Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
L'abbé Genolin, dans le chapitre consacré au curé Augier, dans son livre sur Champfromier paru en 1918 [p. 191], nous rapporte que suite à la Révolution il ne restait plus qu'une seule cloche dans l'église en 1810, et qu'elle se cassa lorsque le curé sonna un angelus de midi. Par une souscription volontaire, les habitants de Champfromier la remplace par une autre, dit-il de 6 ou 700 kilogrammes, ayant coûté 3000 francs, somme rassemblée par une souscription dans le pays. Cette cloche sera baptisée sous le nom de Martine, en référence à Martin, saint patron de l'église, le 24 décembre 1810. Il en donne ensuite une copie, qu'il dit telle que figurant dans le registre, mais où manquent le titre du Sieur Famy, "artiste" (homme de l'art, autrement dit architecte présumé ayant dirigé l'installation de la cloche dans le clocher, et horloger), et la présence de Colliex, le prédécesseur du curé Augier, qui pourtant avait été le premier prêtre de la période post-Révolutionnaire (nommé à nouveau par le clergé après le Concordat)... Le même ouvrage signale aussi un seconde cloche, dite Marie, achétée 1500 francs quelques années plus tard [lire : dès mars 1811] et moitié moins grosse.
L'un des sources rapportant les circonstance de la cloche cassée et des deux nouvelles cloches sont rapporté par le maire à la fin des registres d'état civil de l'année 1811. Voir les cloches [En préparation]
Les anciens actes réfractaires de la paroisse et des environs (et les actes des premières années des registres de catholicité regroupés ensemble), longtemps conservés à la cure de Champfromier, comportent parfois de belles surprises, comme celles de redécouvrir les actes originaux des deux consécrations et baptêmes des cloches de Champfromier, en 1810 et 1811. Par rapport au texte de l'abbé Genolin, on y trouve quelques corrections et précisions. En voici les transcriptions intégrales.
Texte intégral : "Le 24 décembre 1810, je soussigné Joseph-Marie Randon, curé de Chézery, en vertu de la délégation de Mrs les vicaires généraux du diocèse de Lyon, ai béni une cloche du poids de quinze cent trente sept livres [768,5 kg], et elle a été consacrée sous l’invocation de la Ste-Vierge, de St-François de Sales et de St-Martin ; les présentateurs ont été Sieur François Famy [CI-2041], propriétaire et artiste demeurant à Champfromier et Marie Deveaux [native de Montanges], femme de Julien Ducret [2887] cultivateur audit lieu, et c’est en présence du Révérend Sieur curé François-Joseph Augier, curé dudit Champfromier, de Sr François Colliex curé de Chatillion-Michaille et de Rd Sr Jean-Baptiste Tavalliard, curé de Montange, qui ont signé avec moi, et le Sr Famy, et non ladite Deveaux pour être illettrée [Signatures : J. M. Randon, curé de Chézery ; augier, curé ; Colliex ; famy ; J.Bte Tavaillard, présent]".
Cet acte ne spécifie pas le nom de baptême de la cloche, dite Martine, selon l'abbé Genolin.
Texte intégral : "(Mention marginale : Jeanne-Marie, nom de la seconde cloche de Champfromier). Le 8 mars 1811, je soussigné François-Joseph Augier, curé de Champfromier, en vertu de la délégation de MMrs les vicaires généraux du diocèse de Lyon, ai béni une cloche du poids de huit cent cinq livres [402,5 kg], et elle a été consacrée sous la vocation de la Ste vierge et de St-Jean. Les présentateurs, ou parrain et marraine, ont été Jean Tournier dit Pelland [CI-1578 (célibataire)] et Marie Savarin [CI-11079 ? (célibataire)], tous deux propriétaires audit Champfromier, et ce en présence du Sr Nicolas Ducret [3077], maire audit lieu, et de Jean-Rolland Tournier [3308], adjoint, qui ont signé avec moi et ladite Savarin, et non ledit Jean Tournier-Pelland, pour être illettré [Signatures : j.R.Tournier ; Ducrest# ; Augier curé]".
Remarquons que cette consécration voit la présence du très royaliste et tout nouveau maire de Champfromier, Nicolas Ducret. Celui-ci œuvrera à la remise en place des édifices religieux et de la pratique religieuse, tous deux mis à mal par la Révolution. Signalons aussi que d'après la mention marginale cette cloche s'appelle Jeanne-Marie, et non Marie comme l'indique l'abbé Genolin, se fondant certainement sur le prénom de la marraine (qui par ailleurs semble Marie-Françoise, et non Marie, célibataire)...
Publication : Ghislain Lancel. Sources : Original aux archives de Champfromier aux AD de Bourg (anciennes archives de la cure), actes des prêtres réfractaires et des premiers registres de catholicité (24 décembre 1810). Copie (tronquée) dans Histoire de Champfromier, par l'abbé Genolin, p. 191.
Première publication le 16 décembre 2015. Dernière mise à jour de cette page, le 23 décembre 2015.