Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Exsurgence du Bief Blanc et grotte de la Fauconnière

Deux cavités ont leur entrée sur le territoire de Belleydoux, mais une partie des galeries se prolonge sous le territoire de Champfromier. Des deux grottes, l'exsurgence du Bief Blanc (à l'est) et la grotte de la Fauconnière (à l'ouest), sortent deux ruisseaux qui dévalent les éboulis de la base de la falaise de la Roche Fauconnière avant de se réunir (mais c'est par erreur qu'un autre ruisseau situé un peu plus à l'ouest est noté Bief Blanc sur la carte IGN) et de se jeter dans la Semine après le passage sous un petit pont. Un ruisseau dit Bief Blanc est déjà représenté sur les cartes de Cassini (l757).


L’entrée de la galerie dans la falaise de la Roche Fauconnière

 

Exsurgence du Bief Blanc

Coordonnées

Latitude N 46° 14’ 11.76" - Longitude E 05° 47’ 54.89"

Altitude : 940 mètres

Situation géologique de l’entrée : Oxfordien supérieur

480 mètres de développement

Exploration

Cette exsurgence est notée Sces (Sources) sur la carte IGN. D’accès difficile, la grotte a été explorée par le Spéléo Club de Saint Claude et la Section Suisse de Spéléologie de Genève dès le début de l’année 60, puis par le Spéléo Club de Bellegarde qui repris les explorations à la fin des années 70. Cette cavité étroite est en relation avec la grotte de la Roche Fauconnière (située 300 mètres à l'ouest).

Grotte de la Fauconnière

Coordonnées

Latitude N 46° 14’ 08.45" - Longitude E 05° 47’ 40.81"

Altitude : 1035 mètres

Situation géologique de l'entée : Oxfordien supérieur

Développement : Plus de 2000 mètres.

Dénivelé : Plus de 70 mètres, -18 mètres.

Plan et historique

La Grotte de la Roche Fauconnière, notée Grte (Grotte) sur la carte IGN, est située à 35 mètres de hauteur dans la falaise. Elle est la source du ruisseau ouest qui rejoint bien vite celui provenant de l'exsurgence du Bief Blanc.

L’entrée, déjà repérée à la fin des années 70, a été atteinte en juillet 1983 par le SCMJ CB (Bienfait, Gallice, Vistalli) après une descente acrobatique de la falaise depuis le plateau, puis un pendule et des passages impressionnants en escalade artificielle.

Description

La galerie d’entrée, confortable sur une centaine de mètres, est formée sur une diaclase parallèle à la falaise. Après un passage bas puis un sol se dérobant, et une descente de 25 mètres, on accède au Siphon des Canards (point bas de la grotte). C’est le passage clé de la cavité. Il se remplit après 24 heures de pluie et peut rester noyé une bonne partie de l’année. En période d’étiage, une galerie d’une soixantaine de mètres formée sur joint de strate (la Danse des Canards) mène a une remontée en colimaçon de 25 mètres. Ces zones ne sont donc accessibles et franchissables que par temps sec.


La galerie de la Danse des Canards (Photo Michel Neyroud)

En haut du Colimaçon on passe à la base d’une cheminée remontante de soixante-dix mètres terminée par un étroit méandre avec léger courant d’air (éventuelle sortie sur le plateau ?).

De la base du puits deux itinéraires permettent la poursuite de l’exploration :

• La première, la plus facile ; consiste à remonter le puits sur 10 mètres et à prendre une vire jusqu’à une lucarne. De là, prendre à gauche et traverser une petite salle, une trémie, puis une voûte basse mène à une galerie confortable, la Galerie Sabine. Puis par une lucarne dynamitée, on parvient au sommet d’un puits de 20 mètres...

• La deuxième solution est de traverser la base du grand puits, jusqu’à une galerie évidente. Deux cheminées et un boyau conduisent à une petite salle, que l’on remonte en artif à gauche jusqu’à une galerie étroite. La suivre sur une trentaine de mètres environ, puis par un boyau à droite on accède à une galerie plus confortable qui ramène à la base du puits de vingt mètres. ..

A partir de cet endroit la progression devient plus aisée avec principalement une galerie unique, sinueuse, qui conduit en quelques minutes à un éboulis descendant à une conduite forcée. Un ruisseau se perd au pied de l’éboulis dans un puits assez étroit. En remontant le ruisseau, on accède très vite à une voûte mouillante qui se contourne par une petite galerie étroite et glaiseuse. Au delà, le méandre se poursuit jusqu’à une galerie en diaclase étroite et concrétionnée, se terminant par une laisse d’eau assez profonde. Une chatière, quelques laisses d’eau, puis la galerie qui reprend de bonnes dimensions permet à nouveau d’arriver à la base d’un grand puits, puis une vingtaine de mètres plus loin, au Grand Carrefour.

Depuis ce point, situé à 840 mètres de l’entrée, quatre ou cinq galeries s’offrent aux spéléologues. Les deux les plus évidentes se rejoignent pour n’en former qu’une, fossile, de 4 à 8 mètres-carrés de section. On peut la suivre sans problème sur 150 mètres jusqu’à longer un puits et descendre un autre puits de 6 mètres menant sur un ressaut de 3 mètres et à une galerie basse et boueuse de 70 mètres de long. Quittant cette galerie par la gauche, on débouche à la base d’un nouveau grand puits avec plusieurs départs. On traverse l’éboulis de la base de ce puits pour suivre une galerie parfois grande, tantôt montante tantôt descendante, qui débouche en parois d’un grand méandre large et propre parcouru par un ruisseau. Ce méandre contraste avec le reste de la grotte par ses proportions et sa propreté. Il s ’agit du collecteur principal du réseau.

Vers l’amont le méandre se poursuit sur près de deux cent mètres et après une cascade et quelques marmites on arrive à un siphon clair et limpide. Ici aucune trace de boue, la galerie est nettoyée par les crues. Vers l’aval du méandre on accède très vite à une salle effondrée, ou le ruisseau disparaît a travers les blocs.

Les parties actives du collecteur, avec ses dimensions respectables pour la région, sont toujours en cours d’exploration. Il existe un espoir de pouvoir court-circuiter l’accès difficile de la grotte, par la désobstruction du gouffre de la Combe Froide (affaire à suivre)...

Géologie du lieu

La grotte induite en totalité par le plissement du Miocène, lui est postérieure. Elle s’est donc formée au Pliocène.

A la fin du Pliocène, il est probable que la rivière avait déjà abandonné les 1100 premiers mètres de galeries, pour se perdre dans la salle effondrée à l’aval du collecteur.

Lors des glaciations du Quaternaire le débit cessa certainement et des remplissages de varves vinrent partiellement obstruer le méandre.

Au Quaternaire récent, suite au retrait des glaciers, et actuellement, la circulation d’eau souterraine a repris et déblaie le remplissage varvaire du méandre final. Elle donne également naissance au ruisseau de la première partie de la grotte.


L'entrée de la Grotte de la Roche Fauconnière,
amateurs s'abstenir, ici comme en bien d'autres endroits...

 

Remerciements : Thierry Tournier

Première publication le 13 novembre 2010. Dernière mise à jour de cette page, idem.

 

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