Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Thadet Ducret-Prince, maire (1832-1837)

 

Nominations de 1832

Rappelons que Claude-Marie Coutier avait été le maire précédent, mais aussi l'ancien adjudicateur de la reconstruction de l’église, dont l'important reliquat de paiement qu'il estimait lui être dû n’était pas encore accepté... Les nouveaux maire et adjoints sont nommés par le préfet le 15 février 1832. Ils sont Ducret Thadet maire et Rendu François-Joseph adjoint [RD08, f° 59v (15/02/1832)]. Mais le 20 février, une délibération, rédigée par Pierre-Joseph Mermet "Le secrétaire", était encore signée de Claude-Marie Coutier, "Maire-président"... De fait les installation et serment de Ducret Thadet comme maire ne se fera que le 19 mars, et sans aucune signature, sauf celle de Nicollet, étonnamment dit "Le conseiller municipal délégué". L'acte suivant est celui où l'ancien maire redevient conseiller municipal, aussi sans signature... On ne trouvera d'ailleurs aucune signature de maire avant bien des mois, chaque délibération se terminant pas la seule mention "Le maire". Il est d'ailleurs amusant d'observer le lapsus, si c'en est un, du mois de mai où la mention "Le Maire-Président" est remplacée par celle de "Le Secrétaire", qui signe. L'acte porte ensuite la mention de "Le Maire", mais toujours sans signature, ni en cet endroit ni ailleurs, alors que celle de Coutier (l'ancien maire) figure en dernier avec celles des autres conseillers... [RD08, f° 66v (15/05/1832)]. Ce ne sera que le 14 août 1832, à propos des sommes dues au Sieur Coutier pour la reconstruction de l'église et autres délibérations que sa timide signature en lettres détachées apparaitra pour la première fois [RD08, f° 70v (14/08/1832)].

Les installation et serment de François-Joseph Rendu l'adjoint ne se feront que fin mars, avec signature [RD08, f° 60v (28/03/1832)]. Mais le 5 avril 1832, une pétition des habitants de la Combe d'Evouaz est présentée, par laquelle ils demandent qu'attendu les difficultés de communication qui existent une grande partie de l'année (neige), il leur soit accordé un adjoint spécial. Le préfet leur donne satisfaction et le sieur Rendu, adjoint actuel de Champfromier, est nommé adjoint spécial de la section d'Evouaz, qu'il habite, et un autre adjoint sera nommé pour la commune de Champfromier [RD08, f° 60v (5/04/1832)]. Il est installé et prête serment dès le 17 avril [RD08, f° 61].

Le nouvel adjoint (de Champfromier) devient Nicollet André, propriétaire, nommé par le préfet le 10 mai 1832, installé, prêtant serment et signant le 15 mai. Dans la foulée, Mr Mermet Pierre-Joseph ayant obtenu la majorité des suffrages, a été désigné pour remplir la fonction de secrétaire, ce qu'il a accepté [RD08, f° 62v-63].

Pour l'année 1834, l'annuaire de l'Ain donne un résumé simplifié de la municipalité : Ducret Maire, Nicollet 1er adjoint, Rendu 2e adjoint.

Mandat de 1834

Le préfet, vu le procès-verbal d'élection des conseillers municipaux de Champfromier en date du 9 novembre 1834, nomme le 13 décembre 1834, le sieur Ducret Thadet maire, et le sieur Nicolet André adjoint, lesquels sont installés et prêtent serment le 29 décembre [RD08, f° 86-86v].

Le lendemain 30 décembre 1834 sont installés 5 conseillers municipaux : Tournier Jean-Roland, Martin Emmanuel, Ducret-Charrières Joseph, Mermillon André et Ducret Nicolas, élus par les assemblées électorales les 9 et 10 novembre, qui signent avec le maire [RD08, f° 87].

Pour Evuaz, c'est Michel Mermet qui est nommé adjoint spécial (le 3 février 1835), lesquel accepte et prête serment (le 18 février) [RD08, f° 87v-88]. Une tentative de désunion d'Evuaz avec Champfromier n'est pas retenue : "Sur la pétition par les habitants de la Combe d'Evuaz pour appuyer la demande de l'autorité supérieure d'être autorisé à la désunion d'avec le chef-lieu lors des prochaines élections, le conseil ne croit pas nécessaire de réfuter ces motifs, ils sont dénués de fondement. La communication est dite impossible alors qu'il y a 3 chemins... les habitants du chef lieu ont toujours été unis à ceux d'Evuaz, ce qui le prouve le plus ce sont les premières élections après la Glorieuse Révolution de Juillet [1830]" (5 signatures, mais pas celle du maire) [RD08, f° 98 (03/07/1836)].

Les élections de 1837, verront la nomination des cinq conseillers élus, le même jour que la nomination d'un nouveau maire, Martin Coudurier, les conseillers étant néanmoins installés par le maire actuel (voir au maire suivant) [RD08, f° 102-102v (10 juillet 1837)].

Ducret-Prince Thadet, maire (1832-1836)

 Thadet Ducret-Prince [CI-3380], est né en 1779 au Grand-Poutey, une grange isolée de Monnetier, hameau de Champfromier. Il donnera son prénom à la lignée dite des Ducret-Thadet. Mort au même Grand-Poutey, en 1846, il avait néanmoins eu un minimum d'instruction, ainsi qu'en témoigne sa signature, même si elle est rudimentaire, en lettres détachées "d u c r e t". Après un intermède, son fils Martin, sera aussi maire de Champfromier (1848-1861).

Politiquement, Thadet Ducret ne pouvait certainement pas être autrement que favorable au régime assoupli du roi Louis Philippe, mais sans excès... Ainsi la réponse à la circulaire du préfet relative à la Fête du Roi et désirant donner toute la solennité qu'elle mérite, rétorque que "les ressources de la commune ne permettant pas de faire de grandes dépenses, il se voit forcé, malgré sa bonne volonté, à s'en tenir à ce qui suit : la fête de notre bien aimé monarque sera célébrée dimanche prochain 3 mai, les autorités et la Garde nationale assisteront en uniforme à l'office divin, (et) le soir (du) 2 mai le son de cloches et des décharges de mousqueterie annonceront la fête ; pour payer les dépenses occasionnées par cette fête, le conseil vote 50 francs, dont une partie sera employée à l'achat de la poudre" [RD08, f° 92v (28/04/1835)].

Après des débuts très discrets, on l'a vu, le maire prend ensuite en main toutes les charges communales. On notera quelques faits particuliers comme la mise en application de mesures contre le choléra pour qu'il ne se propage pas dans l'Ain jusqu'à Champfromier, et par exemple par le souhait de pouvoir exporter davantage de charbon de bois. Mais on a surtout retenu de ses fonctions son avis favorable (du 14/08/1832) au paiement de l'important reliquat de 22.514 francs encore dus au sieur Coutier, suite à la reconstruction de l'église dans les années 1824-1827. Des mesures sont prises aussi pour la réparation du presbytère et en faveur du projet de construction d'une scierie au Pont d'Enfer, mais aussi pour encourager l'instruction primaire des filles et des garçons. Il est réticent à la demande de constructions de maison sur les communaux, y prévoyant la construction d'une maison commune et école. Il ne sera pas favorable non plus à la désunion avec Evuaz, mais devra néanmoins se soumettre à la confirmation de création de cette nouvellle section avec la nomination d'un adjoint spécial pour Evuaz

Les autre mesures prises sont usuelles, entretien des chemins et pont (sur la Semine), lutte contre les usurpations avec délimitations de communaux, gestion des gardes champêtre et forestier, affouage, coupe de sapins, enfin procès et délimitations concernant des communaux encore indivis avec Giron...

C'est sous son mandat que fut terminé sur le terrain, le 14 juin 1833, l'Atlas cadastral parcellaire de Champfromier, plus connu sous le nom de Plans napoléoniens, lequel resta en vigueur durant plus d'un siècle. Et bien que l'acte ne soit finalisé qu'à quelques jours de la fin de son mandat (le 4 juin 1837), c'est bien lui qui est cité et qui signe enfin l'acte de délimitation de la forêt indivise entre Champfromier et Giron, le 26 mai 1837.

 

Publication : Ghislain LANCEL. Sources : AC Champfromier, AD 08. Crédit photographique : Ghislain Lancel (Plan napoléonien, exemplaire de la mairie).

Première édition de cette page, le 15 décembre 2014. Dernière mise à jour, idem.

 

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