Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
La Miérette est la dernière ancienne grange de prés et de bois de Noire Combe, hameau de Chézery, quand on poursuit son chemin après le Combet et au-dessous du Fond des Prés. Situé à environ 770 mètres d'altitude, ce lieu domine qui domine la Valserine sur sa rive droite, fait face aux dernières crêtes du Jura sud. La Rivière et le Rocher des Hirondelles, dans un magnifique environnement, sont situés rive gauche.
Le 4 février 1633, la jeune Collarda Durochex, de Neyrecombaz (Noire Combe), avait passé un traité (contrat de mariage) avec Philippe Collet, laboureur de La Rivière. Ils avaient certainement déjà déserté Chézery l'un et l'autre pour trouver de meilleures conditions de travail plus au sud, non loin de Brénod, sur le pourtant rigoureux Plateau du Retord (Haut Valromey), puisque le notaire de leur acte de mariage est Me Claude Goyffon, officiant au Petit Abergement [3E 6709, f° 244v-245v].
En 1679, plus de trois décennies ont déjà passé, et la Collarde, qui a été malade, entend récompenser par un don l'un de ses fils pour ses soins : "en récompense des bons et agréables services à elle faits par sesdits fils et belle-fille (Claude Collet et Anne Mathieu dite Vernay, mariés en 1674), tant de maladie qu'elle a eu ci-devant, (que) de ceux qu'elle reçoit journellement, en sa décrépitude et vieillesse, que pour ceux qu'elle espère recevoir à l'avenir".
Pour ce don entre vifs en date du 14 juillet 1679, honnête Nicolarde Durochex (dont le prénom est une une variante), femme d'honnête Philippe Collet, alors marchand demeurant aux montagnes du Petit-Abergement (terre de France), se confie à Me Richerot, notaire royal de Brenod en Bugey. Elle donne (par préciput) à ce fils et sa femme, "certains biens à elle appartenant par héritage de son feu père, situés en la province de Savoie, au lieu de Cheysiry (Chézery), nommé vulgairement Neyre Combe (Noire Combe), plus précisément au lieu dit Le Fond du Pré. Parmi ses biens, elle a "une petite maison, appelée La Miellerette". Cette maison, avec les biens en dépendant, n'appartiendront toutefois au couple bénéficiaire qu'après son décès et celui de son mari, et n'en seront préalablement qu'usufruitier. Le fils et sa femme en auront chacun la moitié, mais s'il advenait que ledit Claude décède avant sa femme et que celle-ci convole en secondes noces, alors elle serait privée de sa moitié.
Les biens jouxtant les possessions de ladite maison sont les communes (communaux) du matin et du soir (à l'est et à l'ouest), le pré et la terre du nommé Cordonnier du vent (du sud), et les terre et pré de Louis Sour (Siord) de bise (du nord).
Selon Henry Suter, le toponyme Miérette pourrait dériver du franco-provençal meyri (alpage entouré de bois), et/ou du latin meria, moeria désignant des alpages ou des pâturages partiellement boisés. Ces descriptions sont tout à fait adaptées à notre grange de Chézery.
Ce toponyme est encore usité, sous les formes : la Miérette (carte IGN), et Millerette (cadastre.gouv). La grange a toujours fière allure, et les prés sont exploités.
Voir une balade passant par la Miérette.
Publication : Ghislain Lancel. Remerciements : Nicole Collet (Neyrolles). Photographie : G. Lancel (27 juin 2019).
Première publication de cette page, le 16 décembre 2020. Mise à jour, idem.