Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
La commune de Champfromier s'honore de posséder encore quatre bombardes festives, appelées boëtes, dont deux se trouvent encore à la Mairie dans la Salle des Conseils, les deux autres ayant été offertes à M. Jeanneret (Evuaz) par M. Maréchalat, ancien secrétaire de mairie du village.
En souvenirs d'anciennes festivistés, les boëtes municipales de Champfromier trônent encore sur la cheminée de la Salle des Conseils de la mairie.
Elles sont très lourdes, pesant 16,5 kg chacune ! Ces quatre boëtes furent spécifiquement coulées pour la commune ainsi qu'en témoigne les inscriptions : CHAMPFROMIER (tout autour du fût) et 1880 (sous la bouche de mise à feu).
M. Jeanneret rapporte qu'elles servaient à réveiller, très bruyamment, tout futur jeune marié, dès 4 heures du matin ! On les utilisaient pour les fêtes, et en particulier à Prébasson pour honorer et signaler l'arrivée imminente au cœur du village d'un visiteur de marque, préfet ou évêque. On peut lire aussi dans l'histoire du Pays de Gex (t. 2, p. 135) que ces boëtes, sorte de mortiers locaux, servaient surtout à faire du bruit lors des fêtes et cérémonies. Les cortèges des mariages se dirigeaient vers l'église au bruit des boëtes.
L'abbé Génolin raconte aussi que "Autrefois les nouveaux époux étaient salués d'abord à coup de fusils successifs ou simultanés ; puis quand les boîtes [boëtes] parurent, cette grosse artillerie détrôna la petite et les échos de la vallée retentirent de la grande voix qui annonçait l'heureux événement familial à tous les habitants. Depuis ces dernières années, tout s'est tu devant la voix plus solennelle et plus imposante encore qui résonne à la frontière" [Histoire de Champfromier (1918), p. 262]. En effet ces mortiers furent bien plus pacifiques que les bouches à feu de la Grande Guerre !
Il n'a pas été retrouvé la mention de la commande de ces boëtes datées de 1880 dans les registres des délibérations communales, mais le procès verbal des frais du 14 juillet 1880 (1161,50 francs !), outre les quatre banquets offerts à des groupes allant de 48 à 145 individus et la confection d'un Arc de triomphe illuminé, mentionne l'achat de 25 kg de poudre ! Nul doute que les boëtes firent feu plus d'une fois ! Celle de droite, sur la cheminée, semble d'ailleurs bien avoir été d'un usage fréquent !
D'autres canons festifs sont connus dans les environs (Chézery, St-Germain-de-Joux) et dans le département, comme ceux de Villebois (canton de Lagnieu), datés de 1882 et de formes bien plus arrondies.
Remerciements : Daniel Jeanneret, Christian Vallet et le secrétariat de mairie. Crédit photographique : G. lancel.
Première publication le 5 mars 2009. Dernière mise à jour de cette page le 6 décembre 2012.