Patrimoine et Histoire de Champfromier
Par Ghislain Lancel

La Vierge des Géorennes

 

La Vierge des Géorennes domine le village, le jour, et désormais la nuit où elle apparaît portant son fils Jésus dans les puissants spots de lumière. Mais au dire des anciens du village, cette vierge de restauration récente n'est pas aussi belle que celle d'origine, "leur vierge, moins bossue, plus fine" que la grossière copie actuelle. Cette précédente et élégante Vierge à l'Enfant avait été sculptée par Cubizol en 1856, en l'honneur de Marie, après la proclamation par Pie IX, le 8 décembre 1854, du dogme de l'Immaculée Conception, lequel déclarait que la mère de Jésus était exempte du pêché originel.

Les deux photos ci-dessous sont inédites. Elles sont attribuées à Marius Chapuis et pourraient bien dater d'août 1925 (date mentionnée sur une boite de plaques). A cette date les collines de Champfromier n'étaient pas encore boisées et le 15 août est le jour de l'Assomption (jour où la Vierge s'élève au ciel).

Chaque année, il n'y a pas si longtemps, se déroulait encore la procession du 15 août. On partait de l’église, mais hommes et femmes étaient mélangés, et il n'y avait pas de bannières. On passait devant la Caserne et on montait à la Vierge avec des chants à la gloire de la Vierge, puis l’on redescendait aussitôt.

La photographie ci-dessus ne montre pas cette organisation récente, puisque hommes et femmes y sont nettement séparés. Mais elle pourrait bien être un instantané d'un 15 août plus ancien, ainsi que l'abbé Génolin le rapporte : "Ce fut sous le ministère de M. Robert [prêtre de la paroisse], que le 8 juin 1856, fut inaugurée sur le rocher de Joraine une belle statue de la Sainte Vierge. Elle a coûté 1500 fr. produit d'une souscription et elle fut bénite par le chanoine Humbert, enfant du pays, devenu doyen du chapitre de Belley. Sa situation à l'entrée de la paroisse du côté de Montanges est des plus heureuses. Du haut de son piédestal, le visage tourné vers l'admirable cirque de montagnes où se blottit Champfromier, Marie semble étendre sa protection à toutes les demeures et à tous les champs. Le jour de ses fêtes, spécialement de l'Assomption et du Rosaire, une procession partie de l'église gravit le sentier rocailleux qui mène à la statue. Les jeunes filles vêtues de blanc portent sur leurs épaules une autre image de Marie, au chant des cantiques en l'honneur de la Vierge. Parvenus au sommet, les fidèles se rangent autour du monument : le prêtre leur adresse une allocution de circonstance et tout le monde est raffermi dans la confiance en la bonne Mère. A la nuit les feux s'allument sur le rocher et la statue resplendit brillamment illuminée." [Hist. de Champfromier, p. 204-205 (1918)].

Sur ce cliché, les hommes sont endimanchés, tête nue, le chapeau à la main, tenu dans le dos. L'un des hommes (isolé) porte toutefois la traditionnelle blouse bleue (la "rullière", mais on disait "ruyère"). Les femmes sont évidemment endimanchées elles aussi, avec des tenues de la Belle Epoque et des chapeaux non moins élégants.

On distingue au moins deux personnes en tenue entièrement blanche, des fillettes semble-t-il, de taille moins grande que celle des adultes. Il pourrait donc s'agir de communiantes. La procession serait alors celle qui se déroulait jadis le jour des communions solennelles, en mai. A droite la bannière semble bien celle de la Confrérie du Saint-Sacrement, réservée aux hommes, même si sur cette photographie elle se trouve parmi les femmes, mais c'est peut-être parce qu'elle se trouvait en tête du cortège, non loin de l'officiant. A gauche, l'autre bannière ne serait plutôt qu'un banal oriflamme. Cette prise de vue daterait alors d'un mois de mai des années 1930/35 (tenue des hommes avec chemises blanches et col amidonné).

 



La cérémonie se termine. Deux hommes, dont l'un portant une bannière, repartent, suivis d'une petite fille et de plusieurs jeunes garçons.

La statue actuelle

La statue actuelle fut bénite le dimanche 13 octobre 2002. Elle est l'œuvre du sculpteur Rémy De Lorenzi à Chazey-Bons, près de Belley.

Voici l'affichette de l'invitation à l'inauguration de la nouvelle Notre Dame de Georennes :


De mémoire de paroissienne, la sculpture avait coûté 80.000 francs, somme réunie par une multitude de petits dons privés.

 

 

Publication : Ghislain Lancel. Remerciements : Mmes Yvonne Ducret, Micheline Vallet, Simone Avet et Georges Richerot. Source de l'affichette 2002 (insérée dans Histoire de Champfromier, Musée PHC n° 783).

Première publication le 5 mars 2009. Dernière mise à jour de cette page, le 2 février 2017.