Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Horloger [Inédit]

 

Activité reconnue dans le Jura, l'horlogerie se devait d'être présente à Champfromier et il est étonnant que les publications anciennes n'en fassent guère mention. Comblons cette lacune en signalant que cette profession d'horloger est attestée pour toute la seconde moitié du XVIIIe siècle à Champfromier. De nos jours plusieurs familles, implantées depuis de nombreuses générations dans ce village, trouvent d'ailleurs encore dans leur grenier d'anciens minuscules tournevis qui sont certainement des témoignages de cet ancien artisanat d'horloger. Cette activité qui a pris un développement considérable touchant presque toutes les familles de Champfromier (comme on le verra ci-dessous), ne connut toutefois son plein essor que l'espace d'une quarantaine d'années (de 1754 à 1783), à Monnetier (en particulier dans le groupe de maisons qui se trouvaient derrière l'ancienne fromagerie ainsi qu'au Châtelard) et à Champfromier bourg (au Pont d'Enfer et dans le haut de l'actuelle Rue de l'Eglise). Ensuite elle se limita à quelques individus avant de disparaître en 1936 (Louis Collet déménageant à Montanges). En plus de représentants de nombreuses familles de l'époque (Ducret, Famy, Genolin-Corré, Grisard, Martin, Mathieu, Rey-Grobellet, Tavernier, Tournier) on retrouve à leurs côtés ou en relation professionnelle avec eux, la présence de bien d'autres horlogers (Ballet, Dujoux, Dumont, Durafour, Famy, Mermillon, Pépin) exerçant dans des paroisses voisines (Chézery, Farges, Ferney, Nantua et autres lieux), et certains de ces Maîtres horlogers (Ballet, Dumont), furent probablement les formateurs ou du moins les motivateurs de nos horlogers de Champfromier.

  
Layette (malette) d'horloger (semblant provenir du Jura Suisse) et divers accessoires

 

C'est en 1740 que l'on relève la première mention d'horloger citée à Champfromier, mais elle ne concerne alors qu'un Sieur Famy de Chézery, horloger époux d'une Demoiselle Marie Houdot (Doudot), marraine à Champfromier de Marie-Françoise Famy (dont le père chirurgien à Champfromier avait épousé une Jeanne-Marie Cartier). A signaler que jusqu'à la Révolution, les actes notariés citeront de nombreux témoins de familles différentes, tous horlogers demeurant à Chézery.

Signalons aussi que dès 1747, un Sieur Anselme Durafour, Me horloger de Chézery sachant signer, était parrain à Champfromier d'une Jeanne-Marie Tavernier. Lors d'une quittance de 1780 concernant un horloger à Champfromier, sont alors témoins deux autres horlogers, Jean-Claude et François Durafourd, frères horlogers de Chézery [3E17079, p. 112]. En 1794 nait à Champfromier un enfant fils de Joseph-Marie Durafour, horloger natif des Bouchoux, sa mère étant une Grisard.

En 1749, Claude Tavernier [10570 (du Bordaz)], fils de Jean, horloger, est parrain d'un fils du Bornet maréchal (de Sous-les-Rochers, au Bordaz). Il est à nouveau parrain, mais dès lors sera dit Maitre horloger, en 1750, 1752, 1755 et 1769. Il est probablement l'un des champfromérands de souche à être horloger dans son village, et à faire des émules. Maitre horloger, il prend pour apprenti Claude Julliand-Humbert [CI-1753], fils d'un laboureur décédé de Champfromier avec un contrat d'apprentissage d'horloger de 3 ans et 3 mois (commencé au 1er juin 1755 pour 180 livres). Pour ce faire, il s'engage auprès de ce jeune de 19 ans, devant notaire, à lui "montrer et enseigner autant qui sera en son pouvoir la profession et métier d’horloger, lui fournir tous les outils, fournitures et matériaux nécessaires, le nourrir, le coucher, le blanchir et traiter doucement et humainement comme il appartient" [3E17462, f° 4 (acte de février 1756)]. On ne retrouve toutefois jamais que l'apprenti en a fait son métier... Roland Tavernier [1379], frère aîné de Claude, parrain, est dit horloger, en 1757.

Dès 1750, pour le baptême de ses enfants du second lit, Etienne Tournier [CI-778 (Branche Tavernier-Tournier)] est qualifié d'horloger, et même de Maître horloger à partir de 1753. En 1755 et 1756, horloger sachant signer "Tournier" avec un petit paraphe, il est témoin à l'occasion de deux mariages. En 1760, il est Me horloger présent au mariage de sa fille du premier lit. En 1765, horloger, il est enchérisseur lors d'une vente de meubles et effets [25B531, liasse 217]. Plus tard, il sera gratifié à plusieurs reprises du qualificatif honorifique de "Sieur Estienne Tournier, horloger" (en 1781 [25B531, liasse 207] et en 1784 [25B531, liasse 146]). Il est vrai qu'il décèdera âgé de 97 ans !

Voulant apprendre le métier d'horloger chez le nommé Anselme Durafourd, maître horloger de Chézery, Jean-François Bornet [10429], il emprunte, avec son demi-frère Aymé, 72 livres, en 1751 [3E17456a, f° 80]. On ne sait pas ce qu'il devient...

En 1753 Roland De Mont [CI-10843 (mais semblant natif de Farges), qui signe "R. Dumont"] est Maître horloger, parrain d'une fille Bornet maréchal du Bordaz. En 1754, Sr Roland Dumond, et Jean-François Ducret sont horlogers, tous deux de Monnetier et témoins sachant signer [3E17461, Testament, n° 294 (18 mai 1754)]. Le Sieur Roland Dumond, prend Jean-Joseph Juilland-Humbert-Prince [1984], âgé de 13 ans et demi et sachant signer, comme apprenti horloger pour 4 ans (sans qu'il soit signalé par la suite exerçant ce métier), moyennant principalement 100 livres en fin d'apprentissage, en 1756 [3E17462, f° 287]. Dumont et Ducret sont mentionnés tous deux aux états des âmes de la paroisse, étant en activité en 1774 et 1781, Roland Dumont semble alors occuper la maison Guillemot (à Monnetier). En 1780, on emprunte 100 livres au Sieur Roland Dumont, Me horloger de Monnetier [AD01, 3E17079, p. 27]. Roland Dumon, 66 ans, horloger, est encore présent au mariage d'un filleul en 1793.

En 1754 Jean-François Ducret [CI-1595 (Ducret-Besson, signant Ducrest, né en 1731, mort en 1815)] et Roland Dumond aussi horloger, tous deux de Monnetier, sont témoins qui signent (voir ci-dessus) [3E17461, Testament, n° 294 (18 mai 1754)]. Ledit Ducret est témoin horloger lors d'une vente aux enchères, en 1765 [25B531, liasse 217]. Ducret et Dumont sont mentionnés tous deux aux états des âmes de la paroisse, étant en activité en 1774 et 1781, mais l'ordre d'inscription à l'état laissant penser que Jean-François Ducret n'habitait plus alors à Monnetier mais à Champfromier, dans le haut de la rue de L'Eglise (Maison Broutin). En 1780 Jean-François Ducré [CI-1595], horloger de Champfromier est témoin [AD01, 3E17079, p. 13v°]. Signalons enfin qu'en 1753, un Joseph Ducret (faut-il lire Jean-François ?) était témoin d'un mariage Bornet/Julian dont la mère de l'épouse était une "Demont" d'Orvaz, peut-être aussi une écriture erronée de Dumond, qui serait alors de la famille du Roland horloger... Par ailleurs, on ne sait pas si la tradition de l'horlogerie se poursuivit avec la descendance de Jean-François, mais son fils cadet Jacques demeura pour un temps à Lyon, fut un généreux donateur, et surtout l'acheteur en 1840 à Mûres (Savoie) d'une propriété ayant appartenu à une congrégation religieuse... Avait-il fait fortune dans le négoce de l'horlogerie ?

En 1755, Joseph Rey-Grobellet [1555 (qui signe "joseph grobelett")], est Maître horloger, parrain. En 1759, horloger de Monnetier, il est témoin d'un décès. Mais à sa mort en 1773 l'on apprend, par un inventaire après décès, que Joseph Ray-Grobellet, décédé 22 mai 1773 (demeurant alors vraisemblablement derrière la fromagerie de Monnetier), était devenu laboureur ayant précédemment vendu tous ses outils d’horloger avant sa mort au Sieur Ballet, Maître horloger à Nantua, pour le prix de 40 livres [25B531, liasse 122]. Avait-il fait fortune, au point de devenir laboureur, où était-ce déjà le début de la fin de l'activité d'horloger peu rentable à Champfromier ? En tous cas, ses outils ne furent pas vendus à un horloger en devenir à Champfromier, mais à Nantua.

En 1762, Claude-François Grisard [CI-1835], se marie en étant horloger. Plus tard, il est dit Maître horloger (témoin d'un mariage en 1779). Il est encore donné pour horloger en 1793 lors du mariage de sa fille.

En 1762, un Jean-François Bornet [10544 ?], Maître horloger, est témoin à un mariage (Coudurier/Julian). Dit Sieur et Me horloger de Champfromier, il prend François Bornet-Marcoz [2006 ?] en apprentissage d'horloger pour 3 ans (180 livres) en 1763 [3E 17466, f° 41]. En 1765, il est "orloges" [sic] de Champfromier et enchérisseur lors d'une vente de meubles et effets [25B531, liasse 217].

En 1765, lors du testament de Joseph Genolin, le tixier (tisserand) de Monnetier, sont présents quatre témoins horlogers ("Claude-François Grisard [1835], Joseph Rey-Grobellet [1555] , Joseph [1955] fils de Louis Genolin, horlogers, (...) et Martin Ducret horloger [1770], tous de Monnetier") de Monnetier [3E 17466, f° 808].

Martin Ducret-Chevron [CI-1770], Maître horloger de Monnetier, est parrain d'une fille Famy en 1767, et père horloger en 1772. On le retrouve aux recensements de l'Etat des âmes de la paroisse de de 1774 et 1781 (au Châtelard de Monnetier), où il est dit horloger, demeurant avec sa famille chez son frère Jean-François Ducret [CI-1546].

En 1768, meurt Joseph Tavernier [CI-1888 (Tavernier-Perret)], après que "ses linges ont été employés pour les pansements pendant sa maladie qui a été fort longue", les scellés mis à son cabinet et un inventaire détaillé effectué ensuite, en 1768 [25B531, liasse 128]. Voir ci-dessous.

En 1775, un bail accorde au jeune Pierre-François Mermillon que ce "preneur pourra faire dans la maison dépendante de ce bail un cabinet pour travailler au métier d’horloger". Le preneur est Pierre-François, fils émancipé de Joseph Mermillon, charpentier de Forens, paroisse de Chézery. Il est présumé que ce Mermillon, était aussi le Pierre Mermillon, Me horloger de Chézery, parrain à Champfromier dès 1767 d'une fille Mathieu/Mermillon. Un témoin du bail de 1775 mentionné ci-dessus est Martin Mathieu horloger dudit Champfromier [3E17475, f° 388 (10 septembre 1775)].

En 1775, François Famy [2041 (qui signe françois famy)], est témoin, horloger [3E17475, f° 128]. En 1813, il meurt "architecte et horloger", âgé de 69 ans. Son fils Pierre (Pierre-Marie) Famy [3267], était horloger) à la naissance d'une fille en 1801, et était encore dit horloger au mariage d'une autre fille en 1837, et il meurt évidemment horloger en 1838, âgé de 60 ans. C'est lui qui avait obtenu, en 1795, la seconde adjudication pour remonter l'horloge municipale.

Signalons qu'en 1777 un Jean-Joseph Guinet, Me horloger de Montanges est témoin lors d'un mariage à Champfromier, où est aussi témoin le Sieur François Guinet, curial de Montanges et Champfromier.

Joseph Mathieux [2298 (qui signe "Mathieux")], horloger, met une enchère sur une part de moulin, en 1777 [25B531, liasse 202]. En 1779, identifiable par sa signature Mathieux, il est désormais Maître horloger (témoin au mariage de Marguerite, sa sœur). Il semble abandonner ensuite le métier puisqu'on le retrouvera cultivateur à Châtillon-en-Michaille en 1799 [3 E14415, an 7, n° 7].

En 1779, Claude-Charles Bornet [2363] est Me horloger qui signe soit "C C Bornet", témoin à un mariage, soit avec cette même fonction "Bornet" (parrain à un baptême) avec le B barré d'une diagonale caractéristique de sa signature de sergent dès 1781 puis de faisant fonction de maire !

En 1781, Roland Gros [Grosrucher de Chézery, époux de Dorothée Ducret 2202], est "horloge de Monestier", tandis que l'on trouve aussi "Sr Etienne Tournier [CI-778], horloger dudit Champfromier" [25B531, liasse 207]. Le Sieur Estienne Tournier, est encore "horologe", témoin en 1784 [25B531, liasse 146].

En 1783, un Antoine Pépin, Me horloger de Ferney (Pays de Gex), est père d'une Marie-Antoinette, âgée de 8 mois, présumée en pension à Champfromier. C'est probablement par un réseau de confiance entre horlogers que cette fille avait été confiée à une famille de Champfromier..

En 1784, Alexis Tavernier [CI-2241], horloger de Champfromier, passe un bail à loyer de 6 années à Joseph-Marie Dujoux, autre horloger de Chézery, pour une maison située au Pont d'Enfer (consistant en une cuisine, un poêle, une cave, un grenier à foin et blé), et un cabinet d'horloger qui sera en commun avec lui pour y travailler. La maison louée consistant, en plus du cabinet de travail, en une cuisine, un poêle, une cave et un grenier à foin et blé. Est témoin de ce bail, Alexis Gros-Siord horloger dudit Chézery [AD01, 3E17082, f° 35 v°]. Son épouse est une Dujoux de Chézery... Alexis, 43 ans, est encore horloger, témoin d'une naissance, d'un mariage et d'un décès en 1793.

En 1785, un François Martin [Seigne-Martin] est horloger témoin qui signe "francois martin", en 1785 [3E14314, f° 6538]. C'est lui qui remportera l'adjudication au rabais (19 livres 10 sols) pour remonter chaque jour l'horloge municipale, durant un an (après quoi il sera payé), à compter du 27 août 1794 [RD6, f° 19]. Mais le citoyen adjudicataire n'exécute pas son travail. Aussi, "c'est le citoyen Famy, agent national, qui est obligé de la remonter tous les jours, ce qu'il ne peut faire sans indemnité" [RD7, f° 7]. Une nouvelle adjudication a donc lieu (22/03/1795), mais cette fois avec une rémunération bien plus substantielle, toutefois "avec le complément de devoir fournir l'huile nécessaire, de dégraisser (l'horloge) au besoin, et de procéder aussi aux réparations si besoin (à l'exception des cordes et poids qui demeurent à la charge de la commune). François Juilland offre de le faire pour 250 livres, François Rostand pour 200 livres, et enfin François Famy pour 150 livres, lequel remporte l'adjudication au rabais, somme à payer dans une année." [RD7, f° 7v]. Il demandera toutefois en cours d'année une avance de 60 livres de salaire pour remonter la "grande horloge" [RD7, f° 15].

Isidore Genolin-Corré [2306], 43 ans, est horloger (demeurant à Monnetier-Rue, maison Thomasset), témoin d'un décès en 1795, et au mariage de son fils en 1825.

En 1820, François Bornet [2258] se marie en secondes noces. Il est alors horloger à Sauverny (Pays de Gex).

Joseph Martin [3632 (Seigne-Martin)], se dit horloger au mariage de son fils (François-Marie) en 1831.Il avait épousé la fille du François Famy, horloger. François-Marie (François) Martin [CI-4598 (fils de Joseph)], est horloger aux recensements de 1841 à 1881. En 1850, en 1863 et en 1866, horloger, il est témoin lors de décès familiaux. En 1885, il meurt âgé de 75 ans, horloger.

André Martin [4901 (autre fils de Joseph)], voisin des Famy, fut l'un des derniers horlogers de Champfromier. Il est recensé exerçant à chaque fois cette profession de 1851 à 1896 (décédé en 1900) à la Caserne (actuelle maison Pinnel). Mais il était déjà horloger lors de son mariage en 1844. A signaler qu'il est aussi dit serrurier en 1846, et que c'est probablement au titre de cette compétence complémentaire que la commune lui confiera de réparer en 1848 les 12 armes de la garde nationale de Champfromier [RD 10, f° 15v (10/02/1848)].

Louis Collet-L'Empereur [7079] fut le dernier horloger de Champfromier. Il y est recensé avec cette activité (demeurant derrière le Bordaz) de 1926 à 1936. Après la vente du Chomeu par son père (lequel terminera sa vie locataire sans ressources dans l'immeuble Ducret-Médecin), il acheta et s'installa à l'entrée de Montanges (actuelle maison Juilland) et y est recensé dès 1937. Dès lors, si l'un des réveils-matin munis de leur grosse sonnerie au sommet tombait en panne à Champfromier, l'horloger venait le chercher avec son tricycle motorisé, l'emportait dans la caisse aménagée à l'arrière, le réparait et le rapportait [A. Prost].

Le cabinet d'horloger de Joseph Tavernier-Perret en 1768

L'inventaire après décès de Joseph Tavernier [CI-1888 (Tavernier-Perret, célibataire)], rédigé en 1768 est particulier pour comporter la liste de son matériel d'horloger. On remarquera qu'en dehors de ses outils et linges, il ne possédait guère plus qu'une vache, une parcelle indivise, une écuelle et sa cuillère en bois. Le tout, y compris la vache (d'une valeur habituelle de 30 livres environ) fut estimé 90 livres. Joseph semblait avoir son cabinet entre le Pont d'Enfer et l'église (actuelle rue de l'Eglise, Maison Penin). Les officiers de Montanges, informés du décès, étaient venus mettre les scellés. On ne sait d'ailleurs quelle était la raison de leur venue puisque le défunt était célibataire et qu'il n'avait donc pas d'enfants mineurs, et que par ailleurs personne de sa fratrie n'avait quitté la province... Peut-être était-ce donc à cause d'un acte de partage réalisé quatre années auparavant ? Toujours est-il que le défunt n'ayant ni coffre, ni armoire ni garde-robe, ses vêtements sont mis dans son cabinet d'horloger et les scellés apposés sur la serrure de la porte. Une quinzaine de jours plus tard, le châtelain et le curial reviennent pour lever les scellés et effectuer l'inventaire des biens (en patois, ou du moins avec les compétences orthographiques du curial...) :

"Le 23 février 1768, nous, Pierre-Joseph Maurier, châtelain de Montange et Champfromier, et François Guinet, curial (...), certifions (...) nous avons reconnus les scellés entiers (...), et sommes rentrés dans ledit cabinet, accompagnés du sieur Jagot, pour procéder à l’inventaire des effets qui (y) sont renfermés. Premièrement, les outils d’horloger ci-après déclarés : une encume (enclume) avec le martau (marteau), deux gros estos (étaux), deux teurs (?), quatre pinces de différentes épaisseurs, on pités estos à la min (un petit étau pour travailler à la main), une bigone, une scie, trois petits martos (marteaux), deux petits compas, quatre petites filières, les boites du boras (borax) avec son chalumeau, dix grosses limes, deux petites boites de fer blanc, une boite remplie de différentes espèces de petites limes, une petite bouteille de fer blanc à tenir luile (l’huile), deux chaises de bois rondes, un chapoux (chapeau) de peu de valeur, une paire de bas, une paire de sçollier (souliers), deux vestes (dont) une de ratines l’autre de flanailes (flanelle), deux chemisses (chemises), le tout usé de peu de valeur, avec une paire de mauvaises culotes" [25B531, liasse 128].

 

C'est tout pour le matériel de cet horloger et pour ses vêtements ! On doute que cet équipement lui permettait de réparer des montres ou même des horloges à Champfromier. C'est en effet une image d'Epinal que d'imaginer à cette époque la présence d'une comtoise dans chacune des maisons de cette paroisse. Aucun des nombreux inventaires connus pour ce XVIIIe siècle à Champfromier, n'en signale jamais, ni d'ailleurs aucun autre mécanisme d'horlogerie (montre, pendule). Alors, que faisaient donc réellement ces horlogers avec leurs enclumes et marteaux, leur limes et leur chalumeau ? Il n'y a guère que de l'huile que l'on devine bien l'usage ! Probablement travaillaient-ils en sous-traitants pour des fabriques du Jura ?

Rappelons que l'adjudication pour remonter chaque jour l'horloge municipale du clocher de l'église ne date que du 27 juillet 1794.

 

Remerciements : Famille Bolle (photos de la mallette d'horloger).

Première publication le 27 août 2014. Dernière mise à jour de cette page, le 1er mars 2015.

 

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