Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
La carte IGN actuelle mentionne encore Labatie, au sud de la commune de Montanges, au bout de l'éperon dominant la confluence entre les vallées profondément encaissées de la Semine et de la Valserine. On s'en doute c'était un endroit idéal pour y placer jadis un château (présumé d'abord en bois), qui a bien existé, mais dont il ne reste plus la moindre ruine ! Cette bâtie se trouvait sur les terres du prieur de Nantua, qui s'étendaient à l'est jusqu'à Montanges et Champfromier. Il ne faut pas confondre cette bâtie avec le château ou maison forte du village.
Une tour de garde est citée dès 1308 [Pré-inventaire du canton, p. 231 (Source non précisée)].
1321 (21 août). Dans le cadre de la 4e guerre entre les comtes de Savoie et de Genève, le châtelain de Billiat envoie 22 clients (hommes, militaires) à la bâlie de Montanges : "Il a payé pour les gages de 22 clients qu'il a tenus vers la bâtie de Montanges, avec plusieurs autres dont il n'a pas payé les dépenses, pour garder le passage, tandis que le seigneur était à l'armée de Saint-Germain, de peur que les ennemis n'aillent ou reviennent par le dit lieu, selon l'ordre écrit du seigneur donné le 21 août 1321, qu'il remet ..... 16 sous de Genève" [Billiat et sa région au XIVe siècle, d'après les comptes de la châtellenie, Cahiers de Lucinge n° 32, 1997. p. 104].
1321 (4 décembre, environs de la Bâtie). "(Le châtelain de Billiat) a payé pour les gages de 10 clients qu'il a tenus dans les montagnes au dessus de Montanges, dans la terre de Nantua, pour garder les passages pendant que le seigneur assiègeait le château de La Corbière, de peur que les ennemis du seigneur ne viennent ou ne repartent par ce lieu, à savoir pendant 14 jours à compter du 4 décembre 1321 ; pour les gages de 5 clients que, après ce dit temps, il tint là en défense, pendant 10 jours, chaque client prenant 12 den(iers) de Genève par jour, selon l'ordre écrit du seigneur contenant aussi que pour la garde des passages, il ferait ce que Péronet de Châtillon jugerait bon de lui ordonner, donné devant le château de la Corbière, le 29 novembre 1321, ct selon le témoignage écrit du dit Péronet de Châtil1on, qu'il remet .... 9 livres, 10 s. de G(enève) [Idem, p. 106].
Le "Castrum Bast, dictum de Montangio" sert de fin de délimitation par la Valserine à la terre de Nantua en 1433 [H 56].
En 1620, concernant les hommes de Champfromier (ce qu'ils refusent alors) "en outre d'être tenus à fortifier et guetter au château de la Bastie dudit révérend seigneur prieur de Nantua à la première injonction qui leur en sera faite par ledit seigneur ou ses officiers, le secourir et être en aide à toute ses nécessités en étant interpellés à son de trompe ou autrement, suivant les écrits et conformément à la reconnaissance y du 17e mars 1461" [AD01, H 64].
En 1625 (repris de 1454) : [5°] Les habitants de la parroisse de Champfromier, en vertu de précédentes reconaissances, sont tenus et astreints "à la deffenses et gay [garde] du château de La Batie de Montange appartenant auxdits révérendissimes seigneurs, prieur et religieux dudit prieuré de Nantua, et en iceluy faire gay, garde et exargay toutefois et quand que de leurs part ou de leurs officiers sera enjoint, et notifié aussy aller à service [militaire], aide et protection et assistance à leurs voix et crys [Criée prononcée à la sortie de la messe, par l’officier du châtelain] lors et quand il sera nécessaire et qu’il leurs viendra à notice [à leur connaissance] et en tous les autres cas et articles ez quels l’homme liège fidelle est sujet et tenus à son bon et droiturier seigneur, et qu’il luy peut être tenus selon la forme de la nouvelle et vielle fidélité, et tout ainsy que les hommes de telles conditions sont tenus et abstreints" [Mss Delaville 263].
1753. Représentation (symbolique) du château sur la carte de Durieu.
1815. Destruction de la tour. C'est le baron Achille de Raverat qui nous conte la fin de la tour, lors de l'invasion par les autrichiens en 1815. "Un vieux château délabré, la Tour-de-la-Bâtie, s'élevait vis-à-vis de la Tour-de-Châtillon. En 1815, une poignée de braves montagnards de la Haute-Michaille, embusqués dans ces ruines, tiraient des coups de fusils aux Autrichiens qui occupaient la grande route de Nantua ; mais quelques boulet vienrent les déloger et en même temps abattre les pans de murailles de la Bâtie, dont il ne reste plus que des débris." [Les Vallées du Bugey, tome 2, p. 19 (publié par A. de Raverat, 1867)].
Des "Ruines (de) TOUR" du lieu-dit "Labaties" existaient encore en 1833 [Plan napoléonien de Montanges, feuille B2, parcelle B351 (ci-dessous)].
Publication complémentaire inédite : Ghislain Lancel.
Première publication le 24 mars 2013. Dernière mise à jour de cette page, le 17 novembre 2017.