Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Famille Gros-Fillex à Chézery

 

La branche des Gros-Filley (Grosfilliex, etc.) n'a pas été retenue dans l'ouvrage Les Gros et leurs descendants, publié en 2015 par Bertrand Guyot. Nous offrons donc d'apporter quelques notes sur cette branche.

Cinq maires Grosfilliex, dont quatre de la même famille au XIXsiècle

Au XIXsiècle les Gros-Filley sont la famille de notables la plus influente du Quartier de l'Abbaye à Chézery (Ain), avec des négociants, en particulier dans le fromage, et plusieurs maires.

1816-1831 : Michel Grosfillex, parfois dit Jolon [CI-7707 du Fichier des baptêmes de Chézery, code d'identité de complaisance pour gérer sa famille puisque né à Mijoux (Ain) le 13 octobre 1755, et baptisé le même jour aux Moussières (Jura), marié deux fois à Lélex, mais décédé à Chézery, le 29 janvier 1832, âgé de 76 ans, cultivateur, cabaretier (au Logis du bas, D1222 en 1818), propriétaire. Il est le premier à faire mention d'une mairie : "fait au bureau de la mairie".

1833-1848 : Jean-Joseph, dit Jean, Grosfilley [aussi CI de complaisance 7708, puisque né le 13 juillet 1779 à Lélex], fils du premier lit de Michel Grosfillex dit Jolon, décédé le 12 février 1861 âgé de 81 ans, négociant, cultivateur, aubergiste (actuel Relais des Moines). Il fut un maire très actif, traitant de tous les sujets, favorable à l'école laïque pour les garçons et les filles, mais aussi au principe de la religion et à l'entretien de l'église, des communaux ; voyant aussi d'un bon œil le projet de Chemin de Grande Communication n° 16, et n° 14, etc. Il lui arrive parfois aussi de confondre ses intérêts personnels avec ceux de la commune (négoce, constructions personnelles sur la Place. Toutefois, il utilise aussi ses relations de haut niveau avec des personnes proches du gouvernement pour les biens de la commune. Il semble toutefois que ce maire, dépité de se voir refuser par les agents forestiers et le préfet les ventes de fayards pour assumer les lourds frais à venir (clocher et couvert de l'église, procès contre quelques indépendantistes de Menthières, création du Chemin de grande communication n° 16, et aussi du n° 14), il ait démissionné avec plusieurs membres de son Conseil Municipal, ou du moins ne se sont-ils pas représentés. Au total des états de Forens et de Chézery en 1833 et 1847, il était propriétaire de 64 parcelles, dont 4 maisons, le Logis d'en bas qu'il habite, une maison voisine (pour un temps école) donnant sur la place, la Grande Bossonna gérée par un fermier et la grange de Mont-Plat à Forens. Au nom de sa femme, il peut ajouter une trentaine de parcelles, dont une maison au Crêt (d'en haut).

1855-1863 : Joseph Grosfilley [CI-10792], né le 17 mai 1819 à Chézery, fils de Jean-Joseph Grosfilley, ancien maire de Chézery, décédé le 27 septembre 1896 à Chézery à l'âge de 77 ans, cultivateur, marchand de fromages, négociant. C'est de son temps que fut construit pour la première fois en pierre le pont de Forens (en face de la Fontaine-Bénite).

1871-1876 : François Grosfilley [CI-11475], né le 19 mars 1832 à Chezery, fils d'Emmanuel (lui-même enfant du second lit de Michel Grosfilley dit Jolon, ancien maire de Chézery). Il est décédé le 21 août 1910 à (69) Saint-Laurent-d'Oingt, à l'âge de 78 ans, négociant, cultivateur.

1945-1953 : Maurice Grosfilley [CI-14089 ?]. Il serait d'une famille native de Mijoux.

 

Voir des compléments dans la Liste des maires.

 

Branches Fillex

On relève 150 individus Gros-Fillex au fichier des baptêmes de Chézery (dont une trentaine de lignes reconstituées), couvrant les années 1568 environ à 1921 (fin des années légalement consultables).

Les maires sont cependant issus d'une lignée bâtarde et peu fixée. Michel [7707], né à Mijoux (Ain) mais baptisé aux Moussières (Jura), est fils d'un Roland [7706 (aussi CI de complaisance à Chézery)] né le 14 août 1726 à Lélex et ayant pris le nom de sa mère, étant un enfant "bâtard" (mention en marge), garçon naturel de Marie Gros-Filley dit La Jole qui a déclaré qu'il était des œuvres d'un nommé Joseph, du Valromey, maître charpentier, qu'elle avait rencontré dans une hôtellerie proche Versoy" [Lélex, (vue 11 /33)]. Du fait de son pseudonyme et bien qu'elle soit née à Lélex, la mère était certainement d'une famille native de La Rivière, alors du hameau de Chézery comportant un lieu-dit "La Jole". D'ailleurs, quatre Gros-Fillex, les plus anciens connus à Chézery dont un Michel, maréchal, sont tous de la Rivière dans les reconnaissances envers l'abbé de 1608 [AD74, 1G 454].

Une sous-branche Fillex/Menard arrive à Chézery venant de Lélex dans la seconde moitié du XVIIIsiècle.

Les anciennes usines Gros-Fillex, scieries et usine électrique, patron électricien (XIXsiècle et XXsiècle)

Jules/2 Gros-Filley [CI-10964 (1822/1905)]. Son épouse tenait une auberge avec son époux avant 1855. Ils sont cités par le Baron Achille de Raverat (Les Vallées du Bugey publié en 1867), le mari y étant décrit comme un colosse de plus de six pieds de haut. Il avait possédé une première scierie, importante (Voir Moulin Thomas) et outillée avec les nouveaux procédés mécaniques, selon le Baron Raverat, qui se trouvait en amont de Chézery au croisement de la route de Chézery à Lélex et du pont en bois de la route de Noirecombe. La seconde fut celle du Tilleret (L'Avenière). Leurs bâtiments ont été en partie emportés lors des inondations de 1910. Jules avait fait figure de précurseur, étant le premier du département à utiliser le chemin de fer comme moyen de transport des grumes. Jules est d'une branche native de Mijoux. En 1856 il est recensé au quartier de l'abbaye, marié, marchand (de bois) ayant 3 domestiques, et de même en 1861 et 1872, 1876, 1881, 1886, 1891, 1896, et 1901, leurs enfants en plus.

Un article publié dans l'Abeille du 20 novembre 1858 donne Jules en exemple pour la modernité de sa scierie permettant la fabrication rapide de poutres aux dimensions rigoureuses et ses expéditions à Lyon par le train de Bellegarde : "Echo des montagnes. (...) La vallée de Chézery, isolée au sein du Jura, ne pouvait guère, empêchée par la difficulté et le prix du charroi, écouler les bois de ses montagnes : la gare de Bellegarde s'est ouverte et reçoit en quantité les arbres débités aux usines nouvellement établies sur les cours d'eau des communes de Lélex et de Chézery. M. Jules Grosfillex est l'un des marchands de bois qui ont le mieux compris l'avantage qu'ils pouvaient obtenir de la voie ferrée. Ses scieries, établies d'après les systèmes modernes, jouent avec une prestesse et une justesse meveilleuses. Ses bois desciées (sciés de long) sont chargés à Bellegarde et arrivent avec lui dans la même journée à Lyon, où ils sont presque toujours immédiatement enlevés, tellement ils sont bien fabriqués. L'exemple de M. Jules Grosfillex devrait bien être suivi par plusieurs de nos marchands de bois qui ont des usines à leur disposition. Qu'attendent-ils pour changer leurs mécanismes surrannés, marchant aussi lentement que des tortues ?"

Edmond Grosfilley [CI-13635 (1884/1973)], est fils unique de Francisque [12540], négociant (1882), marchand de bois, puis exploitant du barrage électrique de Chézery, lui-même fils de Jules/2 ci-dessus [10964]. Il est recensé au quartier de l'abbaye en 1886 (1 ans) où Jules, son grand-père est marchand de bois, de même en 1891 et 1896, mais à Forens en 1901 (17 ans) où son père est marchand de bois, et son oncle Félix électricien, et enfin à Forens, quartier "Tilleret-Vénières (L'Avénière)", en tant que patron, industriel, marié et ayant une fille, vivant aussi avec ses parents en 1921, patron électricien en 1926 vivant au chef-lieu de Forens, et de même en 1931 et 1936 (Electricien mécanicien).

 

Sources pour l'abbaye : Ghislain Lancel, L'abbaye de Chézery.

Publication : Ghislain Lancel. Remerciements : Michel Blanc (documents Grosfillet).

Première publication le 14 juin 2023. Dernière mise à jour de cette page, idem.

 
<< Retour : Chézery, accueil