Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Morts des guerres révolutionnaires et sous Napoléon

 

Le relevé intégral des actes de décès, pour les années révolutionnaires et les campagnes de Napoléon, met en évidence une importante liste (18 noms) de jeunes gens de Champfromier morts sous les drapeaux entre les années 1794 et 1814. S'ils sont morts en France, en Italie, en Espagne, en Egypte ou en Autriche, et l'un au moins est à ajouter; mort en 1810, probablement lors de la retraite de la campagne de Russie, peu après la Berezina [Voir Guerres, accueil].

Voici la liste des soldats dont la mort fut transcrite, liste inédite en 2008 !

1794

François Maurice Genolin, fusilier au 1er bataillon de l'Ain, 7e Cie, décédé le 6 janvier 1794 à l’hôpital de Vesoul [Haute-Saône]. Pour lui comme pour plus de la moitié des suivants, l'âge n'est pas connu, pas plus que l'on ne trouve de mention des parents. Il est malheureusement significatif que la seule information soit qu'il est "natif de Jean Fromier" [sic !]

François Martin, dit volontaire au 8e bataillon de l'Ain, 5e Cie, décédé le 23 mars 1794 à l'hôpital militaire de Colmar (Haut Rhin).

Joseph Nicollet, Fusillier au 8e bataillon de l'Ain, 7e Cie, mort d’une dysenterie le 27 août 1794 à l'hôpital militaire d'Auxonne (Côte d'Or). Il était entré à l'hôpital le 2 Fructidor an 2, et y est mort le 10 Fructidor.

1798

Claude-François Mathieu [2523], "canonnier mutilé dans les combats, qui est mort audit hôpital de Bourg dans le courant du mois de frimaire dernier [an 6 (décembre 1798)]", sa mère insitue son frère Joseph comme son procureur, pour "retirer les nippes, linges et effets mobilier qu’a délaissé Claude-François" à l'hôpital de Bourg [3E14415, an 7, n° 7 (acte de janvier 1799)].

1804

Julien Julliand, fusilier au 101e RI, 2e Bataillon, 1ère Compagnie, est mort pour Napoléon et la France le 4 novembre 1804, quelque part en la « commune et hôpital San-Benedetto » – les villages à ce nom sont nombreux en Italie –, ainsi que le témoigne le commissaire des guerres. Entré le 13 Brumaire an XIII, il est décédé le 25 du même mois, par suite de fièvre.

1806

Charles Ducret, aussi fusilier, "au service militaire de L'Empire Français", mourra à Naples le 30 septembre 1806, aussi de la fièvre (entré le 17 septembre, mort le 30 du même mois).

1808

Martin Bornet. D'après l'acte provenenant de l'hôpital de Feminara? [Italie ?], fusilier, effectuant son service militaire de France au 62e de ligne, 1er Bataillon, 5e Cie, Matricule 5467, il entré à l'hôpital le 30 mars 1808, y est mort le 2 avril 1808, à la suite de fièvre. Transcrit près de 4 mois plus tard, à Champfromier le 25 juillet 1808.

Vital Couttier. Fusilier au 101e Régiment, 2e Bataillon, 1ère Cie, Matricule 1441, il est décédé à Monoposy [Monopoly, Italie (?)], par suite de fièvre, le 16 octobre 1808. A noter que si l'on prend bien soin de préciser que les décès est légalement authentifié par "trois témoins mâles et majeurs", le pays n'est jamais mentionné dans les transcriptions !

Joseph Ducrest. Effectuant son service militaire, comme fusilier au 101e Régiment de Ligne, 1er Bataillon, 2e Cie, Matricule 8636, il est entré à l'hôpital militaire de Castrovillary [Castrovillari, Italie] le 26 novembre 1808, et y est mort le 17 décembre 1808, à la suite de la fièvre.

1809

Jean-Marie Genolin. Caporal au 101e Régiment de Ligne, 5e Cie, Matricule 1159, il est entré à l'hôpital d'Andréas [Andreis, Italie ?] le 30 juillet 1809, et y est mort le 10 aôut 1809, à la suite de fièvre.

Benoît Mathieux. Chasseur au 16e RI, 4e Bataillon, 1ère Cie, Vienne [Autriche], il est entré au grand hôpital de l'Académie Joséphine le 4 août 1809, y est décédé le 14 août, par suite de fièvre.

Jean-Antoine Bornet. Caporal au 101e RI de ligne, 1er Bataillon, 3e Cie, il est entré à l'hôpital "ditchiasa", commune de Trente [Italie], le 1er novembre 1809, et y est décédé le 19 novembre, par suite de blessure.

1810

Claude-François Guichon. Chasseurs à cheval au 9e Régiment, il est décédé à l'hôpital de Rome [Italie], le 4 août 1810, par suite de fièvre. L'acte fut délivré à Vesoul, le 30 décembre 1812, plus de deux années plus tard.

Ajoutons le vraisemblable décès de François Gros [3859], signalé au 108e régiment d'infanterie de ligne (Matricule 7452), né le 22/11/1789 à Champfromier, cultivateur, taille 1,58m, visage ovale, front ouvert, yeux gris, nez petit, cheveux et sourcils chatains, arrivé au corps le 24 août 1809 (enrôlé volontaire ?), venant du dépôt général de Strasbourg, conscrit de 1810, présumé prisonnier de guerre le 10 décembre 1812 [Web : Mémoire des hommes, SHD/GR 21 YC 784 (info JF Gros)]. Il est toutefois plus probable qu'il est simplement mort dans la retraite de Russie des armées de Napoléon, peu après la Berezina (27novembre).

1811

Jean-Marie Tournier. Caporal dans l'Armée de Portugal, 69 RI de ligne, 2e Bataillon, 2e Cie, Matricule 5329, il est décédé "à l'ambulance" du régiment à Truxillo en Estramadure [Trujillo, Espagne ?] le 15 août 1811, par suite de fièvre, ainsi qu'il a été déclaré en Espagne à Plasencia le 21 septembre. Il était entré au Service Luxembourg le 28 décembre 1811 [sic].

Louis-Joseph Sérignat. Chasseur au 16e RI légère, 2e Bataillon, 4e Cie, Séville [Espagne], il est entré à l'hôpital de la Sangré le 13 août 1811, y est décédé le 2 octobre, par suite de fièvre.

1812. Invasion de la Russie (25 juin) et Berezina (27 novembre)

Henry, ou Pierre Genolin ! L'acte provient de Zamora [Espagne]. Fusillier 101e RI de ligne, 3e Bataillon, 4e Cie, il entré à l'hôpital le 13 mai 1812, décédé le 9 juin, suite de fièvre. Mais qui est-ce ? Le maire pense avoir trouvé ! "L'extrait… a été fidèlement transcrit par le sousigné maire qui l'avoit reçu il y a déjà quelques temps ; la cause du retard vient de ce que ledit extrait ne convient point à Henry Genolin, qui étoit déjà mort il y a quelques années au Crest, commune de Chézery. Mais il convient à Pierre Genolin, son frère, qui avoit changé son prénom de Pierre à celui d'Henry son frère. Ainsi est fait".

Julien Bornet. Acte provenant de Valladolid [Espagne], hôpital de la Résurrection. Fusillier au 103e RI de ligne, 4e Bataillon, 1ère Cie, Matricule 6999, Julien Bornet est entré à l'hôpital le 31 octobre 1812, et y est décédé le 8 novembre, par suite de fièvre. Fait à Metz le 24 juillet 1813.

Pierre [Pierre Amédée] Grenard. Acte provenant de Bayonne (Basses-Pyrénées). Fusillier au 101e Régiment de ligne, 1er Bataillon, 1ère Cie, décédé le 4 décembre 1812, sur déclaration de l'économe de l'hôpital. Etonnamment, on dispose l'émouvant testament de Pierre Amédée "... an garnison a Turin... ginstitue mon heritie universel jean Grenard mon frère... (14 juin 1811)" [La Combe d'Evuaz, M.-C. Vandembeusche, p. 79].

 

1814

Pierre Bornet. Acte provenant de la commune d'Alexandrie [Italie, Piémont], Hôpital militaire de la Citadelle, n° 11439 du registre. Sergent au 35e de ligne, 1er Bataillon, 3e Cie, entré le 16 mars 1814, il est décédé le 30 mars, "par suite de fracture du bras par un coup de feu et péripneumonie grave". On trouve plusieurs transcriptions dont certaines aux prénoms de Pierre-Marie, et même l'extrait mortuaire inséré dans le registre en mairie.

 

Quelques remarques

Très nombreux sont ces soldats qui ne sont pas mort au front, mais de fièvre. Les archéologues ont déterminé récemment que pour les morts de la campagne de Russie, dans 30 % des cas cette maladie virale était transmise par les poux. Pour les autres campagnes de Napoléon, on manque d'information. A voir aussi les pages Affaires militaires à la Combe d'Evuaz, en particulier le testament intégral de Pierre-Amédée Grenard et l'assurance qu'au moins un Champfromérand aurait participé à la campagne de Russie, ou du moins a justifié un mariage... [M.-C. Vandembeusche, p. 78-81].

 

Remerciements : Archives numérisées de l'Ain (D 1813/17, extrait mortuaire inséré p. 43)

Première publication de cette page, le 26 décembre 2008. Dernière mise à jour, le 18/06/18.

 

 

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