeurant presque toute sa vie à "Evuax" mais originaire de Chézery, est amodiataire de la montagne de Challamont, et en obtient quittances pour un terme en 1700 [3E 3892, f° 126v (16 octobre 1701)], pour deux termes en 1702, l'un de 180 livres, l'autre de la même somme plus deux quintaux de fromage, le bail ayant commencé en 1700 [3E 14278, f° 62 du 15 mai 1702 et f° 113 du 23 octobre 1702]. Mention que les habitants de Montanges veulent cacher que les revenus de Chalam ne sont estimés qu'à un total annuel de 400 livres pour ne pas payer leur dette à Champfromier de 1339 livres. Mention de la quittance de 180 livres, et deux quintaux de fromages pour le premier terme de la cense, devant Me François Perrin, le 16 octobre 170 [3E 3892, feuille volante insérée au f° 126v° (du 16 octobre 1701 !)]. Autre quittance par Désiré Grenard, avec paiement en avance du terme de mai 1705, pour un montant 180 livres et deux charges de tavaillons [3E14279 f°47 (5 mars 1705)]. Désiré Grenard, et Marie Coutier son épouse, sont grangiers de Chalam (mais demeurant en la grange du Sieur Claude Montanier, celle du Bief-Brun selon Mme Vandembeusche), moyennant 360 livres en espèces, 2 charges de tavaillons et 2 quintaux de fromage chaque année. Et ils en ont toutes les quittances en 1710, Marie Coutier étant alors veuve [AD01, 3E14280, (f° 122=22 du 4 mai 1710)]. L'inventaire après décès en 1709 chiffre même ces attestations au nombre de 46 quittances ! [3E3895 (13 juin 1709)].

1709 : Amodiation de Chalam donnée à Jean-Baptiste Gros-Burdet [CI-11627], de Chézery, habitant au lieu-dit des Merles, et Claude [9941], fils de feu Joseph Gros-Burdet, son neveu dudit Chézery, demeurant de présent en la Combe des Vuax, sauf si les héritiers Grenard voulaient poursuivre le bail précédent [AD01, 3E17442, du 3 novembre 1709]. Mais un état des loge et grange de Chalam et du Tamiset est effectué par des maîtres maçon et un charpentier, afin de témoigner de l'état des bâtiments au moment de la reprise du bail à cense [AD01, 3E17442 (3 juin 1710)].

1710 : Voir les Manusccrits 199, 206, 245 et autres (Fonds Delaville). Voir aussi les deux actes détaillés d'état puis de prix-fait des travaux de maçonnerie et de charpenterie pour les bâtiments de Chalam et du Tamizet, dont le granger de Chalam prend la charge [3E17442 (3 juin et 6 juillet 1710)].

1714. Une dette de 400 livres de tailles par les habitants de Montanges pour leur grange de Chalam, voit un projet d'acte (barré) envisageant une saisie sur Jean-Baptiste Gros-Burdet, leur granger... [3E17442 (Feuille volante barrée du 25 février 1714)].

1727. Amodiation d'une pièce de champéage, paquerage, montagne et arpage appelée La Combe du Tamiset, lieu-dit En Chalamond, avec une maison de bois sans aucune muraille, pour 9 ans, pour le prix de 85 livres et une charge de tavaillons chaque année, à Claude Gros dit Burdet [9941], de Chézery, demeurant en la Combe d'Evuaz [3E17443, f° 42].

1728. Roland [10702] Gros-Burdet accepte un prix-fait pour la construction d'un four à chaux et d'une cave à fromage à la grange de Chalamond, où il est granger, en janvier 1728 [3E17443, f° 96]. Granger de Chalamond, il paye 91 livres en décembre 1728 [3E17443, f° 403].

1729. Roland [10702] Gros-Burdet, Granger de Chalamond avec sa mère, fait payer par un cousin (Claude, de la Combe d'Evuaz) un terme (147 livres) en 1729 [3E17444, f° 337]. Et cette somme sera utilisée à payer le solde des arrérages des servis.

1730/33. Roland [10702], fils de feu Jean-Baptiste Gros-Burdet, granger en la Grange de Chalamonz, paye un terme (140 livres), puis un autre (140 livres) avec sa mère, Françoise Gros-Berthe, en 1730 [3E17445a, f° 204 et 280]. Le terme de la St-Jean-Baptiste (147 livres) est payé par les frères Roland et Joseph, en 1731 [3E17445b, f° 189] et celui de décembre 1731 (147 livres) par Roland [3E17445b, f° 280]. Roland est connu en tant que témoin pour le bail des biens du Sr Delaville (Pré Caillat) par Claude Gros-Burdet [3 E17447 (f° 4, le 6 janvier 1733)].

1733 : Délimitation complète du domaine de Chalam de la communauté de Montanges (plusieurs croix sur des rochers non loin du GR9 actuel, combes), maison de pierre à construire au Tamiset en remplacement de la loge en bois, deux cantons mis en réserve [3E17447, f° 173 (16 juin 1733)].

1736. Reprise du bail à ferme (295 livres, etc.), pour 9 années qui commenceront au 1er mai 1737, pour les frères Joseph [11576] et Claude [10993], fils de feu Jean-Baptiste Gros-Burdet de Chézery, passé par les habitants de Montanges [3E17448b, f° 234 (7 octobre 1736)]. Et le même jour, Claude [9941], fils de feu Joseph Gros-Burdet, prend à ferme le Tamiset [3E17448b, f° 239 (7 octobre 1736)].

1781 (15 septembre). Mention de la date du bail courant encore en 1789.

1789 (26 juillet). François et Pierre-Joseph, fermier rendus responsables par la communauté de Montanges de la coupe de 42 pieds d'arbres, tant sapin que fayard, durant l'hiver et l'absence des fermiers, payeront 200 livres plus des dépens [AD01, 3E 17482, f° 238].

1794. Adjudication du 21 fructidor an II (7 septembre 1794), faite au temple de Montanges, pour 6 ans à compter du premier floréal an IV (20 avril 1796), et remportée par Jean-Baptiste Delaville, pour un montant de 1 200 livres de rente annuelle. Notons qu'il est évident que ce dernier représentant mâle de la lignée des Delaville, ne s'est porté enchérisseur que dans l'idée de sous-amodier ce bail, peut-être à Claude-Joseph Berrod cultivateur à Montanges qui se rend caution solidaire. Interviennent diverses interdictions et devoirs, sans que l'on sache vraiment de quelle ressource principale le fermier pouvait espérer en tirer un quelconque bénéfice... [3E14323, f° 8604]. Compléments.

1858 (10 avril). Le chalet de Chalam (sinon du Tamiset) est détruit par un incendie. "Un chalet, propriété de la commune de Montanges, situé dans la forêt et sur l'un des versants du Crêt de Chalam, commune de Champfromier, vient d'être détruit par les flammes, ainsi que tout le mobilier et ustensiles qu'il contenait. Ce chalet est isolé de toute habitation. Le 10 courant, vers les 10 heures du matin, le sieur Follet, natif de la Pesse (Jura), qui en était locataire, était allé dans la forêt couper des morceaux de sapin pour façonner des tavaillons. Il n'avait pas eu la précaution, avant sa sortie, de retirer de près du poêle dans lequel il y avait du feu, des copeaux de sapin. Des étincelles échappées du fourneau enflammèrent sans doute les éclats de bois, qui communiquèrent l'incendie à tout le reste. Lorsque Follet revint de la forêt, le chalet n'était plus qu'un brasier. Aucun signal d'alarme n'avait pu être donné, aucun secours n'a pu être porté. La perte du corps du bâtiment est évaluée à 3000 francs, celle du mobilier à 120 francs." [L'Abeille, du 17/04/1858, p. 3].

Des compléments à développer sur l'étude de Challamoz...

L'étude des manuscrits inédits concernant ce domaine de Chalam appartenant aux Montangers peut faire l'objet de nombreux développements. On pourrait aborder les prétentions du sieur Delaville, "principal" habitant de Montanges, ruiné ainsi que son aïeul pour avoir supporté la plus grande charge du logement des gens de guerre, sur ce qui lui reviendrait des dettes des sieurs Mermet envers la communauté, ceux-ci possesseurs d'un tiers de la montagne de 1603 à 1634 (Mss 183 et 184) ; les comptes de la communauté vers 1653 (Mss 185, 186 et autres) ; la répartition des tailles entre Champfromier et Montanges vers 1711 (Mss 194 et suivants) ; les amodiations et affermages à partir de 1710 ; parfois même les sous-amodiations, comme en 1718 pour le Tamiset, pièce de terre et arpage, avec une maison en bois, pièce faisant le quart des biens de la communauté, affermée moyennant 95 livres et une charge de tavaillons chaque année (Mss 212 et 245) ; les dépenses communale et paroissiale de Montanges (recouvrir le clocher, réparer le pont du Tacon après les inondations, compter les chênes, ce qui concerne les cordons pour les cloches, les fromages, la réparation de la croix de procession, le port de la bannière, le soldat de métier de la paroisse en 1727, le dédommagement pour quatre jours de prison, etc.) le tout mis à déduire en acompte de la cense du granger Claude Gras (Mss 213, 214, 225, 229, 230-234, 239, 241), le bail à ferme de 1776 et les impayés (Mss 247, 248), l'ouverture (présumée après 1790) du chemin de Chalam par le Pré-Brun (Mss 254), etc.

     

 

 

Publication : Ghislain Lancel. Remerciements : Michel Blanc (carte postale Saintoyant).

Première publication le 21 juin 2017 . Dernière mise à jour de cette page, idem.

 

 


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