Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
L'ancestral pont des Oules sur la Valserine (Ain) permettait de relier la Terre de Ballon (alors savoyarde) à la Michaille (Châtillon en Michaille), et plus généralement d'aller de Genève à Lyon. Il est donné aussi pour lieu de passage présumé lors de la tragique migration des Helvètes en gaule transalpine, en 58 avant J.-C.
Ce passage antique devint obsolète après que, suite au traité de Lyon (1601), le pont Lavardin ait été construit, à moins de 2 km en aval, à très peu de distance en amont du point de jonction de la Valserine avec le Rhône. Ce pont Lavardin, le pont actuel situé à la sortie de Bellegarde vers le Pays de Gex, ne sera dit que plus tard le "Pont de Bellegarde" (ou de Coupy).
Dès lors, ce pont, en fait une planche, n'est plus emprunté que localement (pour accéder aux moulins et aux vignes). On en possède toutefois une description précise, ainsi que celle de son emplacement, encore visible à seulement quelques mètres du passage sécurisé actuel ! Au milieu du XVIIIe siècle la Savoie est très méfiante à l'égard de la France, soupçonnée à juste titre de vouloir acquérir aussi l'étroite bande de terres qu'elle avait délaissée aux Savoyards en 1601 et au centre de laquelle passait "le" fameux Chemin des Espagnols. Le 14 juin 1750 la Savoie commande donc au sieur Reser un verbal (un compte-rendu détaillé de 36 pages) et un plan de cette bande de terrain demeurée à la Savoie. Ce travail doit s'effectuer « secrètement et sans le moindre éclat autant qu'il sera possible », mais toutefois avec le concours de gens du pays bien informés, et en particulier du Sieur Rendu, notaire collégié de Lancrans et secrétaire des terres des paroisses de Lancrans, Chézery et Léaz.
Le Pont des Oulles, l'un des points d'entrée possible par des troupes ennemies dans cette bande de terre de Savoie comprise entre la Valserine et la Pays de Gex, fait l'objet de commentaires étoffés. Retenons seulement le début, qui décrit cet ancien pont (Pont des Oulles, repéré par la lettre X sur le plan) comme un simple bout de planche de 40 cm de largeur et 1,70 mètre de longueur, détruit et remplacé par le passage actuel (alors une nouvelle planche de 25 cm x 1,20 m) situé à 5,10 m en amont du pont original [G. Lancel, Le Chemin des Espagnols..., pp. 45, 50-51 (avec compléments historiques du XVIIe siècle)].
Compléments : Le Chemin des Espagnols..., par G. Lancel (plan et historique en 1750, p. 45, 50-51 et éparse). Voir aussi le Pont sur un plan de 1848.
Publication : Ghislain Lancel. Photo G. Lancel (03/06/22).
Première publication le 8 juin 2022. Dernière mise à jour de cette page, idem.