Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Marius Chapuis, ancien ébéniste et maire de Champfromier, était d'origine lyonnaise. Pas étonnant dans ces conditions qu'il apporte avec lui sa passion pour ce loisir, un sport à part entière !
Cette photographie sur plaque inédite est sans conteste la plus ancienne (et la seule ?) montrant la pratique de ces boules lyonnaise à Champfromier. La prise de vue pourrait dater d'août 1925. Elle fut prise devant la forge d'Eloi Ducrest (actuelle maison Leclercq, n° 661 rue des Burgondes, dont la forme caractéristique des portes et fenêtres du pignon est encore bien visible, mais dont les bâtiments à l'arrière ont disparu). Au premier plan on distingue deux hommes, l'un portant la traditionnelle blouse rullière, l'autre venant de lancer sa boule. Derrière, quatre hommes sont assis sur un banc, spectateurs ou acteurs en attente de leur tour... A cet emplacement sera ensuite installé une partie de la forge d'Eloi, le travail (pour ferrer chevaux et bœufs) et une grosse pierre qui servait de support à l'enclume.
La commune compta ensuite deux terrains de boules (en remplacement de celui-ci ?), à proximité des deux hôtels du village, l'Hôtel de la Gare (Sylvie Ducret) et l'Hôtel Ducret (La Rivière). Le terrain de la gare fut détruit pour la construction de la maison voisine de l'hôtel, une vraie perte pour l'environnement chaleureux qu'occasionnaient ces rencontres, encore regretté aujourd'hui par Yvonne Ducret, pourtant bénéficiaire de l'habitation !
C'est certainement dans les années de cette prise de vue, du moins entre les deux guerres, que Marius Chapuis avait fondé à Champfromier une Société de boules, une activité élevée au rang de sport national depuis 1850. Les boules étaient plus grosses que pour la pétanque (9 à 12 cm). La ligne de fond se trouvait à 18 mètres ! Les équipes, de deux ou quatre, se composaient aussi de tireurs et de pointeurs. Les expérimentés pointeurs paysans, habitués aux terrains aux subtils dénivelés, étaient meilleurs que ceux des villes, dans les concours de campagne !
Les boules en bois caractéristiques de la lyonnaise étaient cloutées sur toute la surface de la sphère (sauf à l'endroit de la petite marque d'un poinçon). Les clous étaient à têtes rondes, mais on en connait aussi à tête carrée.
Nombreux sont les champfromérands qui détiennent encore chez eux, quelque part dans une cave ou un grenier, les boules utilisées par eux-mêmes dans leur jeunesse ou plus anciennement par leur père, un oncle ou des amis :
– J'en ai une pleine caisse chez moi, dit l'un.
– Celles de mon beau-père, rétorque l'autre, sont de magnifiques boules avec des clous de couleurs différentes ! Des motifs réalisés en laiton !
Cherchez bien, vous allez peut-être retrouver retrouver les boules du grand-père ! Ci-contre un bel exemplaire à têtes rondes (Coll. Jean-Paul Valençon).
On trouvera des compléments sur la Boule lyonnaise à Champfromier dans Les moissons de la Mémoire (p. 171), notamment les arrangements avec le curé pour les horaires des compétitions, afin de ne pas nuire aux vêpres !
Remerciements Mme Yvonne Ducret, Christian Vallet.
Plaques photos dont la prise de vue est attribuée à Marius Chapuis, Coll. particulière.
Dernière mise à jour de cette page, le 27 mars 2008.