Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Le croisonnier

Les dictionnaires ne donnent plus la définition du croisonnier. L'on en rencontre pourtant encore quelques-uns aux abords des vieilles fermes isolées et des routes des hameaux de Champfromier, les bonnes années à fruits, comme en 2009. Les croisons sont des toutes petites pommes sauvages. Le glossaire du parler Haut-Jurassien précise qu'on les appelaient aussi pommes mâles et qu'on en faisait une excellente gelée, ce dont se souviennnent encore les gens d'ici. On peut aussi, comme il était d'usage autrefois dans les activités du mois d'octobre, les mélanger en petite quantité pour faire du cidre, ou en complément pour un quart dans les gelées de coings.

La toponymie rappelle l'existence de ces fruitiers sauvage, comme ce lieu de Monnetier "Aus Croisonniers", cité en 1730 [3E17445a, f° 235].

 




Petits croisons (et coings)

Le croisonnier pousse en formant un bois dur et très résistant qui constituait d'excellente semelles de rabot (Glossaire Haut-Jura).

Il n'est pas surprenant que ce nom se retrouve comme toponyme de nombreux lieux-dits. L'Etat des sections de 1833 à Champfromier n'y fait pas défaut en dénommant Croisonnier le lieu-dit des parcelles C 89-94 constituant la vallée presque sèche montant de Moulin-Dernier à Conjocle. Ces parcelles de pré, jardin, aisance et maison appartenaient à Jean-Marie Grisard, qui y avait sa maison, et à André Nicollet qui demeurait à Conjocle.

Les parcelles C 1182-1200 (sauf la C 1183 dénommée "Aux Chênes") sont celles d'un autre lieu-dit Croisonnier, cette fois à Monnetier (et aujourd'hui le seul encore connu), pour des terres appartenant à diverses familles Ducret, Coutier, Tournier et Gros. Il est amusant de constater que sur le plan de 1833 (feuille C 5), ce lieu-dit (situé au sud de la Côte de la Pierre, entre Ménéchar et la Côte de Domplomb) fut orthographié de manière erronée par le copiste qui recopia d'une belle calligraphie à l'encre le nom mentionné au crayon sous la forme "Le Prisonier" ! Probablement ce secrétaire chargé de la mise au propre des plans cadastraux, un parisien ou habitant de  grande métropole régionale, n'avait-il jamais mangé de croison !

Une recette (testée) de gelée de coings et croisons :

Ingrédients pour 6/7 pots de gelée de 200 g : 1 kg de coings, 500 g de croisons (petites pommes sauvages), 1 citron, et prévoir le même poids en sucre cristallisé que de jus obtenu.

Enlever la queue et couper les coings en huit, les croisons en deux. Mettre les fruits dans un récipient en inox, couvrir d’eau et porter à ébullition. Couvrir et laisser cuire à feu doux jusqu’à ce que la pulpe des fruits soit bien ramollie (1h environ). Passer le tout au chinois, en pressant bien les fruits pour récolter le jus. Peser le jus et ajouter le même poids de sucre.

Ebouillanter les pots et les couvercles.

Reverser le mélange jus et sucre dans le récipient, ajouter le jus du citron et porter à douce ébullition. Maintenir cette ébullition durant environ 20 min et remuant avec une mouvette en bois, doucement et partout mais sans jamais s’arrêter. Quand la gelée prend sur la mouvette (il faut avoir l’œil…), ôter la bassine du feu, mettre en pots et les couvrir immédiatement. Et si l'on devine en voyant les pots que la gelée trop fluide ne prendra pas, jetez tout, ou refaites cuire tout de suite !

 

Crédit photographique : G. Lancel (Croisonnier, Route du Dière, 16/10/09)/

Première publication, le 20 octobre 2009. Dernière mise à jour de cette page, le 26 juillet 2014.

 

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