Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Incendie du moulin du Pont d'Enfer, en 1722

 

Le récent incendie de la scierie du Pont d'Enfer, ce 27 novembre 2013, n'est pas sans rappeler un précédent incendie. Il y a presque trois siècles se trouvait déjà en cet endroit, et depuis au moins un demi-siècle, un moulin. Il fonctionnait par énergie hydraulique, de même que la scierie et le battoir à chanvre contigus.

Rappelons d'abord que la trace des moulins du Pont d'Enfer est connue depuis 1659, lorsque le sieur Henry Mermety de Montanges, échange ses moulins sur la Volferine à Champfromier avec des biens aux Bouchoux appartenant à des filles Mathieu, épouses de frères Ducret de Champfromier, Roland [9951] et Petit-Claude [8110] Ducret (probablement en fait des Goy-Ducret, du Crêt de Monnetier...)

Peu avant l'incendie de 1722, un partage verbal, dit du 23 septembre 1720, avait réparti l'imposante possession en deux lots, entre trois des petits-enfants de Petit-Claude Ducret.

Joseph (le fils aîné, CI-9953) avait eu une moitié desdits "moulins d’Enfers, battoir à chanvre, scie, maison , prés, terres et autres appartenances", tandis que Pierre-Joseph [879], mineur, et sa sœur Pernette (épouse d'Estienne Goy-Michy), obtenaient le lot composé du "moulin d'en bas avec ledit battoir à chanvre, une partie de maison et certaines pièces de terre" [3E17443, f° 321 – 3E17447, f° 185 de 1734 (30 novembre 1734)].

L'incendie de 1722

Le moulin est incendié (le moulin d'en bas, seul ? criminellement ?) le jour de la Saint-Martin 1722. C'était donc le 11 novembre 1722, ce jour de la fête du saint patron de l'église de Champfromier, qui était aussi celui de la fête du village, repère facile, mais peut-être une peu approximatif de la date exacte par la mémoire orale... En tous cas, ce fut un drame. Le 23 novembre 1722, décédait Françoise Rey-Grobellet, épouse de Claude-Henry Ducrest-Chevron [10017?], peut-être un employé au service du moulin, "ayant été opprimée sous les ruines du Moulin d'Enfer, ayant donnée des signes de vie et de repentances de ses pêchés"...

En plus de ce décès, les dégâts occasionnés au moulin furent considérables. Le 1er août 1723, Pierre-Joseph [879], qui est encore mineur agissant de l’autorité d’Henry Truchet son curateur "judiciellement" établi, et Pernette sa sœur autorisée d'Estienne Goy-Michy son mari (lesquels avaient obtenu par le partage oral de 1720, les "moulin d'en bas avec ledit battoir à chanvre, une partie de maison et certaines pièces de terre"), demeurant tous au "Moullins d'Enfers", reconnaissent avoir reçu 800 livres tournois (à rembourser en rente annuelle). C'est le détail de l'usage de cette somme qui nous renseigne : 300 livres ont été employées à l'achat de deux meules de moulin en Bourgogne, 250 livres pour la moitié d'un acquittement envers le Sieur Delaville de Montanges, et le surplus pour le voiturage de ces deux meules de moulin et "pour le rétablissement du moullin d’Embas, qui a été incendié et ruiné par la roche qui est tombé dessus à la St-Martin proche passée" [AD01, 3E17073b, f° 60v]. Tout est dit !

Malgré l'achat de deux meules neuves, on sait que le moulin mettra bien du temps à se restaurer...

 

 

Publication Ghislain Lancel, inédit       

 

 

 

Première publication, le 11 décembre 2013. Dernière mise à jour de cette page, idem.

 

<< Retour : Moulins, accueil