Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Les archives départementales de l'Ain sont à la pointe de la mise en ligne des données d'archives, et parmi les deux premières de France à proposer des vues stéréoscopiques, visibles depuis chez soi (avec des lunettes verte et rouge). Extrait de leur site, voici repris ici, le Pont d'Enfer, comme vous ne l'avez jamais vu !
Cette vue stéréo (non datée) provient du Fonds Cotton (44Fi). Les auteurs de ces 1069 plaques photographiques sont trois petits-fils de Joseph-Marie Cotton (Simandre-sur-Suran, 1800-1863) et couvrent une période de temps assez large (1853-1914).
La vision en relief avec les lunettes demande parfois de fixer intensément l'image durant plusieurs secondes. Et certaines personnes ne voient jamais le relief... Pour celles-ci, et pour les autres, voici une restitution numérique plane, recontrastée, élargie en intégrant les vues de gauche et de droite (décalée angulairement de 15 degrés).
Cette vue est exceptionnelle ! En effet, la carte postale CP15 ne permet que de deviner le pont vu du bas, depuis le lit torrentueux de la Volferine, pont dont on distingue à peine la maçonnerie en pierre (et le début de l'arche), en haut de la carte postale, derrière la roue hydraulique...
Par contre, avec cette vue stéréoscopique, on découvre ce pont en entier, et même légèrement du dessus (l'opérateur s'étant probablement posté sur le pont routier actuel de la D14, inauguré en 1867). On voit ici le vrai Pont d'Enfer, historique, celui où furent exécutées les célèbres représailles aux picorées du XVIIe siècle. L'ancien moulin, dont l'épaisse muraille ajourée de ses quatre baies est encore aisément visible de nos jours, est à droite de la photo, tandis que la scierie est à gauche. L'espace vide central est maintenant recouvert par un prolongement de la scierie, mis en place après la fermeture du moulin, et le pont est ainsi désormais recouvert par un plancher. Mais, pour ceux qui ont accès, ce pont est encore visible, des deux côtés.
Sur la vue en relief on observe que le moulin avait encore des vitres (et peut-être même des rideaux), et que sa toiture était en tavaillons. Des corbeaux débordaient à la base de la muraille, pierres proéminentes sur lesquelles s'appuyaient plusieurs séries de poutres d'un temps bien plus ancien. Posées en travers de la rivière, ces poutres que l'on voit déjà dégradées, ne supportaient déjà plus aucun plancher...
Le moulin Ducret cessa ses activités puis fut remplacé par un moulin communal dont le maire en envisagea la construction dès 1904. Il est vraisemblable que ce cliché stéréoscopique date d'une dizaine d'années avant 1904, disons 1893 (d'après les aménagements voisins), à dix ans près ! La date du 17 avril 1895, qui est celle d'une photo datée d'un paysage pris au village voisin de St-Germain de Joux, pourrait d'ailleurs être la date exacte de photographie de ce Pont d'Enfer, si ce fut le même jour qu'un certain Cotton passa par là...
Source : A.D. de l'Ain, cliché Cotton (44 Fi 196). Remerciement : Valery Vesson et l'ensemble du personnel des AD de Bourg. Crédit photographique de la recomposition plane : Ghislain Lancel.
Première publication le 27 novembre 2012. Dernière mise à jour de cette page, le 18/12/2017.