Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Pas de cochon pour la République... (1795)

 

Champfromier n'a pas de cochon pour la République ! C'est ce que rappelait en 1930, une publication de l'hebdomadaire L'Avenir Régional, sous le titre Histoire ancienne. Ci-dessous, après l'intimation par le commissaire à fournir un cochon parmi les plus gras, on trouvera la réponse de la municipalité. Ne cherchez pas si c'est du lard ou du cochon ! Rappelons que l'unité monétaire était encore la livre, divisée en 20 sols. Pour la rédaction, il n'y a plus qu'à savourer !

 

"[Intimation] - Du dix-neuf pluviôse, troisième année républicaine [7 février 1795].

Je soussigné, commissaire nommé pour activer l’exécution de l`arrêté du Conseil général du district de Nantua, relatif à la fourniture d’un cochon pour [par] la commune de Champfromier, pour les armées de la République,

Requiert les officiers municipaux de la commune de Champfromier, de poursuivre l‘exécution dudit arrêté et d’assoire la réquisition du cochon, ordonnée sur les mâles ou femelles trouvés les plus gras de la commune, de le faire trouver à Nantua, le 22 du dit présent mois, sur la place de la Liberté, à dix heures du matin où il sera pesé et livré au préposé des subsistances militaires, qui en fera payer le prix à raison de trois livres la livre brut, ou quarante-cinq sols la livre poids net.

Leurs déclarent qu'ils deviennent responsables personnellement et collectivement, du défaut d'exécution, et que tous retards leur deviendra d’autant pus [sic] préjudiciable qu’il les mettra dans le cas de conduire ledit cochon dans un lieu plus ou moins éloigné, dans le Jura.

Fait à Champfromier, ledit jour, mois et an que dessus. Le commissaire : CAIRE.

 

[Réponse] - Vu la réquisition ci·devant, et ouï l’Agent national,

Le Conseil municipal de Champfromier, considérant que cette commune n`est pas une de celles qui élèvent et nourrissent des cochons; qu`au surplus, les temps où ces animaux étaient encore au pouvoir des particuliers, sont passés; considérant, en outre, qu’à supposer qu‘il en existe ci-devant, les particuliers se seraient trouvés forcés de les vendre, non seulement faute de denrées pour les nourrir, mais encore comme contraints par l'arrêté des Représentants du Peuple (Baisset) qui prohibe de donner aux animaux les subsistances qui peuvent servir à alimenter les hommes,

Arrête : Qu‘il ne peut, par les moyennes ressources de la commune, fournir à la République le cochon qui lui est demandé; arrête, en outre, qu’extrait du présent sera porté à la diligence de l’Agent national, et sera envoyé au Directoire du District de Nantua, en réponse à son arrêté du 19 courant.

Ont signé: Marquis, officier; Grisard, adjoint; Tournier, maire; Famy, agent; Julliand officier. [Fin de l'article]".

 

L'histoire ne dit pas si les saloirs étaient vides ou pleins..., et si les champfromérands furent ensuite contraints, ainsi qu'ils en étaient menacés en cas de refus, d'aller livrer par eux-mêmes un cochon gras aux Armées de la République à l'autre bout du Jura !

 

Remerciements : Tribune Républicaine (archives de L’Avenir Régional du 06/02/1930).

Première publication de cette page, le 23 juin 2010

 

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