Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Le corso-fleuri de Champfromier, en 1975

 


Le Chat botté, l'un des chars sur le thème des Contes de Perrault en 1975
Marie-Thérèse Vallet (fille de Camille) et Charles Ducret, dit à But (étendant le bras) ;
au-devant Pierre Grenard et Joël Vallet (en noir)

 

Pour cette 4édition du corso de Champfromier (Ain), celui-ci s'annonce pour la première fois en lettres rouge dans la publicité (La Tribune Républicaine, édition du 3 juillet 1975). Le défilé aura lieu le dimanche 6 juillet (si la pluie veut bien cesser...), avec pour innovation des "hommes oiseaux", en fait des descentes en aile delta depuis l'Auger jusqu'au hameau de Monnetier.

 

Dans la même édition de l'hebdomadaire on relève un autre article où l'on relate le violent orage du 27 juin avec les eaux qui traversèrent la maison d'Henri Ducret au Bordaz, on veut croire que le beau temps sera de la partie pour les animations et le défilé des chars, cette année avec pour thème principal, celui des contes de Perrault (5 chars, et un sixième pour le Paon).

"Champfromier. Fête d'été. En passant par le Pont d’Enfer, j’ai découvert un château aux tours crénelées, étrangement silencieux. On dit qu’une Belle y dort depuis cent ans. J’ai trouvé un feu flambant dans la cheminée, mais Sucendron [Cendrillon qui, son ouvrage fait, allait s'assoir dans les cendres] n’était pas là. Personne n’était encore assis sur le trône royal et le Petit Chaperon Rouge n’était pas arrivé chez sa mère-grand.

Le 6 juillet tout s’animera : château et chaumières, rois et reines, princesses et princes charmants. On dit que Cendrillon a perdu son soulier mais il se trouvera bien, parmi les visiteurs, un charmant Galaor [l’enchanteur], pour le lui rapporter. Non, le Petit Chaperon Rouge ne sera pas mangé par le grand méchant loup. D’ailleurs la bonne Junon, déesse de la lumière et du mariage, nous envoie son oiseau impérial pour que le 6 juillet soit une journée ensoleillée, brillante et joyeuse, Champfromier vous attend.

Il vous attend déjà samedi soir, si vous aimez danser. Il vous attend dimanche dès le matin. La grand’messe de 10 h. sera animée par la chorale de Giron. À 11 h., si le temps le permet (l’Amicale des classes a la baraka !), les hommes oiseaux exécuteront leur vol delta. À 15 h., le Corso 1975 déroulera son cortège, avec le concours des majorettes de Culoz, St-Claude, Montréal-La Cluse et les musiques de Challex et Pont d’Ain. Le groupe Gergovia se produira dans ses danses auvergnates. Vers 17 h. un lâcher de ballons fera la joie des enfants. La journée se terminera par une soirée dansante animée, comme la veille, par les « Black Nots ». Avec la fête foraine et le restaurant champêtre où l’on pourra déjeuner et dîner, il y aura de la joie pour tous, à Champfromier, les 5 et 6 juillet."

 

Mais le soleil est là, et le succès immense, de même que les embouteillages... La Tribune relate la manifestation sur trois colonnes, en deux versions toutes deux datées du 10 juillet 1795 (même texte mais 10 ou 18 photos selon le tirage).

 

"Du soleil et des milliers de spectateurs : Le corso fleuri de Champfromier
a eu le grand succès qu’il méritait
.

Avec un peu de nostalgie, Champfromier retrouve son calme reposant : la fête est finie, plus de 5.000 visiteurs, peut-être 2.000 voitures et, hélas ! des embouteillages et des bouchons (l’Amicale étudiera le problème pour y remédier et s’excuse auprès de ceux qui en ont pâti).

Ce 6 juillet a été une grande journée. Dès 11 h., on s’était porté en masse vers Monnetier où les hommes oiseaux devaient atterrir. On les voyait jaillir au-dessus des sapins de l’Anger [l'Auger], diriger leur vol par-dessus le cirque des Avalanches et poser tranquillement leurs deltas multicolores. Dans le soleil c’était un spectacle merveilleux.

Le corso 1975 ? Les contes de Perrault en étaient le thème. Au pays des fées, tout est possible ! De même pour l’Amicale des Classes, qui s’est inspirée avec une merveilleuse précision dans la recherche et l’exécution des chars. Ils étaient tous originaux, fidèles et saisissants. Devant le trône royal, doré et fleurdelysé, le Chat Botté demandait pour son maître la main de la princesse : un ensemble à la fois sobre, net et somptueux. La pauvre Cendrillon [2 chars], assise devant la cheminée, accueillait la bonne fée, sa marraine, et ne savait pas que l’énorme citrouille de son jardin (une merveille de trouvaille et de réalisation) l’emporterait bientôt vers sa belle aventure. Son soulier perdu fut retrouvé par deux petits rats qui, le trouvant joli et confortable, s’y étaient installés (encore une idée originale et amusante très appréciée). Le pont-levis étant relevé, nul n’est entré dans le Château [la Belle au bois dormant]. Tout était minutieusement étudié. Tours crénelées aux sombres meurtrières, échauguette d’angle, fossé. Mais la belle était réveillée et le prince charmant était à ses genoux. Et puis nous avons vu le loup dans le lit de mère-grand. Les enfants étaient saisis. Le charmant Chaperon Rouge, assise au bord du sentier, avait posé son panier et rangeait ses fleurs en un bouquet. Deux fillettes parmi les spectateurs, lui soufflaient à mi-voix : n’y va pas, n’y va pas, dans la maison y a le loup ! (Sur le vif). Ce char, œuvre de l’Association du Sou des Écoles, a particulièrement conquis le jeune public.

Que de recherches dans les sujets, les formes, les couleurs, les costumes, que de journées de travail acharné, que de soucis et de soins pour l’accueil et la restauration des visiteurs ! Le corso de Champfromier porte toujours plus haut la réussite que peuvent la foi, le courage et la ténacité de l’Amicale des Classes, mis au service de l’imagination, du goût et de la joie de vivre.

Les musiques de Bellegarde, Challex, Pont d’Ain prêtaient leur concours, ainsi que les majorettes de St-Claude, Dompierre-sur-Veyle, Montréal-La-Cluse et Bellegarde, et le groupe folklorique auvergnat Gergovia. Le ciel serein permit d’apprécier à loisir concerts et danses. La coupe, offerte par l’Imprimerie Nouvelle de Bellegarde, revint aux majorettes de St-Claude.

Malgré la densité de la foule et les difficultés de circulation, l’accueil fut chaleureux, la restauration parfaite, la joie immense et partagée, et de très nombreux ballons allèrent emporter très loin les échos. Pour tout cela, nous adressons à l’Amicale des Classes et à ceux qui l’ont aidée, un grand merci."

En 1975, les bénéfices sont à nouveau suffisants pour que les organisateurs se retrouvent en un voyage aux Baléares.

 

Voir 34 photos (en 3 lots) :

Photos classées par chars et thèmes des collections Andrée Ducret et Thérèse Guyot.

Collection famille Bébert Tournier (commentées) ;

Collection René et Marcelle Fourcault (commentaires Famille Fourcault).

 

Publication : Ghislain Lancel. Remerciements : Mmes Andrée Ducret, René et Marcelle Fourcault, Thérèse Guyot et la Famille Tournier ; Gilles Moine (Archives de La Tribune).

Première publication le 3/12/17. Dernière mise à jour de cette page, le 08/02/18.

 

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