| Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Le "Musée PHC de la Chandelette" est hébergé dans notre habitation. Il ne se visite pas officiellement, du moins pas encore. Nous y recueillons les vieux objets dont vous ne vous servez plus, du moulin à légumes au char à bœufs, en passant par une vieille photo ou des cartes postales ! Ma préférence va toutefois aux vieux papiers et aux anciens outils agricoles à la si belle couleur bleue clair caractéristique, aux objets en bois et à ceux qui émanent d'un savoir-faire traditionnel, portes sans clous, chars transformables, etc. Une étiquette est prévue pour chaque objet, avec le nom du donateur (sauf s'il souhaite rester anonyme), le lieu où l'objet se trouvait et si possible son histoire...
On peut participer, soit en étant membre bienfaiteur de l'association Patrimoine et Histoire de Champfromier (achat d'étagères, de vernis, de cire, etc.), soit en proposant son aide pour l'acquisition, l'entretien ou la réparation des objets (bois, fer, fonte)
Une pièce est prévue pour accueillir les petits objets. Et pour les autres, il y a de la place tout autour !

La salle d'exposition a conservé ses murs en tavaillons, tandis que la porte d'entrée – fermée par sa grosse clé – montre sa couleur d'origine. Un panonceau en tôle perforée rappelle que cette ferme était celle de "DUCRET * JOSEPH - CHANDELETTE". Si la mémoire de Joseph Ducret est un peu oubliée, celle de son fils Victor, "le Grand de la Chandelette", cordier émérite, est encore dans les mémoires des anciens champfromérands.

Peigne à chanvre, peigne à carder, protection de moyeu de roue, crayons de lapidaires, collections de fossiles, fers à bœufs, etc. sont quelques-uns de premiers objets présentés.

Si certains objets sont très faciles à identifier, comme cette boite de crayons de lapidaires, d'autres restent énigmatiques, comme ce socle circulaire en pierre, et même ces objets en bois qui seraient des outils de machines de cordier...
La ferme de la Chandelette présente aussi, par elle-même, beaucoup d'intérêt. Elle est construite en exploitant la pente locale. Aussi, un étage complet sépare le rez-de-chaussée du pignon sud, le côté habitation, de celui du nord, donnant de plein pied accès à la grange. Ce n'est pas sans inconvénient pour l'écoulement des eaux, mais ils avaient pensé à tout : un réseau de caniveaux recouverts de pierres plates a été mis à jour sous toute la maison, permettant ainsi l'évacuation des eaux de ruissellement provenant du nord.
Cette ferme conserve, presque intacte, son écurie (étable à vaches) avec la crèche (pour y placer le foin qui nourrissait les bêtes) et même une planche à trou où l'on passait la chaîne de la vache afin de l'immobiliser facilement par un gros clou ou n'importe quel autre objet passant dans un maillon dépassant du trou de la planche.
Le puits, qui est toujours actuellement la seule source d'alimentation en eau de la maison (bien que l'hiver on puisse aussi faire fondre la neige lorsque les canalisations sont gelées...) n'a pas été placé non plus au hasard là où il est. Il se trouve exactement dans le lit d'une coulée caillouteuse en forme de V située entre deux murs d'argile imperméable !
La charpente est une merveille. Ses poutres furent taillées à la main et le soleil fait encore luire les traces franches laissées par la hache à équarrir, hache dissymétrique afin de n'aplanir qu'un seul côté. Le lourd et grand portail de la grange, pivote sans aucun effort. Et pour le fermer, pas besoin d'électronique, quelques barres de bois astucieusement logées dans des encoches suffisent largement ! Les portes intérieures sont aussi d'une grande ingéniosité : deux chevilles s'élargissant légèrement d'un bout à l'autre s'enfichent dans les planches de la porte, creusées à l'arrière d'un logement en queue d'aronde. On fait rentrer les deux chevilles sur toute la largeur de la porte, une en haut et une en bas, jusqu'à ce qu'elles soient bloquées. C'est presque fini, on scie ce qui dépasse au deux extrémités des chevilles, et hop ! la porte tient toute seule, elle est prête à être posée, sans un clou ! Ce qui n'empêche pas les gonds et fixations de porte en fer forgé d'être de belle taille : 70 cm de long, 14 cm de large et 1 cm d'épaisseur !
On dort donc tranquille, d'autant plus que les murs font 50 cm d'épaisseur ! Et nous ne sommes pas seuls, chevreuils, lièvres, renards ou blaireaux viennent parfois nous rendre visite à proximité. L'été, les lézards se chauffent le jour sur la terrasse et les chauves-souris veillent toute la nuit autour de la maison !

On boit aussi la café à la Chandelette ! Vous y êtes invités, les bras chargés de vieilleries que le musée accueillera certainement ou pour profiter du paysage. On voit souvent la Montagne des Princes, et par beau temps, la vue se porte même jusqu'au lac du Bourget, la Dent du Chat et les monts des environs de Grenoble !
Crédit photographique : Ghislain Lancel.
Dernière mise à jour de cette page, le 3 octobre 2008.