Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Vu l'article 3 de la loi du 21 mars 1831, et le procès-verbal d'élections du 4 juin 1837, le préfet arrête que M. Coudurier Martin [CI-4147] est nommé maire, M. Nicolet André [3225], adjoint, et M. Rendu François-Joseph [3701], adjoint spécial pour Evuaz [RD 08, f° 103 et 107 (arrêté du 10/07/1837)].
Suite à l'arrêté du Préfet, en date du 10 juillet 1837, Thadet Ducret (le maire précédent) avait procédé (le 18 juillet) à l'installation des sieurs Coutier Etienne [CI-601 (à vérifier)], Ducret Jean-Joseph [4455], Coudurier Martin, Marquis André [4430], Rendu François-Joseph, qui ont été élus conseillers municipaux par les assemblées électorales le 4 juin 1837, lesquels ont prêté serment, et signent dans cet ordre (signatures suivies de celle de Ducret, l'ancien maire), le sieur Nicolet n'étant pas désigné et ne signant pas (mais il sera bien présent par la suite) [RD 08, f° 102]. Plus loin, un tableau pré-imprimé intercale, en plus des mêmes noms (chacun avec le nombre de tours de suffrage et le nombre de ses voix), celui de Ducret Thadet [4721] en quatrième position (71 voix, au premier tour), soit six conseillers mais toujours pas de Nicolet [RD 08, f° 106v]. Les nouveaux maire et adjoints prêtent serment et signent [RD 08, f° 103v-104].
Evuaz veut se démarquer de Champfromier. Drame à Evuaz, l'adjoint spécial meurt en janvier 1838. Mais c'est le début d'une volonté de s'affranchir de Champfromier. Après ce décès, le préfet, considérant qu'il n'y a pas d'autre conseiller de la section, nomme Michel Mermet [(Michel-Marie) CI-4845], autre habitant d'Evuaz, comme nouvel adjoint spécial [RD 09, f° 6 (21/02/1838)]. Il accepte, prête serment et signe [RD 09, f° 6v]. Mieux, il prend son rôle (un peu trop...) au sérieux, le conseil lui reprochera même de consigner des mariages à Evuaz sans publication à l'église du chef-lieu, alors que ses fonctions ne devraient s'exercer qu'en cas d'impossibilité de communication (intempéries) avec le chef-lieu, ce qui n'est pas le cas puisque plusieurs personnes descendent et remontent chaque jour pour conduire les bestiaux dont ils font le commerce, comme aussi les gardes forestiers [RD 09, f° 24 (03/11/1839)]. De plus, une pétition sera adressée pour qu'Evuaz soit érigé en section, ce que le conseil refuse, demandant le soutien du Ministre de l'Intérieur, afin de ne pas sacrifier les cinq autres hameaux plus populeux [RD 09, f° 25v (10/05/1840)]. Un autre fait significatif de la volonté de s'imposer par ceux d'Evuaz sera que son adjoint obtient du préfet qu'un rang des sections soit tiré au sort entre Evuaz et Champfromier pour les prochaines élections. Champfromier est tiré au sort le premier et aura donc ses élections le dimanche, et Evuaz deux jours plus tard [RD 09, f° 26v (02/07/1840)].
Douze conseillers sont élus aux élections des 12 et 14 juillet 1840 : Marquis André [CI-4430] (78 voix), Coudurier Martin [4147] (58), Ducret-Thadet Martin [4721] (47), Mermillon André [André-Marie, né à Montanges, époux Tournier] (43), Guichon Jacques-Xavier [(des Sauges, natif des Bouchoux, signe Cadet dans le paraphe)] (19), Collet Joseph [4316] (19) et Mermet Michel-Marie [4845] (18), et au second tour, Ducret-Charrières Joseph (48) [(Jean-Joseph) 4455], Bornet-à-Jaque Joseph [Indéterminé] (42), Tournier André [4683 (futur maire)] (40), Coutier Claude-Marie [3631] (36), Genolin Charles [3559 (Claude-Charles, du Sollier)] (29) [RD 09, f° 28 (21/11/1840)]. Mais curieusement pour le serment ils ne sont que dix à être cités, avec précision qu'ils ont tous été réélus (!)... Par contre il y a bien douze signatures, dont celles des oubliés, "Mermillon" et "Guichon Cadet" [RD 09, f° 27 (07/10/1840)].
Sans surprise ou presque, le 29 octobre 1840, le préfet nomme à nouveau Coudurier Martin, maire, Marquis André adjoint, et Mermet Michel "maire [sic] adjoint spécial de la section d'Evuaz"..., lesquels prêteront serment, après installation par Martin Ducret, premier [sic] dans l'ordre du tableau [RD 09, f° 27v].
En vertu de l'arrêté du 20 mai 1843, une moitié tirée au sort des membres du conseil doit être renouvelée. Cette fois Evuaz opérera le premier, avec deux membres sur trois et Champfromier en second, avec 4 membres sur 9. Pour Evuaz, il s'agit des sieurs Collet et Guichon, et pour Champfromier des sieurs Genolin, Tournier, Mermillon et Coutier [RD 09, f° 41 (18/06/1843)]. Sont élus (dates non spécifiées) et prêtent serment un mois plus tard (délai requis pour d'éventuelles contestations) Coutier Claude-Marie, Mermet Pierre-Joseph [Nouveau (indéterminé)], Tournier Jean-Marie [Nouveau (indéterminé)], Juilland Louis [Nouveau (indéterminé)], Genolin Charles et Guichon Jacques (les trois nouveaux remplaçant Collet, Tournier André et Mermillon), lesquels sont installés, prêtent serment et signent [RD 09, f° 42v-43 (04/08/1843)].
Après cette moitié de conseillers renouvelée, le préfet nomme les nouveaux maire et adjoints : Coudurier Martin maire, Ducret-Thadet Martin, adjoint [nouveau], et Mermet Michel adjoint spécial pour la section d'Evuaz, qui prêtent serment (devant André Marquis, "premier conseiller dans l'ordre de la liste") et signent [RD 09, f° 44v-45 (07/09/1843)].
Des contestations seront ensuite exprimées par les fermiers d'Evuaz, concernant la liste des électeurs, mais elles n'auront pas de suite, pour cause de pièces insuffisantes, et dépassement du délai d'un mois [RD 10, f° 3 (07/03/1840) sic (1845)].
Les assemblées électorales se réunissent les 12 et 14 juillet 1846. L'acte d'installation est sommaire, il mentionne seulement les 7 noms des "nouveaux" conseillers (en remplacement de la seconde moitié), lesquels ont prêté serment et signé (12 signatures). Ce sont Ducret Martin, Ducret Joseph, Coudurier Martin, Ducret François, Tournier André, Mermet Michel et Collet Jean-Pierre [RD 10, f° 9-9v (23/08/1846)]. Cet acte n'est pas suivi de la nomination habituelle du maire et des adjoints.
On ne connaît pas bien le contexte de la fin du mandat, mais il est certain que le maire fut mis en difficultés. Ses conseillers iront jusqu'à voter en son absence un acte municipal de remerciements à son intention pour sa bonne gestion, et celle de son adjoint, s'adressant ainsi au préfet, lui rappelant qu'il lui ont demandé de renommer le maire et l'adjoint actuels (pour le prochain mandat), "en lui signalant quelques intrigues, d'un bien petit nombre, dictées par la haine", ajoutant que "s'il en était autrement, la commune ne pourrait qu'en souffrir, le conseil se trouvant en opposition". Suivent les neuf signatures, y compris celles des conseillers d'Evuaz [RD 10, f° 10v (02/11/1846)]. Puis la maire avait continué à honorer de sa présence les délibérations, jusqu'au 10 novembre, où la séance fut présidée par l'adjoint, "en l'absence du maire".
Martin Coudurier [CI-4147], est peu connu. D'après les recensements il demeurait à Communal, et on présume que c'était au Sapin, où il était cultivateur. Il y demeura d'abord avec deux sœurs puis avec sa femme, une Perrin qu'il épousa étant déjà âgé. Ce mariage nécessita un acte de notoriété, son baptême manquant dans les registres... On ne leur connaît pas de postérité. Il est probable que son dévouement s'est reporté sur ses administrés, à la place des enfants qu'il n'avait pas.
Etant au hameau de Communal, Martin Coudurier avait le recul suffisant pour gérer l'ensemble de la commune, sans privilégier Champfromier chef-lieu ou Monnetier dont presque tous les maires avant lui étaient originaires. Il eut toutefois à résister, comme son prédécesseur, à la volonté de désunion d'Evuaz. Durant ses mandats, plusieurs routes (de Trébillet à Forens) et ponts (réception de celui de Monnetier) furent construits tels qu'on les voit encore aujourd'hui. Mais une grande partie de ses délibérations communales concernent surtout les écoles, de filles et de garçons, avec des efforts constants pour avoir ou garder des instituteurs et institutrices (religieuses), ainsi que du matériel scolaire. Il laissera en particulier le souvenir de la construction de la mairie-école (de nos jours la cure) dont une plaque immortalise l'évènement sur un mur pignon intérieur du grenier "Maison construite en 1842 pour servir de mairie et d'école de garçons - Maire : Coudurier Martin".
Publication : Ghislain LANCEL. Sources : AC Champfromier, AD 08, 09 et 10.
Première édition de cette page, le 14 janvier 2015. Dernière mise à jour, idem.