Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
"[f° 107] Ordonnance de visite pour l’Abbaye de Chesery [Complément en forme d’errata au compte-rendu qui suit]
Frère Jean-Antoine [De la Forest de Sômont], abbé de Tamié, Vicaire général de l’Ordre de Cîteaux en la province de Savoye, savoir faisons que, visitant le monastère de Notre Dame de Chézery, filiation de Fontenet, nous y avons trouvé sept religieux profès d’iceluy avec [plus] le Supérieur commissaire et un convers, outre trois autres profès d’iceluy, dont l’un est supérieur Commissaire de l’abbaye de Hautecombe, le 2ème demeure au monastère d’Hautecombe et le 3e est le confesseur du Betton, et qu’après avoir pris une entière connaissance de l’état spirituel et temporel dudit monastère de Cheseri, nous n’avons pas jugé qu’il fût nécessaire de faire de nouveaux règlements, nous étant contentés d’exhorter le supérieur et les religieux de continuer à exécuter les précédents, contenus dans notre carte de visite ci-dessus [de l’année précédente], laquelle nous ordonnons être lue au chapitre à tous les 4 temps de l’année.
Fait au dit monastère de Cheseri, le 4 août 1679 [l’article suivant commence le 3 août !]" [Fin de la transcription].
"[f° 107] Frère Jean-Antoine [De la Forest de Sômont], abbé de Tamié, Vicaire général de l’Ordre de Cisteaux en la province de Savoye, savoir faisons que, faisant notre visite régulière dans l’abbaye de Chesery, dudit Ordre de Cisteaux, accompagné de Dom Bernard Chaffon religieux profès de l’abbaye de Cisteaux, après avoir ordonné ce que nous avons jugé nécessaire pour l’état spirituel dudit monastère, nous aurions pris connaissance du temporel d’iceluy, tant par l’examen des comptes de la communauté que par la représentation que nous nous sommes fait faire des meubles d’icelle et de ceux qui seraient à l’église et sacristie, comme aussi par la visite que nous aurions faite de l’église, lieux réguliers [f° 108] et autres bâtiments y joints ; de tout quoi nous avons dressé notre procès-verbal à la requête de nos vénérables confrères les supérieur et religieux dudit Chesery pour leur servir au besoin sera.
Pour ce est-il que ce jourd’hui 3 août 1679, nous nous serions transportés dans la dite église, que nous avons trouvée en bon état, sauf le pavé du presbytère [partie du chœur réservée aux moines, entre l’autel et l’espace des convers] qui est entièrement gâté et les formes [bancs] qui sont audit presbytère pour le prêtre et les ministres de l’autel qui, pour leur caducité, ne peuvent servir, lesquelles avec le susdit pavé, il est indispensablement nécessaire de faire à neuf pour la due célébration de l’office divin. Et comme les formes du chœur ne sont pas fermées par le bas et qu’il n’y a point d’echnaloge (?) soit jubé derrière ledit chœur pour dire les leçons de matines, il est nécessaire d’ajouter une forme de chaque côté audit chœur et une porte au milieu, et de faire des degrés [marches] et un pupitre derrière le dossier du chœur du prieur pour la due célébration de l’office canonique, lequel ne se pouvant célébrer sans les livres nécessaires comme graduels, antiphonaires, lectionnaires et psautiers, il est du tout nécessaire qu’ils en aient pour le moins deux de chaque sorte, sauf le lectionnaire dont un seul suffit, comme aussi une lampe au milieu du chœur et l’autre derrière iceluy.
Vu_Ensuite nous aurions visité l’horloge que nous aurions trouvée sans autre sonnerie que celle des heures, et encore si caduque qu’il ne peut être réglé, lequel aussi nous avons remarqué être en lieu fort incommode, tant parce que par sa proximité il (elle) trouble repos du chœur et la paix de l’oraison, que parce qu’il y a beaucoup à craindre que les poids ne blessent ceux qui entrent au chœur et à la sacristie et (ceux) qui sonnent. Pour ce, il est nécessaire d’en avoir un [sic] nouveau et de le placer, ou sur la voûte de la croisée droite de l’église ou sur le lambris du dortoir près du clocher.
Vu_Puis nous avons visité la sacristie et les meubles servant en icelle [f° 109] et ornements d’église parmi lesquels nous n’aurions trouvé pour la couleur violette qu’une chasuble presque hors d’état de service, et de même pour la couleur noire ; pour la verte, deux chasubles et point de chappes ni voiles de calice, non plus que des tunicelles, dalmatiques et chappes pour la couleur violette et noire, ni des devant d’autel pour garnir ceux de la nef ; et comme outre ce que dessus il manque beaucoup de linge pour les autels, pour l’habillement des ministres de l’église et pour le service d’icelle et de la sacristie, il est indispensablement nécessaire d’avoir les ornements et le linge qui manquent, sans quoi l’on ne peut ni orner les autels, ni célébrer les messes et autres offices. Et attendu qu’il n’y a que trois calices en ladite sacristie, dont deux seulement servent, le troisième étant percé au fond et qu’il y a nombre de prêtres qui sont obligés de célébrer souvent tous ensemble, il faut pour le moins quatre calices.
Puis nous serions monté au dortoir que nous aurions trouvé en bon état, sauf que nous l’aurions senti du tout infecté par les lieux communs qui n’ont point d’égout, ce qui rendrait à la suite du temps ledit dortoir inhabitable si on ne fait pas au plus tôt un canal pour les vider ; sur le couvert duquel dortoir nous aurions observé qu’il manquait un clocher dans lequel, suivant l’institution de l’ordre, il doit y avoir une cloche pour réveiller à matines et qui pourrait à même temps servir à sonner le réfectoire.
Du dortoir, nous serions descendus au réfectoire, chapitre, cuisine et chauffoir, dont nous aurions trouvé les châssis des vitres et les volets de menuiserie sans aucunes ferrures et les fenêtres de la dite cuisine qui sont à ras de terre non barrées [sans barreaux], lesquels ferrements doivent être au plus tôt faits pour conserver les vitres qui ont beaucoup souffert, faute d’iceux. Il manque de plus audit chapitre, des bancs soit formes pour s’y asseoir et de pupitres pour y lire [f° 110] le martyrologue et la règle.
Ensuite nous aurions fait le tour du cloître qui est en état depuis l’église jusqu’à la porte du réfectoire, mais depuis ladite porte jusqu’à l’entrée du monastère la muraille de la main droite menace ruine, les piliers qui la soutiennent manquent en plusieurs endroits, comme aussi les fondements. Il y a trois allées dudit cloître qui n’ont ni voûte ni lambris, et tout ledit cloître n’est point pavé. La fontaine qui est en iceluy cloître est la plupart du temps inutile, les tuyaux de bois qui la conduisent étant pourris, ce qui est d’autant plus incommode que les religieux ne peuvent avoir de l’eau que par ladite fontaine.
Nous aurions ensuite visité le corps de logis [bâtiment sud du cloître] qui est entre le dortoir et le corps de logis qui fait face à l’entrée du monastère, et nous avons remarqué que la muraille du côté du jardin et qui est lié par des clefs de bois penche extraordinairement et menace ruine s’il n’y est pourvu au plus tôt.
Et le lendemain, quatrième dudit mois, et continuant notre visite des bâtiments commencée le jour d’hier, nous aurions vu que le couvert de la maison qui est derrière le dortoir [Pavillon Gros/Brigand] est à demi pourri, et passant outre nous aurions trouvé une palissade qui renferme le derrière dudit monastère et le jardin, et laquelle sert d’enclos. Et comme il est de la sûreté du monastère et du bon ordre qu’il y est un enclos de murailles d’hauteur raisonnable et qu’il parait les vestiges de celuy qu’il y avait autrefois, nous n’avons rien jugé de plus pressant que d’en faire un conformément à l’ancien.
Et comme en parcourant lesdits bâtiments nous n’en avons trouvé aucun qui serve ni qui soit en état de servir pour les infirmes, pour recevoir les survenants et pour retirer le blé, en quoi consiste principalement les pensions des religieux, il est indispensable de mettre des lieux en état pour servir à ces trois usages.
Apres laquelle visite et examen de l’administration du temporel de la communauté nous serions informé de la manière dont on faisoit les aumônes ordinaires et extraordinaires, sur quoi nous aurions reçu les plaintes que nous auraient faites nos dits vénérables [f° 111] confrères et autres particuliers, qu’il ne s’en faisoit aucune quotidienne et que même on n’employait pas aux extraordinaires la quantité de blé accoutumé et établie par la faute des fermiers qui en sont chargés par leur bail à ferme. Nous, en suivant les décrets du concile de Trente ès chap. 8 et 9 de la réformation en la session 22 et les statuts de notre ordre qui ordonnent aux visiteurs de prendre un soin particulier de la distribution des aumônes, nous aurions ordonné au supérieur dudit monastère de veiller à ce que la quantité susdite de bled soir employée aux aumônes extraordinaires, à la distribution desquelles nous lui aurions enjoint d’assister, par lui ou par un religieux qu’il commettra. Et quant aux aumônes quotidiennes qui se doivent faire à la porte du monastère suivant nosdits statuts, nous aurions enjoint audit supérieur et religieux de convenir incessamment par voies amiables et autres nécessaires le Rd Abbé commendataire, soit le procureur par lui établit, pour faire faire ladite aumône quotidienne à la porte.
Comme aussi nous aurions enjoint auxdits supérieur et religieux de convenir comme dessus lesdits Rd Abbé ou son procureur pour faire les réparations ci-dessus spécifiées et de lui faire signifier notre présent procès-verbal afin que les lieux soient en état pour toutes les observances régulières auxquelles les religieux de notre ordre sont tenus.
Donné audit Chézery les an et jours que dessus [3 et 4 août 1679], sous notre seing manuel, celui de notre adjoint et le contrescel de notre abbaye." [Fin de la transcription].
"[f° 126] Ordonnance pour les comptes de Chesery.
Frère Jean-Antoine [De la Forest de Sômont], abbé de Tamié, savoir faisons que sur les plaintes à nous faites par nos vénérables confrères les religieux de Chesery , touchant la reddition des comptes, de ladite communauté, que doit faire notre très cher confrère Dom Pierre Gros, religieux cellérier jadis dudit Chesery d’une part, et par ledit Dom Pierre Gros d’autre [sic], ouï sur ce notre vénérable confrères Dom supérieur commissaire dudit Chesery, et ledit Dom Pierre Gros, nous avons ordonné, comme par ces présentes nous ordonnons, que ledit Pierre Gros, jadis cellérier, rendra compte de tout ce qu’il a reçu, dépensé, géré et négocié pour ladite communauté, à commencer dès le jour 17e février de la présente année [1679] jusqu’au jour qu’il a cessé d’être cellérier, par devant ledit commissaire et religieux capitulairement assemblés, et sur iceux comptes, circonstances et dépendances, ledit supérieur commissaire rendra ordonnance, de laquelle ledit comptable ou religieux se trouvent grevé, ou se pourvoira devant nous.
Fait à Chambéry, le 18 novembre 1679." [Fin de la transcription].
Source : AD73, SA 206, f° 107-111 et f°126.
Publication : Ghislain Lancel. Remerciements : Frère Jean-Bénilde (Tamié) ; Hélène Rinaldi (Transcription).
Première publication, le 26 juin 2020. Dernière mise à jour de cette page, idem.