Patrimoine et Histoire de Champfromier
Par Ghislain Lancel

Chézery, histoire

 

Chézery est une commune du département de l'Ain, ayant connu la célébrité par son abbaye cistercienne.

Voir la Commune de Forens (1801-1962).

 

Habitats anciens

Voir Habitats anciens (Le Plat de la Fontaine, les Hôtes, Le Villard, etc.) [En préparation]

 

Chézery passe de la Savoie à la France en 1535

Par lettres datées de Crémieux, données par François Ier au mois de mars 1535, Chézery (du moins son voisin Ballon qui se trouvait en Bugey) passe en France et ressort dès lors du Parlement de Dijon pour la justice, de sa Chambre des Comptes pour les finances [AD21, B 7019 (préliminaire)].

Traité de Cateau-Cambraisis en 1559

Le retour à la Savoie relève du Traité de Cateau-Cambraisis (1559). Le parlement de Savoie devient le sénat de Savoie.

Chézery partagé entre part de Savoie et part de France (1601)

Vaste paroisse savoyarde de longue date, son territoire est découpé par le Traité de Lyon (1601) et réparti entre France et Savoie. Le traité d'Auxonne (1612) précise les délimitations territoriales et il s'ensuit le pose de bornes (1613).

Chézery fait partie du bailliage du Bugey en 1677 [AD73, SA 3437, PJ de l'art. 20 des dépenses], et encore en novembre 1789, juste avant la création des communes [AD01, 6L75].

Chézery réunifiée et française (1760)

Chézery devient totalement française par le Traité de Turin (1760). Dès lors elle rattachée au bailliage de Belley [AD21, B12135, f° 223 (en 1764)] (mais on la voit aussi à celui Gex, avec deux mentions en 1772...), Parlement de Bourgogne (Dijon).

Pour info, Traité de Nimègue (1678)

Par le Traité de Nimègue (1678) le roi Charles II d'Espagne cède le Comté de Bourgogne (Franche-Comté) à la France. La "Manche Sarde", territoire où le fameux "Chemin des Espagnols" passe en particulier par Chézery, perd son avantage de couloir de liaison pour les Espagnols.

Traité de Turin (1760)

La Manche Sarde devient Française par le Traité de Turin en 1760 (en échange de Seyssel rive gauche et autres lieux), ne laissant plus qu'un souvenir historique à la Borne au Lion.

Création de la commune de Chézery, mais territoire partagé entre deux cantons, ceux de Collonges du district de Gex, et de Châtillon du district de Nantua (1790)

Les communes résultent de la loi du 4 décembre 1789. Mais ce n'est, pense-t-on, que le 15 janvier 1790, date générale réelle de la création des communes, cantons, districts et départements par la Constituante, que la commune de Chézery fut créée. Le département de l'Ain est divisé en 9 districts le 25 janvier 1790. Chézery, rive gauche de la Valserine, est rattaché au canton de Collonges (ainsi que Léaz, Lancrans, Farges et Collonges), ce canton étant l'un des quatre du district de Gex (de 1790 à 1795), département de l'Ain. Quant à Chézery, rive droite (Forens, Noirecombe), il fait partie du canton de Châtillon, district (puis arrondissement) de Nantua. Dans la pratique, on observe que les registres de Chézery demeurent paroissiaux jusqu'en 1792, et que ce n'est qu'ensuite que les registres deviennent d'état civil, la commune de Chézery relevant du district de Gex, Canton de Collonges, département de l'ain. Michel Gros-Filley devient l'agent municipal chargé de constater les NMD (en remplacement de Benoît Gros) dès le 12 frimaire an IV (3 décembre 1795).

Comme on le voit dans les registres d'état civil, c'est à la fin de l'An VI que la commune de Chézery est jointe au nouveau département du Léman, Arrondissement de Genève. Mais elle repassera dans le département de l'Ain en 1815.

Le rattachement à Gex avait certainement rappelé de mauvais souvenirs, ceux du temps des guerres du XVIsiècle. Mais il y avait surtout à déplorer qu'aucune route ne reliait directement Chézery aux villages situés dans ce versant est du Jura. Aussi, dès le 9 mai 1790, lors d'une assemblée extraordinaire, convoquée par le Conseil Général de la Commune, les habitants de la Vallée de Chézery demandent à être séparés du district de Gex et réunis à celui de Nantua. Davantage, ils souhaitent devenir chef-lieu de canton [AD01, 2L14, f° 47]. Mais ce sera sans effet.

En 1790 et 1791 les biens de l'ancienne abbaye de Chézery sont vendus par districts, ceux de Gex et de Nantua.

En octobre 1792 (ou un peu plus tard), on relève que "La municipalité de Chezery, Rivière et Forens comprend 1784 individus" [6L3, f° 161v].

A noter que le district de Gex fut durant une courte période supprimé et rattaché à Nantua par Gouly, mais rétabli par Albitte le 21 février 1794 [Croyet, Albitte, p. 176].

Chézery (avec Forens) est rattaché au département du Léman (août 1798)

Le district de Gex (dont Chézery) est distrait du département de l'Ain à la fin de l'an VI, le 17 août 1798, pour participer à la formation du nouveau département du Léman, officialisé le 8 fructidor an VI (25 août 1798), avec Genève pour chef-lieu. Dès lors Chézery relève de l'arrondissement de Genève, département du Léman. Ainsi le premier acte du registre des NMD de Chézery de l'an VII (le 25 septembre 1798), précise que cette commune fait partie du canton de Collonges, département du "Lac Léman" (et du "Léman" à partir du 20 vendémiaire an VII). La partie rive droite de Chézery en fait bien partie puisqu'elle participe encore à l'entretien des chemins de Chézery le 31/08/1800 [Chézery, D1, f° 4v], et qu'elle s'oppose alors, sans réserve, au projet d'être rattaché à Champfromier (département de l'Ain) le 20/10/1800 [Chézery, D1, f°5]. La rive droite en sortira toutefois en 1801, mais en tant que commune détachée.

Louis Gauthier, dans son ouvrage Voyage au Pays de Gex, Guide de l'étranger (édition de 1900, page 17), notait à la page de Chézery "une belle construction, la mairie, où les Chézerands gardent avec un soin jaloux un vieux drapeau de 1793 [sic], sur les plis duquel on lit, d'un côté : District de Genève (France) / Garde nationale de Chézery, et de l'autre : La Constitution redouble nos efforts, sous la garde du chien nous paissons en repos".

Forens est pressentie pour être détachée de Chézery (1799)

Notons que dès le 21 floréal an VII (10 mai 1799), des prises d'informations commencent, venant du Corps législatif, envisageant que la Valserine pourrait diviser en deux la commune de Chézery, avec une commune rattachée au département du Léman et l'autre à l'Ain. Mais l’administration municipale du canton de Collonges n'y est pas favorable. Le 29 messidor an VII (17 juillet 1799), elle exprime qu'il n'y aurait aucun intérêt à ce que la partie du territoire composée des habitations de Forens, Noire Combe, Très les Etraits et Les Closettes appartienne au canton de Chatillon de Michaille, département de l’Ain, dans la mesure où il "faudrait au moins 6 jours pour aller et revenir de ce chef-lieu, tandis que d’un seul jour, en conduisant leurs denrées à Genève, ils (les habitants) y feraient leurs affaires". On argumente aussi que "ces hameaux n’ont ni maison commune ni emplacement propice à un cimetière". Le 16 messidor an VIII (5 juillet 1800), Me Blanc, notaire ayant 23 ans de métier, déclare refuser d’aller recevoir des actes au couchant de la Valserine (rive droite), par crainte de nullité d’acte... Et de laisser entendre que certains habitants ne peuvent plus y dicter leur testament sur leur lit de mort, et ne peuvent plus régler leurs affaires particulières. En conclusion il demande au préfet s'il doit n’acter que sur la partie qui est sur le Département du Léman ou dans toute la commune... On n'a pas la réponse. Il joint à sa demande un plan, très schématique, des communes de Chézery et de Lélex partagées par la valserine, et de la seule représentation connue positionnant les Maison Commune et Temple (l'église) de Chézery, [CH AEG, ADL N 90.7 (Plusieurs papiers de la chemise Chézery)].

Chézery

Forens est détâché de Chézery, et est rattachée au département de l'Ain (2 février 1801)

La décision est prise par le Corps Législatif le 13 Pluviôse an IX (2 février 1801), et est proclamée loi de la République le 23 pluviôse de la même année, Bulletin des Lois, page 288, n° 514 [AD01, 2O 1302 (mais cet acte manque en ligne sur Gallica)]. Du décret promulgué par Bonaparte, Premier Consul, on connait quelques extraits :

Art. 1er « Les hameaux de Forens et de Noirecombe (y compris la partie la plus septentrionale, avec les trois granges de la Puya) cesseront de faire partie de la municipalité de Chézery, département du Léman ; ils formeront, sous le nom de Forens, une municipalité particulière, qui fera partie du département de l’Ain » [voir 8L58 -- Laubépin, p.  24].

Art. 3 « Il sera procédé d'ici au 1er vendémiaire prochain, et par experts nommés contradictoirement par le maire de de Chézery et par celui de Forens, au partage des biens communaux appartenant à la ci-devant commune de Chézery, de manière à ce que la part afférente aux habitants des ci-devant hameaux de Forens et de Noircombe soit possédée par la commune qu'ils formeront, par indivis, comme les autres biens communaux des municipalités de la République » [AC de Chézery, D3, f° 97 -- AD01, 2O 1302]. Ce partage ne fut jamais effectué, et une délibération du 6 septembre 1812 atteste que le maire de Chézery a régi les biens communaux qui sont situés sur Chézery, et que le maire de Forens a régi ceux de Forens [AC de Chézery, D3, f° 97]. Néanmoins (mais pas encore au cadastre de 1818), l'église, le cimetière, le presbytère et ses dépendances, la Place d'en Haut, celle d'en bas et les jardins qui en dépendent, furent mis en indivis, aux deux tiers pour Chézery, et un tiers pour Forens. Le pont de Forens fit exception (suivant la coutume passée) étant à la charge des deux communes par moitié, et ainsi encore en 1853 [AD01, 2O 1302].

 

La commune de Forens passe alors dans le canton de Nantua [CH AEG, ADL N 90.7 (Presbytère, papier chronologique 8)]. On voit que cette séparation est bien prise en compte par le maire de Chézery ; ainsi, le 26/06/1801, il mentionne que Forens et Noire Combe font actuellement partie du département de l'Ain ! [Chézery, D1, f°9v]. De manière plus probante encore, un registre des naissances de la commune de Forens, arrondissement de Nantua, commence au 13 Floréal an IX (3 mai 1801) et est rédigé par François Mathieu, maire de la commune de Forens, qui signe.

Puis un changement de canton s'opère. Les recensements témoignent qu'en 1856, Forens est une commune de l'Arrondissement de Nantua, Canton de Châtillon (de Michaille).

Après la séparation d'avec Forens, Chézery, rive gauche, demeure une commune du canton de Collonges, département du Léman. Les communes voisines (suivant les plans de 1847) sont Lélex au Nord, Thoiry, St-Jean (de Gonville), Péron et Farges à l'est, Lancrans au sud et Montanges, Champfromier et Forens à L'ouest.

Forens est alors délimité par la commune de Bellecombe au nord, celles de Lélex et de Chézery à l'est, Champfromier et les Bouchoux au sud et à l'ouest. Notons que, rapidement, Forens avait implicitement été reconnu comme dissocié de Chézery. Ainsi, fin mars 1794, une délibération de Champfromier associe ce village avec Forens pour une réquisition de fourrage. On sait d'ailleurs que Forens avait initialement souhaité être englobé dans la commune de Champfromier.

Chézery repasse au Département de l'Ain (1815)

On pense souvent qu'après les Cent-Jours (du 1er mars au 7 juillet 1815) le Pays de Gex retourna à l'Ain (sauf 6 communes...). Cependant la table annuelle de 1814 de Chézery est la dernière portant une référence à l'arrondissement de Genève et au département du Léman. Et de fait le registre des naissances de 1815, est paraphé dès le début de l'année par le Président du Tribunal de Gex, pour la commune de Chézery, canton de Collonges, Arrondissement de Gex, département de l'Ain.

Quatre communes du Léman (Chézery, Farges, Léaz et Péron) n'avaient pas été arpentée par ce nouveau département (plans cadastraux non réalisés). Mais c'était heureux, puisque la chaîne des géomètres du Léman était trop courte de 2 cm ! Les cadastres, pour ces quatre communes, ne furent réalisés qu'en 1818 et 1819 par le département de l'Ain. En 1843 il était prévu de les réviser [Journal de l'Ain, 15 septembre 1843, p. 1 et 2]. Les registres de délibérations de 1832, puis les recensements à partir de 1856, témoignent que Chézery est une commune de l'Arrondissement de Gex, Canton de Collonges.

En 1885, le conseil municipal de Chézery s’oppose à une demande des habitants de la Serpentouse qui réclamaient leur rattachement à Confort [Laubépin, p. 24].

Pour info, annexion de la Savoie à la France (1860)

Par le (second) traité de Turin, du 24 mars 1860, la Savoie (les deux départements actuels) et Nice sont cédées à la France. Cette annexion est ratifiée par le plébiscite des 22 et 23 avril 1860

Chézery et Forens regroupés en la commune de Chézery-Forens (1962)

Ce n'est que par décret en 1962 que Forens fusionnera avec la commune de Chézery pour former l'actuelle nouvelle commune de Chézery-Forens, alors canton de Collonges, département de l'Ain [Laubépin, p. 24 (qui précise la date au 25 août 1962)].

Depuis le nouveau découpage (2015), la commune de Chézery-Forens fait partie du canton de Thoiry (arrondissement de Gex), recréé par le décret du 13 février 2014 et entré en vigueur lors des élections départementales de 2015.

En janvier 2018, des noms sont donnés aux rues (ainsi la place de l'église est devenue la Place St-Roland), les propriétaires d'habitations reçoivent un numéro de maison.

 

Paroisse de Chézery

Concernant la paroisse, Chézery se trouvait dans le diocèse de Genève, décanat d'Aubonne en 1275 et vers 1344 (de même qu'Echallon, St-Germain de Joux, Montanges, Champfromier, Péron, Ferney-Voltaire, etc.) [Clouzot, compte des décimes, p. 308 et 333]. A noter que le Décanat d’Aubonne (ou d’Outre-Rhône) dépendait de l’évêché de Genève et en constituait une subdivision. Aubonne était située à la limite orientale du Décanat du même nom, puisque la rivière éponyme constituait la frontière en quelque sorte entre l’évêché de Genève et celui de Lausanne. Le siège du Décanat d’Aubonne a été transféré à Gex dès 1444, en précisant que le Doyen (responsable du Décanat) résidait ordinairement à Genève, se contentant de jouir des bénéfices provenant des différentes paroisses dépendant dudit Décanat. Le culte catholique fut aboli et la Réforme proclamée dans toutes les contrées conquises par les troupes bernoises en 1536, parmi lesquelles figurait le Pays de Vaud, mais aussi le Pays de Gex et la Haute Savoie jusqu'à leur retour au Duché de Savoie en 1564 [Pascal Lincio, archiviste d'Aubonne, site Albona].

Le 1er décembre 1695, la paroisse de Lélex est créée, détachée de celle de Chézery. Les registres de Lélex commencent le 3 décembre 1695.

 

Première publication le 2015. Dernière mise à jour de cette page, idem.