Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Maison François Jullian-Prince, à Communal

 

Les plans napoléoniens de 1833, représentent à Communal, hameau de Champfromier, à l'angle de deux rues (aujourd'hui au carrefour de la D 48), une maison, parcelle D 1129 (faisant partie du lot de plusieurs maisons attenantes D 1129-1134). On sait par L'Etat des sections que cette maison d'habitation appartenait à François Juliand-Prince de Communal (les autres maisons attenantes appartenant à d'autres Juliand et Bornet). L'Etat précise qu'elle avait une surface de 90 mètres-carrés, 3 ouvertures (porte et fenêtres), et qu'elle était classée de la très modeste classe 6 (allant de 1 à 7), ayant ainsi une valeur de revenu fiscal de 1 franc (10 francs pour la classe 1). Il n'est pas si facile de savoir qui était ce François Juliand-Prince, au nom rappelant nos prestigieux fils de roi de France..., les Juilland étant alors très nombreux à Communal, et même si chacun avait un additif distinctif, l'identification généalogique de nos jours n'est pas évidente. Il est donc présumé qu'il s'agit de François Julliand [CI-2188 (dit Prince au recensement de 1774, et à son décès)], bien que celui-ci soit mort depuis longtemps (en 1805) au moment de la réalisation des Etats des sections, mais il est fréquent qu'un individu soit pris au sens de ses héritiers. Et justement, à part une fille, tous les fils semblaient aussi déjà tous morts en 1833. La succession aurait donc été en attente... Dans l'Etat des sections, ledit François Juilland-Prince, n'était pas propriétaire que de cette maison, il possédait aussi plus d'une vingtaine de parcelles de terres, prés, bois et chènevière, le tout d'une superficie de près de 3 hectares.


Maison Juilland-Prince, aujourd'hui à l'angle de la route D 48 allant vers Giron et de la Rue des Sanges

La photo sur plaque daterait des années 1916/17. La maison est encadrée d'une végétation prolifique. Devant le pignon court un cep de vigne déjà bien feuillu ; la photo fut prise vers les mois de mai ou juin. A noter qu'un pied de vigne est encore présent, mais planté plus à gauche. La maison est habitée, une fenêtre est ouverte, et le parterre de fleurs devant le pignon est entretenu avec quelques rosiers grimpants et autres fleurs. La maison est couverte d'ardoises, avec deux barres destinées à retenir la neige en hiver. Sur le pignon, une demi-croupe avec une bordure de toiture très courte permet à un éventuel coup de vent violent de se détourner vers le haut. A gauche de la maison on distingue un bâtiment couvert de tuiles. A droite le poteau en bois est très certainement au même emplacement, près de la croix, que celui en béton qui l'a remplacé.

Cette maison est très semblable à celle que l'on peut voir aujourd'hui (en 2012), à ceci près que le toit en est maintenant couvert de tuiles mécaniques, et surtout que l'ambiance "sentiers de jardin" des voies d'accès en fut totalement modifié par la création de la route de départementale de Giron (D 48), vers 1923, pour cette portion de route. Auparavant, pour rejoindre Giron depuis Communal, le chemin principal était celui passant au-dessous de Sous-Cruchon et derrière le Pré-Grevet.

 

 
Linteau de la baie du RdC, et celui élégant, à peine en appui, de la fenêtre de droite au 1er étage

ll est étonnant que cette maison fut donnée pour si modeste à l'Etat de 1833. Elle comporte en effet de magnifiques encadrements de fenêtres en pierre de taille. Mais il est vrai que ses linteaux ouvragés doivent provenir de ré-emploi de plusieurs maisons de notables, plus anciennes et présumées ayant été construites à proximité, probablement du temps de la domination de la Savoie (XVe et XVIe siècles), comme en d'autres lieux anciens de Champfromier. Rappelons qu'une grange dîmale avait était construite à proximité et qu'elle brûla en 1778 avec les quatre maisons voisines... Le remploi est manifeste. Seules deux ouvertures comportent un linteau ouvragé, la toute petite baie en bas à droite, et la fenêtre de droite du premier étage. Pour la petite baie du rez-de-chaussée, le linteau mesure 65cm hors tout, mais pour une ouverture de la baie de seulement 35cm de large (et 49cm en intégrant les chanfreins). Il est d’un calcaire très clair (calcaire présumé urgonien). Par contre le linteau de la fenêtre de droite du premier étage est d'une facture plus raffinée, beaucoup plus élégante, comportant deux accolades. Celle du bas y est joliment surcreusée. L'origine de la pierre semble autre que celle de la petite baie. Mais trop petit pour ce remploi, on voit bien que ce linteau ne comporte presque pas d'appui !

 

 
Une fenêtre d'étage et la porte côté grange avec montants chanfreinés

La fenêtre de gauche du 1er étage, ne comporte pas actuellement de linteau ouvragé, et il n'y en a pas non plus de visible sur le cliché de la vieille plaque photo. Par contre les montants sont champfreinés, et ce n'est le cas que sur cette seule baie (hormis la toute petite baie). Les fenêtres de l'étage sont un peu plus petites que celles du res-de-chaussée, lesquelles mesurent 100cm de largeur. La porte visible sur la photo est aussi champfreinée sur les deux montants et le linteau.

 

Cette très vieille maison longtemps abandonnée fut la propriété de Honorine et Alphonse Vallet, les parents de Marie-Julienne Vallet épouse de "Jules" Nicollet. Actuellement (2012) encore désafectée, elle est en cours de restauration et devrait retrouver sa vitalité dans les prochaines années avec l'une des plus anciennes familles de Communal-Giron.

 

Remerciements : Famille Nicollet (photo sur plaque). Crédit photographique : G. Lancel (photo des fenêtres et porte, 13/06/12).

Première publication le 25 septembre 2012 . Dernière mise à jour de cette page, idem.

 

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