Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL

Recensement de 1851

 

Le recensement de 1851 qui figure en mairie (et qui est aussi celui proposé en ligne sur le web par les Archives départementales), est signé du maire, Ducret, mais n'est pas daté. Toutefois, comme le plus jeune recensée est Marie Marquis (N° 469), qu'elle est y est dite âgée d'un mois et qu'elle est née le 25 mars 1851, le recensement date donc de février 1851. C'est en cette année 1851 que la population de Champfromier atteindra son maximum de 1245 habitants (plus du double de la population de 2006, avec 606 habitants). Signalons qu'il faudrait toutefois éliminer les doublons, en particulier les quatre concernant Françoise Ducret et ses 4 filles, recensées deux fois, une au Pont d'Enfer et l'autre à Monnetier, Hameau du Crez (150-153 et 648-651) !

Par rapport au recensement de 1841, celui-ci est plus complet, notamment pour mentionner les quartiers (il n'y avait pas encore de noms de rues) et les âges des individus, mais l'on n'y trouvera pas encore ni le lieu ni l'année exacte de naissance des recensés. Les relations familiales sont presque toujours relatives à l'individu de la ligne précédente (et non au chef de ménage, dont la mention n'est d'ailleurs que sous-entendue). Il n'est donc par rare de trouver plusieurs mentions comme "Sa femme" dans une même "famille" (lorsqu'un fils aîné est marié) ce qui peut apporter aussi bien des confusions dans la parenté des "enfants"...

Observations et récapitulatifs du document

La confusion est encore importante, en particulier pour les numérotations. Curieusement les numéros individuels recommencent à 1 pour chaque hameau ! Et par erreur dans cette surprenante logique, pour Communal, ils poursuivent la série précédente en commençant à 53 au lieu de 1 ! Pour le Bordaz, on trouve deux numéros 17 !

Le récapitulatif de fin de document mentionne : 11 quartiers ou hameaux (y compris le village), 234 maisons, 272 ménages, 1245 habitants (637 du sexe masculin et 608 du sexe féminin, 1046 en population agglomérée et 199 en population éparse [Rerey, Potachet et Collet]), et pour les compléments, 5 aveugles, 4 borgnes, 2 aliénés et un affecté de la colonne vertébrale (et un Coutier sous la surveillance de la Haute Police !), 1241 français, 1 italien et 3 autres étrangers (sans précision). Tous sont catholiques romains.

Le tableau récapitulatif de l'avant dernière page (classé dans un ordre différent de celui de l'enregistrement) indique : Champfromier 190 hab., Pont d'Enfer 153 hab., Bordaz 52 hab., Communal 125 hab., Crez 177 hab., Monnetier 116 hab., Conjocles 65 hab., Souillet et Rerey 33 hab., Evuaz 168 hab., Potachet 57 hab., Collet et granges isolées 109 habitants. Total 1245 habitants.

Le récapitulatif par profession donne la presque totalité de la population dans le secteur de l'agriculture, avec 1197 personnes, dont 750 propriétaires-cultivateurs (ne vivant que de l'exploitation de leurs terres), 190 fermiers (ne vivant que de la culture de terres dont ils ne sont pas propriétaires), 100 fermiers-propriétaires (ayant aussi quelques terres à titre personnel), 132 journaliers et 25 propriétaires.

Le récapitulatif totalise aussi 3 hommes dans l'industrie du bâtiment (les 4 tailleurs de pierre ?), 2 hommes et 8 femmes dans celle de l'habillement, 2 apprentis dans les transports, 2 apprentis dans le luxe (horlogers), 6 hommes de profession libérale, 5 employés des communes, 1 instituteur, 2 ecclésiastiques, 6 personnes sans moyen d'existence connu et 4 femmes vivant du travail de leur mari.

Itinéraire du recensement

L'itinéraire retenu pour ce recensement de 1851 diffère totalement de celui de 1841, et regroupe confusément les granges isolées en bouts de secteurs. On commence par le Pont d'Enfer, côté Monnetier (Chemin de Ménéchar). Puis on traverse le pont et l'on se dirige vers la Caserne. Mais la rue de L'Eglise est recensée du nord au sud, jusqu'à Sous-Balme. La Rue de la Fruitière est aussi relevée du nord au sud, puis retour au Vieux-Bourg. Le Bordaz commence aussi par le nord et non le sud, n'incluant pas les granges isolées. Communal commence par la Rue du Dière et se termine par la Rue des Sanges, de même oubliant les granges éparses. Monnetier débute par le Crêt en entrant par la rue du Lapidaire et se termine par quelques granges (Chaudanne, etc.) Puis la Rue du Bas et Monnetier-Rue sont recensés jusqu'au Châtelard (incluant la maison Coutier avant Conjocle). Conjocle vient ensuite et se poursuit vers Moulin-Dernier. On passe ensuite aux granges éparses de Sous-Berny puis à celles de Pré-Bleu, Combe-Jean, Nerban, Pré-Grevet. c'est ensuite le tour du Collet, avec retour vers Barbouillon, la Chandelette, puis le Solier et Sur les Prés ! Evuaz aussi semble inversé en montant depuis le sud-ouest et en redescendant depuis le nord-est. On termine avec les granges du Potachet et des environs.

Observations complémentaires (professions)

Les métiers de l'agriculture, on l'a vu, restent fortement dominants. Cette fois les douaniers sont dénombrés exactement, soit 14 douaniers (3 gradés et 11 préposés) logés chacun avec leur famille dans diverses maisons du secteur du Pont d'Enfer. Le curé, le vicaire et une institutrice demeurent près de l'église. Un instituteur habite chez ses parents. Concernant les compléments de ressources on peut maintenant signaler une quinzaine d'enfants dits "enfant de la Charité" et une enfant trouvée, tous en pension ou domestiques chez des champfromérands. Les domestiques sont aussi plus nombreux (38 dont 26 femmes ou filles de tous âges), de même que les rentiers (17 dont 12 femmes)

Comme en 1841, par ordre alphabétique des autres métiers, on relève : cordonnier (6 dont 4 ouvriers cordonniers), couturière (3), cuisinière (1), garde-champêtre (1), garde-forestier (2), marchand (4, dont un marchand de vin et un marchand épicier), maréchal (3), menuisier (6), meunier (6 dont 2 meunières) et sage-femme (2)

Les nouveautés, du moins celles exprimées dans ce recensement de 1851, sont : fromagère (6), horloger (2), scieur de bois (2, Martin DUCRET et l'un de ses domestiques), tailleur de pierre (4), tailleur d'habits (1), tailleuse (6) et tourneur en bois (1).

Prénoms et noms

Comme en 1841, et pour les mêmes raisons, on continue à relever plus de 150 François ou Françoise. Les patronymes les plus nombreux n'ont pas non plus changé : Bornet : 72  ; Coutier : 57 ; Ducret : 246 ; Genolin : 71 ; Julliand : 88 ; Tournier : 100. A ce sujet, on pourra regretter que ce recensement ne précise plus les surnoms pour les patronymes les plus fréquents.

Age moyen et moyenne d'habitants par famille

L'âge moyen des personnes recensées n'est que de 30,5 ans. Il est évidemment assez hétérogène (écart-type de 21,6 années). Pour les forts en maths..., cela signifie que si les âges se répartissent en ordre croissant suivant une belle courbe en cloche (Courbe de Gauss), alors 68 % des personnes ont un âge qui se situent entre la moyenne moins l'écart-type, et la moyenne moins l'écart-type, et donc dans ce cas, près de 70 % des recensés sont âgés entre 8,9 ans et 52,1 ans. Précisons que l'écart-type ne variera guère au cours des 150 années qui suivront tandis que la moyenne d'âge progressera de 10 années. La doyenne est la veuve Marie GROS, de Monnetier, âgée de 85 ans.

Le nombre moyen d'habitants par famille, ou par feu comme on disait sous l'Ancien Régime, est de 4,56. En baisse par rapport à 1841, il ne cessera encore de baisser par la suite, avec le minimum absolu juste après guerre, de 2,93 en 1946. Voir la synthèse générale en page accueil.

Conventions pour le fichier de ce site

Toutes les numérotations, individuelles, par maison et par famille ont été reconstituées, les chefs de famille reconstitués.

 

Remerciements. Réalisé en mairie de Champfromier par Ghislain Lancel durant les années 2007/2008. Remerciement aux deux secrétaires de mairie, pour leur accueil toujours bienveillant.

Dernière mise à jour de cette page, le 20 décembre 2009.

 

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