Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Le corso-fleuri de Champfromier (6 chars) du dimanche 4 juillet 1976 restera dans les mémoires associé au magnifique char du Concorde, un char de 13 mètres de long et 6 mètres d’envergure ! Il faudra bien ça, car la concurrence arrive, avec la fête patronale de Chézery, future Révole des foins, qui aura lieu les 13 et 14 juillet, et dont les organisateurs sont venus demander conseil à ceux de Champfromier... Autre changement à Champfromier, c'est M. Rota qui est devenu le président de la Classe des Jeunes. Signalons aussi que pour la première fois les chars seront illuminés à 22h30. Pour la petite histoire, précisons que des manœuvres militaires se déroulèrent les 2 et 3 juillet sur un territoire englobant Champfromier, en présence de 100 véhicules et 800 soldats, mais sans incidence, chars d'assauts et chars fleuris ne furent pas confondus !
La presse (la Tribune Républicaine du 24 juin 1976) "Champfromier. CORSO 76 ; le cinquième du nom. Au fil des ans, la technique de l’Amicale des Classes marque des points, quant à l’organisation de la fête d’été. Le 4 juillet à Champfromier ne connaîtra ni embouteillages [comme après le succès de l'année précédente], ni attentes impatientes. La circulation et le parking seront parfaitement dirigés. La buvette est immense. Quant à la restauration, elle prendra la forme moderne du self-service : à chacun son plateau, à chacun son menu, dans une ambiance de fête. Le 4 juillet 1976 sera une grande journée champêtre où tout est prévu pour l’accueil et la joie et qui réservera à ses visiteurs une grande première – à voir !"
La publicité reprend l'attraction du rouge, pour bien se centrer sur l'essentiel (Champfromier, Corso fleuri et chars illuminés).
Dans la même dernière édition avant la fête, un nouvel article encourage à se rendre à Champfromier [Tribune du 1er juillet 1976] :
"Champfromier. VEILLEE D’ARMES ET GRANDE PREMIERE. La fête d’été de Champfromier peut commencer dès samedi, venez visiter nos rues et nos places décorées à profusion. La fête foraine vous invite et, le soir, un grand bal sera animé par les Black Not’s.
Pour le dimanche 4 juillet, l’Amicale des Classes nous donne un programme sensationnel. À dix heures, la grand’messe sera chantée avec la participation de la chorale de Saint-Lupicin. Ensuite, si le temps nous le permet, nous reverrons les hommes-oiseaux survoler le Cirque des Avalanches et se poser près de l’Église. Il sera l’heure de l’apéritif à la buvette de l’Amicale et du repas champêtre, sur la place du Foyer.
Vers 15 h 30, débutera le défilé de chars. Oui, Concorde – vous le savez déjà – sera à Champfromier, somptueusement accompagné par… non, ne les dévoilons pas tous : venez les voir dimanche !
A partir de 19 heures, l’Amicale servira un dîner champêtre et offrira un bal gratuit.
Enfin – et ce sera une grande première, du jamais vu – la nuit tombée, les chars feront un tour d’honneur. Grâce à la fée électricité qui les illuminera de l’intérieur, nous pourrons les admirer, plus vivants, dans toute la gloire de leurs détails colorés.
Un mot encore : nous pourrons applaudir les musiques de Pont d’Ain et de Saint-Lupicin et les majorettes de Dompierre-sur-Veyle ; les groupes folkloriques auvergnat Gergovia et celui du Centre hospitalier de Bourg.
Venez à Champfromier, les 3 et 4 juillet 1976 !"
Et tout se passe merveilleusement. Aussi la Tribune (8 juillet 1976), n'hésite pas à faire sa une avec les quatre premières colonnes pour le Corso de Champfromier, et les trois suivantes pour le Tour de France, avec un certain Poulidor...
"Le 5e corso fleuri de Champfromier fut un triomphe.
Samedi et dimanche, ce sont peut-être huit à dix mille personnes qui ont visité Champfromier. Dimanche dès 14 heures plus de 2 000 voitures avaient trouvé leur parking ; le service d’ordre fut parfait, grâce au concours de M. le Capitaine Iltis et de la Gendarmerie.
Au restaurant champêtre, les viandes grillées sur la braise étaient à point : côtelettes et poulets, par milliers ; frites par quintaux. Faut-il le dire ? Malgré les prévisions optimistes, il y eut le soir un moment de panique : le ravitaillement s’épuisait ! les boissons fraîches ont compensé l’ardeur du soleil. Cher soleil ! Ce dimanche, personne ne s’en est plaint, on avait si peur de l’orage. Les quelques gouttes de pluie, qui agitèrent un instant la fourmilière humaine de la place, ne furent qu’un léger nuage.
Pour reprendre le fil de cette journée, disons que, la Chorale de Saint-Lupicin, l’église pleine à craquer, a connu une messe « comme on en aimerait une chaque dimanche » a dit une paroissienne.
Le vent était favorable ; on admire toujours autant les évolutions des hommes-oiseaux, qui réussirent vers midi une splendide exhibition.
Quant au défilé de chars, musiques, majorettes, groupes, il fut annoncé et commenté par l’excellent animateur, M. Duraffourg, de Nantua. Les chars arrivaient du pont, plus grands, plus beaux que jamais. Jusqu’où pourrait aller cette escalade ? Et s’il fallait en préférer un entre tous, lequel ? Les jeux olympiques, avec les anneaux, la vasque où tremble une flamme et les petits athlètes, déjà médaillés d’or, ou bien la troïka où les jupes rouges des jeunes filles tranchaient si joliment sur les teintes sobres et chaudes du traîneau ? Serait-ce celui des trèfles à quatre feuilles, très admiré aussi, celui-là ? Et puis, avez-vous vu le moissonneur tirer du puits la gourde de vin frais ? Et ce kiosque si artistement fleuri : il fallait des fleurs vivantes pour encadrer le jeune couple à qui un musicien donnait l’aubade ! Ou enfin, serait-ce ce Concorde géant (13 mètres de long, 6 mètres d’envergure), de fleurs blanches vêtu, qui connut l’apogée de sa trop brève – mais triomphale – carrière par le baptême que lui donna M. le Sous-Préfet de Nantua, accompagné, en l’absence regrettée de Mme Barbier [Lire probablement : M. Ballivet, maire], de Mme Coutier, conseillère municipale ?
Peut-être fallait-il offrir ce choix difficile à nos hôtes de marque : M. le Sous-Préfet ; M. Ruet, sénateur et président du Conseil général de l’Ain ; M. Berthet, conseiller général de Bellegarde, entourés de MM. Famy, Mermillon, Monnet, Germain, Mme. Trabbia, respectivement maires de Châtillon, Montanges, Chézery-Forens, Les Neyrolles, Mijoux, de la municipalité de Champfromier, à laquelle s’étaient joints M. Rota, président de l’Amicale des Classes : M. le Chef de Gendarmerie de Châtillon, et quelques personnalités réunies au balcon du Foyer rural par un vin d’honneur. En l’absence de M. Ballivet, maire (« de Tahiti, il a sûrement aujourd’hui une pensée pour Champfromier et ses hôtes » a dit son adjoint), M. Maurice Ducret, maire-adjoint, après avoir salué et remercié ses invités, félicita l’Amicale des Classes, constatant avec joie : « Elle s’est donnée pour but l’animation de notre village : je crois qu’aujourd’hui, elle a pleinement réussi ! »
M. le Sous-Préfet, qui avait assisté le matin même à Échallon au baptême des deux cents Saint-Cyriens de la promotion Darthenay, exprima sa satisfaction de voir, à Champfromier comme à Échallon, ces manifestations de la jeunesse de France et l’espoir qu’elles font lever pour le maintien dans nos campagnes, de la vie sous toutes ses formes. Il adressa à l’Amicale de chaleureuses félicitations.
Les visiteurs qui auront dansé au bal champêtre et pu voir les chars illuminés n’oublieront surement pas ce spectacle féerique. Le Concorde de lumière allait s’envoler ; sous le kiosque, comme ensoleillé, le musicien infatigable donnait sa sérénade ; les trèfles resplendissaient, la troïka était devenue un traîneau d’or et de rêve, d’une fantastique richesse ; devant les anneaux olympiques, le bel athlète, au sommet de l’escalier, semblait très ému : la flamme vacillante de sa torche paraissait avoir du mal à allumer celle de la vasque… Quant au couple de moissonneurs, chacun sait que ces rudes travailleurs, à onze heures du soir dorment du sommeil du juste !
Finie la fête ! Fini le rêve ! Bravo à l’Amicale des Classes, les Pompiers, le Sou des Écoles. Bravo et merci. Demain on démontera, le cœur un peu gros, on rangera ; les photos du corso 76 iront rejoindre les précédentes ; on en parlera longtemps, en rêvant déjà d’un corso 77 que toute la région attendra. [Rédaction] : J. Coutier.
[Mentions des photos] Le Concorde, un supersonique de fleurs (Amicale des Classes) ; Le moissonneur et le puits (Amicale des Classes) ; Le trèfle à quatre feuilles (Sous des Écoles) ; La Troïka (Sapeurs-Pompiers) ; Le kiosque artistiquement fleuri par M. Poizat de Bellegarde (Amicale des Classes). Photos Mme Andrée Ducret."
Notons que, pour la rédaction de cet article, J. Coutier est Jeanne Moine, native de Chézery, épouse Coutier, conseillère municipale de Champfromier depuis mars 1971, et dont leur fille Renée, épouse Ducret, pris les photos de cet article pour sa mère.
Il fallait un bilan, il vient ensuite [La Tribune du 15 juillet 1976] : "Champfromier. GLORIEUX BILAN. Après le succès sans précédent du Corso 76, essayons d’estimer ce qu’il a coûté de temps, de peine et de soucis pendant plus de trois mois. À l’Amicale des Classes revient l’immense mérite de cette formidable organisation. De corso en corso, elle l’a voulue toujours plus prévoyante et plus parfaite en ce qui concerne l’accueil, l’ordre, la préparation, l’ordonnance et l’animation du défilé, les rafraîchissements, la restauration. Toujours mieux, pour les milliers de visiteurs, jusqu’à ce bal champêtre et ce défilé de lumière qu’elle a offert le soir.
L’Amicale des Classes se plaît à reconnaître – son président, M. Michel Rota l’a déclaré devant les personnalités rassemblées – qu’« elle a été beaucoup aidée dans cette énorme tâche par les associations locales : Sapeurs-pompiers, Sou des Écoles, par la population, que ce soit en matériel ou en travail du papier, par les communes voisines et amies, des industriels, des commerçants, par toute l’Administration. Qu’ils soient profondément remerciés » a ajouté M. Rota qui fut chaudement félicité.
Il faudrait féliciter individuellement chaque membre de l’Amicale et tous ceux qui, sur sa lancée, ont collaboré à cette œuvre immense et magnifique : dessinateurs : Christian [Vallet], Jean-Luc [Vallet] ; menuisiers : Pierrot [Vallet], Joël [Guyot], Raymond [Ducret-Thadet], Aimé [Vuillermoz] ; décoratrices, amicalistes ou pas, faisant assaut d’imagination et de goût ; couturières et modistes de talent ; et comment ne pas citer Gilbert, électricien audacieux, qui réussit si bien éclairages et illuminations ; et tous les autres, à l’enthousiasme aussi tenace. Félicitons aussi tous ceux, jeunes ou moins jeunes, qui ont, ce 4 juillet, joint leurs efforts à ceux de l’Amicale, à des postes souvent pénibles, sacrifiant un peu de leur plaisir pour le plaisir de tous.
Comme les précédents, et plus encore, le corso 76 fait se lever un merveilleux espoir. Toutes celles et tous ceux qui y ont contribué se sentent-ils récompensés de leurs efforts ? Sont-ils prêts pour un prochain ? Oui, certes, avec l’Amicale des Classes de Champfromier !"
Notons que pour 1976, il n'y aura pas de voyage pour les membres organisateurs, et il en sera de même en 1977.
Voir 31 photos (en 3 lots) :
Photos classées par chars et thèmes des collections Andrée Ducret.
Collection famille Bébert Tournier ;
Collection René et Marcelle Fourcault (commentaires Famille Fourcault).
Publication : Ghislain Lancel. Remerciements : Mme Andrée Ducret, René et Marcelle Fourcault, Famille Tournier ; Gilles Moine (Archives de La Tribune).
Première publication le 7 février 2018. Dernière mise à jour de cette page, le 08/02/18.