Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Martin Ducret, maire (1848-1861)

 

Le 13 février 1848, André Tournier signe ses derniers actes au registre des délibérations, en tant que maire. Et c'est pour payer au sieur André Martin, serrurier, la somme de 20 francs pour réparation faites aux armes de la Garde nationale en 1846. Il lui avait consentit de réparer annuellement les dites armes, au nombre de douze, moyennant 10 francs, chaque année à partir de 1848.... Mais c'était quelques jours avant les Trois Journées Révolutionnaires (22-24 février 1848) et l'abdication de Louis Philippe. Le changement s'opère, à tous les niveaux. Louis-Napoléon Bonaparte sera élu le 10 décembre, comme Président de la IIe République.

Nominations de Mars 1848

Le 30 mars, le conseil fait lecture de la lettre de Mr le Sous-préfet provisoire, qui nomme pour remplir les fonctions de maire de la commune de Champfromier, les sieurs Ducret Martin [CI-4721 (conseiller au mandat précédent)], Président ; Coudurier Martin [CI-4147 (ancien maire)] ; Mermet Michel [(Michel-Marie) 4845] ; Coutier Claude-Marie [3631] et Genolin Charles, et les installe dans leurs fonctions (huit signatures, dont celle de Tournier qui n'ajoute plus sa mention de maire en paraphe, et toutes celles des nommés sauf Coutier).

Aucun acte ne figure ensuite, jusqu'au 4 juin 1848, date à laquelle Monsieur le maire installe dans leurs fonctions les nommés présents en début d'acte..., à savoir : MM. Ducret Martin maire, Coudurier Martin adjoint, Mermet Pierre [Pierre-Marie, Michel étant plus loin] maire adjoint spécial [de la Combe d'Evuaz], Coutier Paul [CI-4899, et non Claude-Marie son père], Ducret-Charrières Etienne, Guichon Jacques-Xavier, Collet Jean-Pierre, Mermet Michel, Coutier-Rey Joseph, Ducret-Meunier Nicolas, Tournier-Gros-Jean Jean-Marie, Ducret-Combet François et Genolin Charles (les 13 dénommés signent, dont Coutier Paul et non Claude-Marie) [AD10, f° 16, du 30 mars et 4 juin 1848].

Ce même jour, les membres du Conseil Municipal de la section d'Evuaz, rapportent que les habitants de la section désirent avoir aussi dans leur hameau un arbre de la Liberté. La commune "adhère à ce choix essentiellement républicain", et prie M. le Préfet de bien vouloir leur accorder un arbre qui sera pris dans la forêt communale.

Deux arbres de la Liberté seront donc plantés, ainsi qu'on l'apprendra plus tard, au moment de payer les frais, mais c'est pour la République ! L'état des dépenses est de 145,55 fr, "pour fournitures diverses faites aux ouvriers employés à couper, amener et planter deux arbres de Liberté, surmontés des drapeaux qu'ils ont encore fournis lors de la plantation qui a eu lieu dans les premiers jours de la République (...) Considérant que ces dépenses sont légales et une marque du patriotisme des bons citoyens, et ne voulant pas que notre glorieuse Révolution soit un motif de plaintes pour les fournisseurs, vote à l'unanimité ladite dépense" [AD10, f° 21 du 09/11/1848 (frais des arbres de la Liberté)].

 

Elections du 30 juillet 1848

Le registre des délibérations nous apprend ensuite que le 30 juillet 1948 s'étaient déroulées des élections, dont on trouve pour la première fois une liste claire des élus..., avec le nombre des suffrages obtenus par chacun, et qu'ils sont installés dans leurs fonctions. Le nombre des élus est de 9 pour Champfromier chef-lieu, et 4 pour Evuaz. Même si les prénoms changent parfois un peu (comme Guichon Jacques au lieu de Jacques-Xavier), et que plusieurs compléments de noms manquent, on reconnait que tous étaient déjà membres du conseil nommé en activité, et leurs signatures le confirment. Apparemment, pour ces élections, il n'y avait qu'une seule liste, celle des membres en place. Le maire en fonction recueille le plus de suffrages (de 3 voix), mais le maire adjoint spécial de la Combe d'Evuaz, lui, n'arrive pas en tête.

Ces treize noms comportent pour la première fois les dates de naissance des élus, permettant ainsi de les identifier sans grand risque d'erreur d'homonymie (bien que de nombreuses dates soient fausses...) Dans l'ordre alphabétique, ce sont : Collet Jean-Pierre [CI-4679], Coudurier Martin [4147 (adjoint actuel, élu 3e)], Coutier-[Rey] Joseph [4351], Coutier Paul [4899 (du Pont d'Enfer)], Ducret-Combet François [(François-Marie) CI-3997], Ducret-[Charrière] Etienne [4628], Ducret Martin [4721 (maire actuel, du Pont d'Enfer)], Ducret-[Meunier] Nicolas [(Marie-Nicolas) 4308 de Moulin-Dernier], Genolin Charles [3559 (Claude-Charles, du Sollier)], Guichon Jacques [Jacques-Xavier (des Sauges, natif des Bouchoux, signe Cadet dans le paraphe)], Mermet Michel [ne semble pas né à Champfromier], Mermet Pierre-Marie [4456 (adjoint spécial d'Evuaz actuel, élu 2e)], et Tournier-[Gros-Jean] Jean-Marie [3565].

Les treize élus signent.

[AD10, f° 19v du 21/08/1848 (liste des élus)].

Nominations et élections de 1852

Le 20 juillet 1852, Ducret Martin restant maire, sont nommés adjoints par le préfet, MM. Pierre Mermet (pour Evuaz) et Jean-Antoine Bornet [CI-4344], lesquels prêtent serment le 8 août. Jean-Antoine Bornet, est donc nommé adjoint à la place de Martin Coudurier, lequel ne sera plus du conseil suivant.

Ces nominations sont suivies d'élections à deux tours les 19 et 26 septembre 1852. Ils ne seront plus que 12 conseillers : Jean-Pierre Collet, décédé en juin 1850, âgé de seulement 38 ans, n'est donc pas remplacé. Mais c'est Evuaz qui n'en aura plus que trois (au lieu de quatre).

Sont élus au premier tour, Martin Ducret et Jean-Antoine Bornet, maire et adjoint, chacun avec 149 voix, puis Etienne Ducret (126), Paul Coutier (113), Joseph Tournier (106 voix, nouveau, dit de Sous-Balme au serment qui suivra, CI-4342), Joseph Coutier-Rey (105), André Marquis (98 voix, nouveau, CI-4430), Pierre-Marie Mermet (36 voix, section du Collet), Collet Joseph (37 voix, nouveau, CI-4316, il meurt l'année suivante), Auguste Rendu (27 voix, nouveau, indéterminé). Au second tour sont élus Charles Genolin (97) et Joseph Ducret-Chevron (91 voix, nouveau, CI-4552). Six sont nouveaux, dont deux à Evuaz, par rapport au conseil précédent. Tous les nouveaux signent, sauf Auguste Rendu et Joseph Ducret-Chevron (?) [AD10, f° 34v du 08/08/1852].

 

Nominations et élections de 1855

Par arrêté du préfet du 10 juin 1855, sont nommés maire et adjoints, les mêmes Martin Ducret maire, Jean-Antoine Bornet et Pierre-Marie Mermet (dit Pierre), adjoints, lequels prêtent serment en juin 1855.

Douze conseillers (dont les deux adjoints, mais pas le maire) sont ensuite "nommés par l'assemblée des électeurs" les 18 et 22 juillet 1855. Ce sont : Tournier Joseph (130 voix), Bornet Jean-Antoine (103), Ducret-Charrière Etienne (91), Marquis André (91), Ducret-Chevron Joseph (88), Coutier Roland (85) [Nouveau, non identifié], Coutier-Rey Joseph (81), Genolin Charles (76), Coutier-Rey Etienne (73) [Nouveau, CI-4311], Mermet Pierre-Marie (24), Rendu Auguste (20) et Mermet François (23) [nouveau, qui signe, non identifié], et ils prêtent le serment le 12 août 1855 (10 signatures) [AD10, f° 46 et 46v].

Nominations et élections de 1860

Martin Ducret est à nouveau nommé maire, par arrêté du Préfet en date du 4 août 1860. Pierre Mermet, propriétaire, est lui reconduit dans sa fonction d'adjoint spécial d'Evuaz. Quant à l'adjoint de Champfromier (Jean-Antoine Bornet, qui ne sera pas non plus de la nouvelle liste des conseillers), il est remplacé par Etienne Ducret [Ducret-Charrière Etienne, CI-4628], un fidèle du maire depuis ses débuts en 1848. Tous trois prêtent le serment le 17 août.

Les 12 élus (le maire n'étant pas de la liste) par l'assemblée en dates des 19 et 26 août 1860, prêtent serment le 18 octobre, et sont prévenus qu'ils seraient déclarés démissionnaires s'ils étaient absent trois fois consécutivement sans motif reconnu légitime. Ce sont MM. Tournier Joseph, Ducret Julien [nouveau, CI-4192], Ducret Etienne, Marquis André, Coutier Paul [CI-4899 (il avait déjà été conseiller en 1848)], Coutier-Rey Etienne, Coutier Claude-Marie [nouveau, non identifié], Mermet François, Rendu Auguste, Ducret Jean Californien [nouveau, CI-4920], Ducret-Lizet Joseph [nouveau, CI-5319], et Tournier Jean dit Brulin [nouveau, non identifié] (11 signatures) [AD10, f° 63 et 63v].

Martin Ducret-Thadet (Sous-branche des Prince)

Cantonnier, scieur de bois puis aubergiste, Martin Ducret [CI-4721 (de la branche Goy-Ducret/Ducret-Prince/Thadet)], maire, décède le 28 août 1861, en cette triste année connue pour des conditions climatiques très inhabituelles (famine) et une probable épidémie foudroyante (55 décès), le maire lui-même remplissant encore un acte de décès le jour même de sa mort... De la branche des Ducret-Prince, il était le fils de Thadet Ducret, ancien maire de Champfromier (1832-1836), dont le prénom avait donné la lignée dite sans originalité des "Ducret-Thadet" ! C'est Paul Coutier, l'un de ses conseillers, qui lui succèdera. En tant que maire, quatre fois nommé par le préfet de la nouvelle République (1848-1861), son action avait été de gérer durant treize années la variété des affaires communales (forêts, écoles, instituteurs et institutrices..., chemins, cimetière, église, pompiers, indigents, bornes-fontaines en fonte alimentées par des canalisations en terre cuite arrivant au chef lieu en passant par Communal, etc.)

 

Publication : Ghislain LANCEL. Sources : AC Champfromier, RD10.

Première édition de cette page, le 8 avril 2015. Dernière mise à jour, idem.

 

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