Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Rappelons que Bellegarde-sur-Valserine a été la première ville de France à utiliser l'électricité, dès 1884. Par ailleurs, en 1889 le clocher de l'église neuve de Champfromier est déjà en mauvais état et la décision est prise de le reconstruire, puis d'agrandir le cadran des horloges. La premier usage municipal de l'électricité ne sera toutefois pas un succès, et on peut penser que la mésaventure de l'horloge électrique, retarda un usage plus général de la fée électricité à Champfromier.
La première mention d'usage public de l'électricté à Champfromier ne date que de 1891, pour le choix d'une nouvelle horloge. Il n'y a alors pas encore de ligne électrique, on n'utilise que des "piles". Toutefois, le Conseil, "appelé à délibérer sur deux projets d'acquisition d'une horloge électrique ou d'une horloge mécanique, donne la préférence à l'horloge électrique, projet Arragon (électricien à Lyon), avec quatre cadrans au clocher et un à la mairie, sonnerie des heures, demies, quarts et la répétition des heures. Les cadrans en cuivre émaillé devront avoir 110 cm de diamètre" [RD12, f° 148v (28/07/1891)]. L'électricien est ensuite invité à venir sur place pour s'entendre sur le projet, qui est accepté quinze jours plus tard, pour la somme de 2.500 francs. La sonnerie des heures et répétitions se fera sur la grosse cloche de l'église, celle des quarts, demies et trois-quarts sur la petite cloche, avec autant de coups que de quarts. Le cadran de la mairie n'aura que 50 cm de diamètre. Moyennant un abonnement annuel de 60 francs, d'une durée de 5 ans, cet électricien sera chargé de l'entretien de toute l'installation et de renouveler les piles au fur et à mesure [RD12, f° 151 (16/08/1891)].
Mais les débuts ne donnent pas entièrement satisfaction : le conseil, "considérant que l'horloge électrique que M. Arragon a installée au groupe scolaire, avec sonnerie au clocher, a marché très irrégulièrement depuis les deux mois et demi qu'elle fonctionne" invite l'électricien à la faire fonctionner sérieusement, ou à l'enlever en remboursant à la commune tous les frais faits. Mais curieusement plusieurs autres délibérations, datées de ce même jour 21 février 1892, font état de l'inauguration de l'horloge en décembre 1891 et dans le même temps du remboursement de la somme de 46,55 francs à Jean Tavernier pour le transport des poteaux de l'horloge électrique, plus précisément pour 10 poteaux par chemin de fer de Bourg à la gare de St-Germain de Joux, puis de cette gare à Champfromier, et pour l'acheminement de matériel pour l'horloge depuis Châtillon [RD12, f° 157v et 159 (21/02/1892)]. Il semble donc que la cause des dysfonctionnements ait été à attribuer aux fils de connexion qui devaient courir au sol entre l'école et l'église et qu'ils soient remplacés par les premiers fils électriques aériens.
Deux mois plus tard le conseil vote une somme de 90,75 francs pour avances faites pour cession de 10 poteaux, dits cette fois télégraphiques, pour l'établissement de l'horloge électrique "suivant état produit par l'administration des Postes et télégraphes" [RD12, f° 161v (17/04/1892)]. Enfin, un récapitulatif de l'installation de l'horloge ajoute des frais de fournitures et de travaux pour un montant de 401,45 francs, dont 190 francs à un entrepreneur et les salaires pour 18 journées et demie à trois agents payés 3 francs par jour [RD12, f° 163v (24/04/1892)].
Ces travaux avaient été réalisés sous le mandat d'Alphonse Courbe-Michollet, achevant l'énorme chantier de la nouvelle Mairie-école-télégraphe. Mais en mai, Jules Berrod devient le nouveau maire, pas pour longtemps, il démissionnera 5 mois plus tard. Néanmoins, au début de l'été 1892 l'horloge semble enfin fonctionner normalement puisque le conseil décide de payer enfin la somme de 2.500 francs pour premier acompte à M. Arragon [RD12, f° 170v (17/07/1892)]. Ce bon fonctionnement semble confirmé par le payement de 30 francs à M. Meyer, horloger à Nantua, pour expertise de l'horloge, sans autre commentaire [RD12, f° 175 (06/10/1892)]. La réception de l'horloge (son installation) est signalée au mandat suivant, par Maxime Coutier maire, le 11 décembre 1892, suivie d'un abonnement, mais pour une seule année [RD13, f° 5v et 7 (12/02/1893)].
Les ennuis continuèrent certainement puisqu'en qu'en 1903 la commune passe un contrat avec M. Odobey, consstructeur-horloger à Morez pour une nouvelle horloge, mécanique, à installer dans le clocher... [RD13, f° 129v].
Publication : Ghislain Lancel.
Première publication le 21 octobre 2015. Dernière mise à jour de cette page, idem.