Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Circuit des lavoirs de Champfromier (Inédit)

 

Ce circuit des lavoirs de Champfromier a été inaugué par la balade PHC du 17 mai 2014, en complément sur le terrain du livre des Lavoirs et fontaine de Champfromier (sorti en novembre 2013). On s'y réfèrera pour les compléments aux quelques informations reprises ci-dessous.

Quelques mots sur les lavoirs

Tout le monde sait que les lavoirs sont de petits édifices servant à laver le linge. Mais dans la pratique, il n’est pas si simple de reconnaître un lavoir ! Qui dit lavoir, dit alimentation en eau, fontaine, et, à partir de là, cette eau peu servir à boire, à abreuver le bétail, à alimenter un bac servant de petite réserve en cas d’incendie, ou à un usage de lavoir ! On s’intéressera donc à tous les aspects des bacs, abreuvoirs, fontaines, lavoirs et même réservoirs, captages et tabourets.


Quelques dates :


1828. Passée la Révolution et ses excès (vols de bois, tavernes lieux de débauche), la municipalité commence à gérer les biens publics. On ne parle pas encore de lavoirs. Un bac est prévu au Pont d'Enfer mais, faute de crédits, il ne sera qu’un billon de bois de sapin, creusé.
1848. Les habitants du hameau de Monnetier manifestent leur mécontentement de devoir passer 10 minutes pour aller chercher de l’eau à la rivière (Charrières).
1874. La municipalité décide de construire trois premiers lavoirs couverts, avec de la pierre des carrières du pays (Géorennes).
1934. Dernières construction dites de lavoirs-abreuvoirs (Charnaz, en bordure de la nouvelle route de Giron).
1938. Pose de bornes-fontaines, économisant l’eau. Avec la guerre, les lavoirs auront une nouvelle vie. Puis l’arrivée de l’eau, froide et même chaude, dans les foyers réduira les lavoirs à des édifices du patrimoine romantiquement fleuris.

Laver son linge sale en public n’aura donc duré qu’une soixantaine d’années, mais c’est le temps de deux générations de femmes, qui ont marqué leur époque avec cette tradition.

Promenade des lavoirs

Ci-dessous, le trajet. Seuls quelques commentaires ont été repris ici. On se reportera au livre pour plus amples compléments et précisions.

Pour la balade sur le terrain, on part évidemment du plus connu, et aussi du plus beau, le lavoir St-Martin, près du Pont d'Enfer (parking à proximité, en face du Foyer rural). Ce lavoir couvert fut achevé en 1905. On admirera les arabesques séparant ses bassins de deux niveaux d'eau différents. A côté se trouvait la buanderie, pour faire bouillir le linge.

Ensuite on se dirige vers le petit centre commercial, et sa fontaine toute récente, la fontaine de la Place du village. L'angelot, provenant d'Alsace, avait été donné à la municipalité d'alors par les héritiers de la scierie Cyrille Ducret lors du rachat des immeubles de nos jours détruits et remplacés par l'ensemble des habitations actuelles entourant cette place. Et l'angelot au dauphin a ainsi trouvé la place qui lui avait été destinée.

Quelques mètres plus loin à droite, un passage derrière les maisons nous permet de nous retrouver devant un jardin privé. Au centre on pourra apprécier une ancienne fontaine privée de forme octogonale entourée d'une large margelle. Elle appartenait à la famille Bornet qui tenait la boulangerie et la cordonnerie dans un immeuble qui se trouvait approximativement rue des Burgondes, à côté de la Poste.

On monte ensuite vers la chapelle St-Julien, où se trouvait la source et son bachat (bac, en patois, ayant pour un temps donné son nom aux maisons voisines de l'église situées au-dessus de cette source. L'eau de cette source était réputée pour soigner les yeux. Son trop-plein alimentait un bac privé à la scierie, et peut-être aussi la fontaine Bornet.

Continuant de monter cette rue, à quelques mètres à gauche, se trouve un bac privé (Gaillard) daté de 1895 (Gaillard). Une conduite le reliait au lavoir de la Caserne, ce qui donna lieu à une indemnité aux Ducret-Médecin, propriétaires des lieux.

Rebroussant chemin, toujours Rue de l'Eglise, on arrive au lavoir "Prost", dénommé ainsi en référence au propriétaire de la maison voisine lui faisant face. Lors de la vente de la parcelle, les propriétaires en avaient doublé le prix grâce à la présence d'un poirier !

On tourne ensuite à gauche et, par une petite montée, puis ayant traversé la route, on prend à gauche la Rue de la Fruitière où un lavoir se trouve approximativement en-dessous du tabouret de Champbrun que l'on verra ensuite.

On rebrousse chemin et l'on tourne à gauche pour observer le Lavoir de Champbrun, jadis déplacé comme d'autres pour faciliter la circulation (des chars à bœufs, naturellement !).

Encore à gauche on prend le chemin de Chambrun, qui bientôt n'est plus qu'en terre.


Le tabouret en contrebas du chemin de Champbrun

A mi-pente, le chemin comporte une belle dalle, que l'on pourrait prendre pour une pierre naturelle affleurant le chemin. Il n'en est rien, c'est un tabouret, comme on peut s'en rendre compte en descendant un peu le talus sur sa gauche. Cet ensemble permettait de réorienter les rigides canalisations, dont l'une en direction du voisinage du lavoir situé juste en-dessous, rue de la Fruitière et l'autre vers l'entrée du Vieux-Bourg.

Arrivé à Communal, derrière le premier lavoir on observera l'étrange socle octogonal situé sous la fontaine, probablement un remploi du lavoir qui se trouvait juste en face (ou d'une grange dîmale brûlée avant la Révolution). Cette fois, lors de l'achat de la parcelle, la commune eut à composer avec la valeur de quatre poiriers...

Un peu plus loin, le lavoir de la Rue des Sanges est le plus ancien, et c'est le mur qui tient lieu de côté arrière !

Revenant au carrefour de la grande route, on prendra à gauche puis bien vite à droite. Là on repèrera une ouverture derrière laquelle se trouve un puits, probablement très ancien, et en tous cas très profond.

Un peu plus loin à gauche, c'est le réservoir (dit du Sapin), encore en usage.

Poursuivant et passant derrière l'élevage de chiens du Sapin, on continuera sa route sur le chemin durant une dizaine de minutes avant d'arriver à un gué. De là on redescendra de quelques dizaines de mètres, s'il n'y a pas trop d'eau, dans le lit de ce ruisseau, la Sandézanne, jusqu'à un magnifique tabouret et captage, comportant un linteau triangulaire de plus de deux mètres de largeur. Encore une dizaine de mètres plus bas on retrouvera un pont, bouché en amont, sous lequel passait l'eau du ruisseau tandis que les canalisations en fonte, encore visibles, passaient au-dessus. Des traces d'anciennes canalisations en terre cuite avaient aussi été observées dans le lit du ruisseau.

Revenant au gué et remontant le ruisseau par la gauche (rive droite), on arrivera enfin à une source du Naz, qui comporte un captage en pierre de taille tout à fait comparable au précédent. Cette prise d'eau fut en fonction jusque vers 1935 environ, lorsque la source des Sanges (sur Montanges) après un long périple, apporte l'eau jusqu'au réservoir vu précédemment à Communal.

Le retour se fera par les mêmes chemins jusqu'à la sortie de Communal. Là, à droite, on redescendra par le célèbre chemin dit des Chalandes, puis par le sentier (voisin de la maison Tournier), puis encore par son prolongement arrivant non loin de l'église et enfin au point de départ par la Rue de la Chapelle.

En espérant que vous aurez apprécié, dans un cadre charmant, la découverte de ces petits édifices du réseau d'eau qui changèrent la vie de nos ancêtres, apportant l'eau jusque même à l'intérieur des foyers, après que deux générations de femmes aient frotté le linge dans des lavoirs publics couverts, heureusement préservés de l'abandon et mis en valeur pour le patrimoine, et les rendez-vous discrets des jeunes d'aujourd'hui !

Compléments : Voir dans Picasa la série complète des photos couleurs de l'ensemble des édifices du réseau d'eau (ne figurant qu'en noir et blanc dans la publication) et une carte des positionnements dans Google Maps (là aussi avec photo couleur en cliquant sur l'icône de son choix), liens dans la page des compléments au livre PHC sur les lavoirs.

 

Publication inédite et photo : Ghislain Lancel (17/05/2014).

Première publication le 21 mai 2014. Dernière mise à jour de cette page, idem.

 

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