Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Forgeron, Maréchal-ferrant, serrurier

Comme tout village, Champfromier disposait de son maréchal-ferrant. On sait que François TORNIER était maréchal lors de la naissance de sa fille Jeanne-Marie en 1703, et de même jusqu'en 1725 où il est cité de très nombreuses fois comme parrain. Non loin d'ici, Pierre-François MERMET (parrain à Champfromier), était Maître-maréchal aux Bouchoux en 1748. La Révolution ne supprime évidemment pas ce métier : Jean-Baptiste COUTIER est maréchal en 1798 (naissance d'Agathe). A la fin du XIXe siècle, le recensement de 1898 nous apprend que l'on comptait trois forgerons à Champfromier : Nicolas COUTIER, 61 ans, au Pont d'Enfer, Emile Casimir COUDURIER, 58 ans, à Champfromier-le-Haut (Rue de la Fruitière), et Jean DUCREST, 42 ans, au Bordaz. En 1906, on retrouve un Francisque COUTIER forgeron au Pont d'Enfer (mais natif de Montréal-la-Cluse), tandis qu'au siècle précédent, chaque recensement signale aussi trois ou quatre maréchals au hameau au Pont-d'Enfer, à Monnetier et à Evuaz.

Entre 1898 et 1906, Jean DUCREST quitte le Bordaz pour s'installer au hameau du Pont d'Enfer (rue des Burgondes). En 1906, il cumule les activités de "maréchal, charron et serrurier", tandis que ses fils Eloi et Pierre (19 et 16 ans) sont serruriers. Ils resteront sur place, charron-forgeron, au moins jusqu'en 1954. Les Ducrest se distinguent des Ducret par la présence d'un "s" dans leur nom. Ce fait n'est pas dû au hasard, la famille avait payé pour obtenir légalement cette marque distinctive.

La plaque-photo ci-dessous (inédite) montre la maison des DUCREST, toujours existante (N° 661, rue des Burgondes). Les arcatures des portes et fenêtres sont caractéristiques et conservées, de même que l'oculi au sommet du pignon.

La porte de gauche était celle du magasin, où l’on achetait la quincaillerie de maison (charnières, seaux, etc.) Celle de droite donnait accès à la forge. Devant la maison, à droite de la photo, se trouvait un « détroit », pour ferrer les bœufs [G. R.] De gauche à droite, le premier homme serait Eloi DUCREST et la première femme Marthe GUICHON, son épouse. Pierre, frère d'Eloi, et leur mère Julienne DUCRET, devraient aussi figurer sur le cliché. Pierre fut ensuite serrurier à Lyon (4 rue des Forces) tandis que Félix, leur dernier frère, était parti en Algérie [Y. D.].

Le travail ne manquait pas. Chaque cultivateur faisait évidemment lui-même les roues de ses charriots mais, laissées en l'état, elles se seraient usées bien trop vite ! Le forgeron était donc indispensable pour cercler ces roues. On avait aussi recours à ses services pour ferrer les bœufs, les chevaux, et même les vaches quand celles-ci étaient utilisées par défaut comme bêtes de trait. Le travail des anciens forgerons du village peut encore s'apprécier par les nombreuses clôtures, portes et balcons en fer forgé encore sur place en bordure de la rue Neuve et à proximité du Pont d'Enfer [M. V.]

Voir une vue d'ensemble de la maison et le terrain de boules.

 

Remerciements : Mme Yvonne Ducret  ; M. Georges Richerot ; Mme Micheline Vallet ; Plaque photo dont la prise de vue est attribuée à Marius Chapuis et matériel photographique, Coll. particulière.

Dernière mise à jour de cette page, le 9 juin 2009.

 

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