Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Les vingt-cinq années d'existence du tramway Bellegarde-Chézery ne manquèrent pas de donner lieu à quelques anecdotes, sans oublier la face cachée de Sous-Roche ! En voici quelques autres, en commençant par la polka dans les gares pour se réchauffer !
Lu dans la presse : 1913. M. Fronton, chef d'exploitation du tramway Bellegarde-Chézery, est mort, victime d'un accident, près de Confort, en voulant passer d'une voiture à l'autre pour faire le contrôle des voyageurs [Le Journal de Genève, 31 mars 1913, p. 2].
"Champfromier. On réclame. - L'hiver rigoureux que nous avons subi et l'été froid et pluvieux que nous subissons actuellement font désirer aux voyageurs du B.-C. [Bellegarde-Chézery] le chauffage dans les diverses gares des stations. A défaut de poêles, la Compagnie ne pourrait-elle pas installer dans les dites stations des pianos mécaniques, qu'un citoyen de bonne volonté actionnerait en attendant la venue du train. Tout le monde irait de sa petite valse ou polka et, de cette façon, éviterait un refroidissement toujours dangereux. P. S." [L'Avenir Régional, 9 juillet 1914].
A Champfromier, rien ne se perd. Lors de la démolition du modeste cabanon en bois de la gare, on aurait pu en faire du feu (et se réchauffer !), mais non, les planches furent récupérées et on peut encore les observer sur la façade de la maison de Stéphane Vitali !
Yvonne Ducret, quand elle était enfant, s'amusait beaucoup à voir toutes ces Dames... – elles ne venaient pas de Champfromier, jamais on aurait osé... – et ces "petits Monsieurs", arriver de Bellegarde et descendre à la gare du village. Et tout le monde de prendre la route (jusqu'à la maison actuelle de la doctoresse) et de là descendre à Sous-Roche. Comment appelait-on ça... Les ballets roses ?
Le premier chef de gare fut une femme, Marie Juilland, épouse Gustave Nicollet. Elle avait beaucoup de travail, avec les billets pour les nombreux passagers du tram, mais surtout avec tous les bordereaux d'envoi des marchandises, en particulier des planches, chevrons et poutres qui se chargeaient sur des wagons de marchandises, en attente sur l'annexe de la gare [Mme Micheline Vallet].
A lire aussi, dans Les Moissons de la mémoire, cette anecdote des mêmes "couturières...", celle des quinze tonnes de rails volés qui échappèrent aux Allemands et celle des gamins qui sifflèrent pour faire démarrer le train pendant que le contrôleur discutait en galante compagnie, ou encore l'histoire de ces mêmes gamins qui bouchèrent les WC avec une queue de sapin ou l'anecdote du chat et des lapins de Madame Bubaton, chef de gare... [pp. 100-101].
Encore un garnement que ce gamin de Forens qui, âgé de 10 ans, avait joué pour de bon au conducteur de train pour emmener ses copains à la fête à Bellegarde ! "Constant Hippolyte Mermillon, mon grand-père, était né à Montanges et il était conducteur du Tram, et aussi le mécanicien de ce Tram. Son fils (mon père), René Mermillon, né en février 1915 à Forens au Replat (décédé en 2009), avait une dizaine d'années lorsque, voulant aller à la "vogue" à Bellegarde avec quelques enfants de son âge, il démarra le train. On ne sait plus comment, mais Le tram fut arrêté, il me semble vers "Les Iles". Je peux vous dire que mon grand-père a bien puni mon père de sa tentative d'escapade !" [A. Mermillon].
Les WC, encore eux, cabanon traditionnel avec une simple planche trouée... et une porte, sont visibles sur plusieurs cartes-postales. Il y manque toutefois... les odeurs ! Périodiquement, monsieur Bubaton était chargé d'aller vider la cuve de récupération placée sous le trou. Et madame Bubaton de le précéder dans la rue, à la manière d'un garde-champêtre : "Fermez les fenêtres !"...
Décembre 1923. Des avalanches ont coupé la ligne Bellegarde-Chézery, sur plus de 2 km. La vallée de la Valserine est isolée depuis dimanche. A Chézery, la neige amoncelée a causé des dégâts aux toitures des maisons [La Gazette de Lausanne, 29 décembre 1923, p. 4].
En janvier 1924, le tramway est bloqué aux Iles par des avalanches de neige. Un humoriste espère une reprise pour le mois de juin ! "Champfromier. Notre tramway. - La locomotive du tramway de Bellegarde à Chézery est toujours bloquée aux Iles, prise entre deux avalanches. Nos populations commencent cependant à espérer. Quelques ouvriers s'attaquent, paraît-il, à la montagne de neige éboulée aux Iles. Quand le passage sera fait (au mois de juin, probablement), on songera à déblayer la voie entre la station des Iles et Bellegarde, c'est à dire dans la partie la plus facile et qu'avec un peu de prévoyance on aurait dû ne jamais laisser obstruer. Et maintenant, populations de nos montagnes, si vous n'êtes pas satsifaites, c'est que vous êtes bien difficiles !" [La Tribune, 10 janvier 1924].
Funérailles, le 31 mars 1939, d'Eugène Durafourd, directeur de l'usine de Sius-Roche, décédé à l'âge de 39 ans [Echo de Chézery, avril 1939].
Remerciements : La Tribune, Bellegarde-sur-Valserine.
Première pubication, 2009. Dernière mise à jour de cette page, le 9 février 2021.