Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Mariages, hors de la paroisse de Champfromier
(en grande partie inedits)

 

La mise en ligne de certains fichiers partiels couplés avec la consultation des registres (Lyon), la bonne volonté de plusieurs généalogistes : Paul Figuet, président de l'antenne d'Oyonnax de REGAIN (Apremont, Arbent, Belleydoux, Bellignat, Dortan, Echallon, Geovreissiat, Izernore, Les Neyrolles, Martignat, Matafelon, Montréal, Mornay, Nantua, Oyonnax, Port, Samognat, Sonthonnax la Mgne, Veyziat, Vieu d'Izenave, etc.), Françoise Coutier (voir ci-dessous) et moi-même Ghislain Lancel (Montanges, St-Germain-de-Joux, et Lyon sur le web), ont permis de retrouver de nombreux mariages hors de Champfromier et de les mentionner en compléments dans le fichier des baptêmes, à la manière des mentions marginales actuelles.

A ce jour (9 janvier 2011) on totalise ainsi 504  mariages en premières noces contractés hors de la paroisse de Champfromier, avec les répartitions suivantes : 245  femmes et 259 hommes ; 62 mariages entre les années 1604 et 1699 (43 femmes et 19 hommes), 192 mariages au XVIIIsiècle (100 femmes et 92 hommes), 225 mariages au XIXsiècle (92 femmes et  133 hommes) et 12 mariages entre 1900 et 1944 (sans compter quelques données incomplètes).

Les pôles d'attraction les plus importants sont : Belleydoux (15), Châtillon-en-Michaille (54), Chézery (22), Echallon (13), Giron (34, non compris les plus vieux mariages de Giron-Devant, compris dans Champfromier), Montanges (78), Nantua (45), Oyonnax (26), St-Germain-de-Joux (52) et Lyon (44). Notons que les mariages de plusieurs villages sont en attente de dépouillement : les Bouchoux (39), Aillon-en-Bauges (73), Bourg-en-Bresse, Bellegarde, etc.

La répartition des mariages à l'extérieur de la paroisse, très déséquilibrée en faveur des femmes au XVIIsiècle, s'équilibre au siècle suivant et s'inverse légèrement dans la période suivante. La première observation semble reflèter le poids de la mainmorte et des us et coutumes tendant à maintenir en permanence les familles, autrement dit les hommes, sur leur lieu d'habitation, du moins dans les limites de la seigneurie, lequel était toutefois le vaste domaine du prieuré de Nantua.

Géographiquement l'attirance va à l'ensemble des villages voisins de Champfromier, essentiellement dans le couloir naturel de la Valserine, et aux villes, grandes ou moyennes (Lyon et Nantua).

Concernant les mariages à Lyon, le natif de Champfromier y est souvent seul. Le plus souvent ses parents, s’ils sont encore vivants, ne font pas le voyage. Ils donnent néanmoins leur autorisation par un acte notarié. Parfois l’on trouve au contraire plusieurs membres d’une fratrie, ou des contacts gardés, probablement dans un même quartier de Lyon, comme l'atteste un mariage à Lyon entre deux enfants de Champfromier et de Montanges.

Pour Oyonnax et Lyon, des métiers inconnus ou rares dans les campagnes justifient la délocalisation. On relève un assez grand nombre d'ouvrières en peignes, parfois en soie (à Lyon). D'autres sont blanchisseuses ou tailleuses d'habits. Les hommes qui se marient à Oyonnax au XIXe siècle sont presque tous ouvriers en peignes (et l'un est marchand de peignes), le métier de l'épouse étant presque invariablement le même sauf à être journalière ou boulangère.

Pour autant que l'on puisse l'observer en replaçant dans leur fratrie ceux qui sont allés se marier hors de Champfromier, ces mariés ne représentent généralement que des cas isolés dans leur famille, souvent par des filles (mais il n'est pas rare d'en trouver au moins deux de la même famille), ou par des garçons, et alors assez souvent parmi les derniers nés. Les cas de familles entières ayant migré vers d'autres lieux sont assez rares. Citons la famille Chevron-Nicollet, partie à Oyonnax au milieu du XIXe siècle, et les Evrard-Genolin, presque tous à Montanges au début du même siècle, de même que les Collet-Blanc, mais à la fin du siècle.

 

En conclusion, même si Champfromier était une paroisse qui paraissait relativement fermée, – et le fort taux de mariages présentant des dispenses pour consanguinité le prouve –, par contre un grand nombre de mariages furent néanmoins célébrés en dehors de la paroisse, plus de cinq cents, et l'on peut penser que les délocalisations furent, si ce n'est aussi nombreuses, du moins importantes. N'oublions pas que si de nos jours on prend sa voiture pour se rendre de l'autre côté d'un modeste Cruchon ou autre monticule, nos ancêtres, les maquisards il n'y a pas si longtemps et les promeneurs ou vacanciers actuels, savaient bien que l'on peut faire l'aller-retour à pied à Montanges, à Giron ou à St-Germain-de-Joux en bien moins de temps que certains ne l'imaginent aujourd'hui. Alors pas de raison de ne pas aller compter fleurette chez le voisin !

Les bourgs et villes plus éloignés n'étaient pas non plus hors de l'univers de nos ancêtres. Les terres de Champfromier appartenaient au prieuré de Nantua ; au civil, Champfromier fut ballotté entre France et Savoie, avec son lot d'administrateurs et d'employés des fermes du roi, ce qui occasionna bien des déplacements, dans les deux sens. On pourrait citer aussi les peigneurs de chanvres qui avaient l'habitude de parcourir tous les ans des centaines de kilomètres jusqu'aux environs de Nancy, et ces enfants abandonnés de Lyon, qui arrivaient pourtant en vie à Champfromier et s'y élevaient même avantageusement. La mainmorte était une contrainte, mais seulement pour sortir des terres du prieuré de Nantua. Et la Révolution passée, Lyon et Oyonnax offrirent des débouchés dans la soie et les peignes qui attirèrent garçons et filles.

 

Pour l'anecdote, signalons cet acte inattendu de remariage des époux Pierre Louis Houdot, Capitaine détaché du régiment du Roy, fils de Geoffray, Intendant de la maison de S.A.S.Mme la Princesse de Conty, première douairière, et Demoiselle Jeanne Gabrielle Du Rollet de L'Estang, fille de Jean-Claude, Seigneur de Pougny (Pays de Gex), mariés une première fois à Champfromier le 22 février 1711. On se demande d'ailleurs pourquoi ils avaient choisi Champfromier, si ce n'est peut-être pour un mariage dans l'urgence, célébré par Jean-François Rollet, présumé apparenté à l'épouse. Ce mariage avait été rendu nul par sentence du 16 juin 1712. Mais les époux s'étaient mariés à nouveau le 12 mai 1717 à Echallon, légitimant leurs cinq enfants. L'un des témoins fut cette fois Messire François de Bouvent, seigneur de Chastillon-Musinens et autres places, certainement un ami, et un gage pour que le mariage n'ait pas à être célébré une troisième fois !

 

A partir des données ci-dessus, une étude plus poussée des mariages et des délocalisations pourrait apporter des compléments à une publication réalisée au départ dans le cadre d'une étude de la maladie de Rendu-Osler, particulièrement présente dans la Vallée de la Valserine. Alain Bideau et Guy Brunet avaient mis en valeur la structure clanique de Champfromier, tout en étudiant les migrations de sa population, mais essentiellement pour le seul XIXe siècle. Cette recherche pourrait ainsi s'appliquer aux siècles précédents [Essai de Démographie Historique..., Une population du Jura méridional du XVIIe siècle à nos jours, INED, 2007].

 

Relevés Françoise Coutier : Chézery, Echallon, Giron et Musinens, puis :

Octobre 2010 : 117 mariages célébrés à Billiat, Châtillon-en-Michaille (le chef-lieu de canton où eurent lieu tous les mariages du canton en l'an VII, et ils furent nombreux !), Collonges (1692 à 1830), Confort, Coupy-Vanchy, Farges (1700 à 1815), Injoux, Lancrans, Léaz (1594 à l'an IX), Ochiaz, Vanchy, Villes et Vouvray.

Novembre 2010 : 25 mariages célébrés à Brénod de 1668 à 1902 (3), Chevry de 1674 à 1901 (0), Corbonod de 1668 et 1811 (2), Crozet de 1679 à 1806 (0), Grilly, Divonne de 1626 à l'an 12 (0), Echenevex de 1835 à 1903 (0), Grilly de 1641 à 1902 (2), Hauteville 1668 à 1800 (néant), Lélex de 1696 à 1902 (11) , Mijoux de 1761 à 1793 (1) , Pougny de 1720 à 1792 (0), Prévessin de 1682 à 1806 (0), Saint-Jean-de-Gonville de 1686 à 1902 (4) et Seyssel entre 1706 et 1815 ( 1).

Décembre 2010 : Nantua, de 1592 à 1792 (36).

 

Pas d’inventaire pour Challex, Gex, Peron, St-Genis-Pouilly, Thoiry, Vesancy.

 

 

Première parution de cette page, le 15 septembre 2010. Dernière mise à jour; le 9 janvier 2011.

 

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