| Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Un texte d'archive mentionne la construction d'une chapelle à Ballon en 1662, mais quelle est-elle ? Voulue par testament d'Anthoine Delaporte du 19 novembre 1645, elle n'avait été construite qu'en 1662 par ses enfants et petits-enfants, à l'initiative de Pierre de Laporte, avocat au parlement de Bourgogne, et consorts. Elle se trouvait "à l’entrée de la cour de sa maison aboutissant au grand chemin". Cette maison était certainement la "ferme" de l'ancien château de Ballon (actuelle maison Michel Lançon). Chapelle dotée de 3.000 livres, les fondateurs espéraient que l'évêque de Genève lui permettrait d'être reconnue sous le vocable de "Ste Reyne Vierge et Martyre".
"Fondation de la chapelle de Ste Reine Vierge et Martyre, érigée à Ballon.
[f° 33] Le 20 août 1662, se sont établis spectable Pierre de Laporte, avocat au sénat et au parlement de Bourgogne, et honorable Charlotte Faure, tutrice de Jean-Louys fils de Roland Delaporte, du lieu de Ballon, lesquels suivant la volonté de feu Anthoine Delaporte, leur père et grand-père, par son dernier testament du 19 novembre 1645 reçu par Me Delaracine, du consentement de Rd Pierre Cuturier, vivant curé de Lancrens, par acte du 27 mai dernier, reçu par Me Descombes, ont fait ériger, bâtir et construire la chapelle ordonnée par leur père au lieu de Ballon, à l’entrée de la cour de sa maison aboutissant au grand chemin, en la façon et manière qui s’ensuit et sous la dot ci-bas spécifiée et à la charge du service d’icelle : premièrement ils implorent la miséricorde de la Ste Trinité […], invoquent l’intercession de la Glorieuse Vierge Marie mère de Dieu, des glorieux St-Pierre, St-Amand, St-Michel, St-Gabriel, St-Raphael […] ; en second lieu, … ils supplient Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Jean D’Arenthon, évêque et prieur de Genève, vouloir agréer et permettre icelle être sous le vocable de Ste Reyne Vierge et Martyre, pour la dot et fondation de laquelle …, la somme de 3000 livres [f° 33v] … en cinq obligations, … dont la première est de 200 livres tournois contre Me Claude Jacquemet d’Arlod du 8 mai 1644 …
[f° 34] Fait et prononcé à Ballon, maison dudit Delaporte, en présence de Mr Pierre Montanier, notaire royal et secrétaire de la ville de Seyssel, et Mr Philibert Brochet, bourgeois dudit lieu, lesquels ont signé … [Signatures : Delaporte ; Montanier ; Brochet ; Rendu notaire]."
Notons que l'on en trouve une autre mention, dans un inventaire "25 août 1662. Fondation et homologation de la Chapelle Ste Reyne, fondée par les sieurs De la Porte, au village de Ballon, paroisse de Lancrans", ff° 232-245 (du Reg. 52, de 1661-1663) [Arch. du diocèse (Bourg), 471/47].
Ce cliché, dit "photo 8, détail, fenêtre soupirail du château", fut photographié dans les années 1980 autour de l'ancienne ferme "Lançon", par H. Tossan et M. Burdeyron, accompagnés de M. Sonney, leur guide demeurant à Ballon, et de Marius Fillion. Mais l'on n'a plus retrouvé cette pierre en 2018 !
Présumée reconvertie en linteau de fenêtre, cette pierre finement gravée à la croix sur socle ne fut-elle pas la pierre d'autel ou un linteau de la chapelle ?
1672. Lancrans, Chapelle Ste-Reine, nomination et institution [AD 74, 1G60, f° 491v (non consulté)].
Le 16 juin 1784, concernant la chapelle Ste Reine de Ballon, Jeanne Dussolier, veuve de Pierre-Nicolas Guillot habitant Andilly, de faible condition, paralytique de la moitié du corps, supplie l'évêque de Genève (Annecy), et dit que son Rd Sr Antoine-Marie Guillot, son beau-frère dont elle est héritière, ancien curé d'Onnex (Ornex), ayant été pourvu de ladite chapelle, Rd Sr Dor son successeur dans ladite chapelle prétendrait inquiéter la suppliante pour les réparations, qui sont considérables. Le curé n'y avait été nommé que le 17 mars 1776 et est décédé le 30 novembre 1782. Il est question de consentir à ce que le service de cette chapelle soit transféré à la chapelle Ste Catherine de l'église paroissiale d'Anglefort, sachant que le Rd Sr Gazel, curé de Collonges, contacté par la suppliante, a écrit au Seigneur Delaporte d'Anglefort, patron de la chapelle et qu'il a acquiescé. Consent aussi Charles-Marie Delaporte de Boursin, l'oncle, chef de la famille, ancien Capitaine d'infanterie au Service de la France, par lettre datée de Maillat, le 22 décembre 1784. Le tout est homologué à Annecy, le 23 juin 1785 [AD74, 1G96, folios 370 à 375v].
On présume que la chapelle tomba ensuite très vite en ruine.
Source : AD01, 3E 17331, ff° 33-34 [Copie en AD 74, 1G60, f° 232].
Publication : Ghislain Lancel.
Première publication, le 26 septembre 2018. Dernière mise à jour de cette page le 16 octobre.