Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Commentaires sur le premier registre paroissial
de Champfromier (inédits)

 

Le relevé intégral du plus vieux registre paroissial de Champfromier (1603-1707, et non 1606-1693 comme indiqué sur sa reliure, 385 pages, 1471 actes) est maintenant terminé. J’ai photographié avec haute résolution toutes les pages puis effectué les relevés à partir de ces photographies, numérotées par ordre croissant de 1 à 358. C’est cette numérotation qui sera par la suite retenue puisque le registre n’en est pas pourvu, ou plus précisément qu’il en comporte plusieurs, mais répétitives et pour une partie des pages seulement

Dans ce registre les décès ne se poursuivent pas au-delà du décès du curé Mermet en 1663. Les mariages ne vont guère plus loin, de même que les vrais baptêmes. Toutefois on relève un total d’environ 160 actes reconstitués par l’abbé Rollet entre 1657 et 1702, parfois plusieurs fois, facilement reconnaissables à ce qu’ils se suivent par pages entières (notamment pages 271 à 289 et 368 à 385) mais dans un désordre total de datation.

Ce premier registre, maintenant relié, regroupe quatre cahiers de tailles différentes, partiellement numérotés, on l’a dit, avec des erreurs, pagination remplacée par celle fictive, mais correcte, de 1 à 385. Si toutefois une page est réellement numérotée, elle est signalée dans la référence. Ainsi, la « Page 258=176c » est la vraie page virtuelle 258 (celle aussi de la photo), laquelle correspondant à la page notée 176 pour la troisième fois (et qui se trouve dans le deuxième cahier du registre) [Ghislain Lancel (3 juillet 2010)].

Premier cahier (B 1603-1613)

Le premier cahier comporte 84 pages. Les premières pages sont presque inexploitables, coupées, recouvertes d’une protection luisante. Toutes sont entachées d’une énorme tâche d’encre qui a jadis traversé tout le cahier… Dans ce cahier ne sont enregistré que des baptêmes (1603-1613), avec la particularité frustrante que le nom de la mère n’y est jamais mentionné ! Les lieux les plus souvent cités sont Giron et Monestier, vient ensuite Chanfrumier [sic] et Cumunal [Communal], ainsi que le Borjat [Bordaz] qui pourtant n’a jamais été une commune de la paroisse.

Curieusement il n’est pas rare de trouver un parrain ou une marraine, ou même un père, de Seysiry (Chézery !) Les grandes familles de Champfromier sont déjà présentes, Ducrez, Costiez (Coutier), Jullian, Tornier (Tournier), Codurier (Coudurier), Goy, Mermet, Truche, etc. Concernant les prénoms, en dehors des Claude, Martin ou Loys (Louis), on relève des Miad [Mia, Miaz, pour Barthélemy (et non Marie), une fille], Amied [Amed pour Amédé, mais parfois mis pour Aimé, en particulier si c’est Amé], Thiévin et Thièvina, Philiber et Philiberta, Berna et Bernada, etc.

La fin de l’année 1611 semble très incomplète, de même que les années 1612 et 1613. A partir de 1612 (avec un nouveau rédacteur), les actes sont de plus en plus nombreux à mentionner le père du père, mais il n’y a toujours aucune mention de la mère. Les années 1614 à 1617 manquent en totalité.

Deuxième cahier (Baptêmes, et reconstitutions)

Le deuxième cahier, repaginé de 85 à 300, comporte une pagination d’origine, mais avec de nombreuses erreurs : la page 2 est précédée de 3 pages, un saut fait passer par erreur de la page 51 à la 53 (mais sans actes manquants), un autre de 119 à 122 (mais dans ce cas une page serait réellement perdue puisque manque environ 8 actes de la fin de 1649 au début de 1650), la page 141 est doublée, un saut passe de 156 à 167 (sans acte qui manque), les pages 171 à 177 se retrouvent en deux suites doublées et la 176 est triplée… La pagination ne se poursuit pas après la page 182. Rappelons que les photos et les fichiers se réfèrent à une pagination reconstituée depuis le premier cahier. La page 137=51 est ainsi la page marquée 51, en réalité la 137e du registre.

Ce cahier ne comporte lui aussi que des baptêmes, mais cette fois il mentionne les noms des mères des baptisés, à la restriction parfois du seul prénom, sauf aussi pour les enfants de Giron dont les parents semblent moins bien connus du curé. Inversement on est surpris par la qualité reconnue de notable de certains parrains, juge du Duc de Nemours, Châtelain de Chézery, notaire de Champfromier, curial de Montanges, et de la présence de travailleurs qualifiés venus de loin (Boullanger, chapelier, et Gaiet, menuisier, tous de Lorraine). Les grangiers sont des notables, témoins les parrains ! Moins établis sont les enfants naturels, de père déclaré "nescio" (Je ne sais pas). Plus surprenant est qu’il puisse être un notable parfaitement désigné, comme c’est le cas pour Maître Jhean Genolin, le notaire bien connu. Avec une naissance de sa femme trois jours après celui de son lit illégitime, les langues ont du jaser à Monnetier, et ce n’est donc peut-être pas qu’à cause des picorées que le notaire avait ensuite fuit la région (pour Aillon en Bauges), comme on le justifie généralement…

De nombreux actes concernent les villages voisins, en particulier pour les naissances illégitimes, mais pas seulement. Henry Couderier, né le 12 mars 1646, a des parrains de prestige, une marraine qui insiste sur son statut dans la noblesse : « Monsieur [Louys] Mermety, de Montanges, Mademoiselle Jheanne Mermety [sa fille], veuve de feu noble Anthoine Brunet [le fameux Brave Capitaine Mermet, mort au retour d’une picorée].

L’observation des noms et prénoms surprend. Les Marie et les Joseph sont encore très peu usités ! Julian y est encore écrit le plus simplement possible, "Julian". Pour les grandes familles, les surnoms de branches familiales sont déjà largement utilisés en lieu et place des noms, en particulier dans les parrains et marraines. Toutefois, vers 1660 les Ducret, pères d’enfants à baptiser, ayant tous des prénoms différents, n’ont pas encore de pseudonyme, ou rarement.

Ce cahier couvre essentiellement les mandats de deux prêtres, Pierre Mermet, puis Jean-Baptiste Rollet (qui signe Jean Baptiste Rolet puis JB Rollet). Ce Rollet tient les registres avec ses caractéristiques personnelles, mentionnant parfois les professions, mais n’inscrivant le plus souvent que le prénom des mères ! Les graphies ont parfois une notation plus moderne (Jean au lieu de Jhean, etc.) mais avec un net penchant pour les terminaisons en az pour presque tous les prénoms féminins (Claudaz, Rolandaz, Anthoinaz, etc.), de même pour Communaz au lieu de Communal. On relève aussi des inversions entre patronyme et branche familiale (Pochy-Genolin au lieu de Genolin-Pochy), d’ailleurs souvent réduite au seul nom de branche.

Des actes reconstitués dans un désordre absolu de datation, allant de 1665 à 1702, sont consignés sur au moins 13 feuilles du registre. On y relève près de 100 baptêmes, facilement reconnaissables à un B en marge et à la monotone signature Jean Baptiste Rollet au bas de chacun des actes. Dix baptêmes sont reconstitués deux fois, heureusement avec les mêmes dates et données, ou presque, une fois avec mention de barré suite au souvenir qu’il était déjà mentionné. On sait effectivement que dans le deuxième registre (BMS 1663-1731) plusieurs intervalles d’années manquent. Par contre plusieurs actes furent inutilement reconstitués puisqu’ils existent !

Troisième cahier (M 1622-1666)

Le troisième cahier est petit (13 feuilles). La numérotation des pages étant absente, elle a été reconstituée pages 302 à 327. Ce cahier est réservé aux mariages de 1622 à 1666, presque tous du temps de Pierre Mermet, curé. Il est très lisible. Bien que sommaires les actes portent en général la mention du prénom du père, et celui du village d’origine, distinguant dans la paroisse de Champfromier les villages de Champfromier lui-même, Monnetier et Communal, voire du Bordat. A noter toutefois pour les grande familles qu’au moins un des noms des époux est malheureusement remplacé par celui de la branche familiale. Parfois les deux noms doivent être interprétés, comme par exemple en 1628, le mariage dit de Pierre Guy dit Petit avec Thèvena Claudon-Jullian, qui est en fait celui de Pierre Mermet (Branche Guy, dit Petit) avec Thèvena Julian (Branche Claudon), ce qui est justifié par les baptêmes de certains enfants du couple.

De nombreux époux sont originaires d’autres paroisses que celle de Champfromier.

Quatrième cahier

Le quatrième cahier du premier registre comporte 58 pages. Il est paginé d’une numérotation partielle qui est correcte de 10 à 29, mais ce dernier numéro est doublé par erreur et se poursuit et s’arrête à 33. Il a été virtuellement repaginé, en concordance avec les photographies, de la page 328 à la page 385.

Le début du cahier comporte des actes de sépultures commençant en 1618 et se continuant jusqu’à la mort du curé Pierre Mermet en juin 1663. Ensuite (page 370 reconstituée) viennent dans le désordre des baptêmes par Jean Baptiste Rollet, de la fin de l’année 1668, de 1686, 1679, etc., vraisemblablement d’autres actes reconstitués !

 

Première parution de cette page, le 3 juillet 2010.

 

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