Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
Comme partout en France, ce recensement de 1872 est le premier qui mentionne les lieux de naissance.
La population de Champfromier continue de diminuer, avec officiellement 961 habitants. Mais comme en 1866, ce nombre est un peu faux, pour cause de double compte. Ainsi on retrouve trois personnes de la famille Burdet/Pillard d'Evuaz recensées Aux Ramas (numéros individuels 785-788) et à la Combe d'Evuaz (n° 827-834), et pour cette seconde fois, la famille y est alors plus nombreuse, sans toutefois que l'on y retrouve tous les individus ! A y regarder de près, même après prise en compte des ratures de correction, on semble bien observer aussi quelques erreurs de numérotation, pour une petite dizaine de chefs de ménage, dont le numéro de ménage n'a pas été incrémenté d'une unité (et qui sont donc confusément englobés pour chacun d'eux avec la famille précédente), et de même certainement pour quelques maisons (dont le numéro serait à dissocier de celui de la précédente). Attention donc à ne pas toujours prendre les informations de ce recensement pour parfaitement rigoureuses !
Le recensement est signé mais non daté. Toutefois Henry Pillard (n° 520) étant âgé de 2 jours, et étant né le 23 avril, on peut donc affirmer que le recensement fut réalisé le 21 avril 1872.
L'ordre retenu pour inscrire les habitants de Champfromier en 1872 semble aujourd'hui incohérent, mais à l'époque la rue principale du village n'était pas encore l'actuelle Rue des Burgondes, mais la rue de l'église. La rédaction commence donc en fait très logiquement par le "Chef-lieu" (aujourd'hui la Rue de l'Eglise), avec son curé et son vicaire demeurant dans la deuxième maison, l'instituteur dans la troisième, et la liste complémentaire des 63 autres habitants de ce secteur. Le recensement se poursuit par les fermes éparses de la Caserne et le hameau du Pont d'enfer (rue des Burgondes), puis par "Champfromier le haut" (Rue de la Fruitière), le Bordaz, Communal, et enfin une multitude de fermes toutes dénommées et les hameaux de Monnetier et de la Combe d'Evuaz, soit un total de 203 maisons, 252 ménages et 961 habitants. Ces chiffres sont repris dans le récapitulatif de fin de document, qui donne tous les détails. Tous les habitants sont français.
L'itinéraire retenu en 1872, renoue avec le passé, en commençant par la Rue de l'Eglise (le chef-lieu ancien), du sud au nord, et son voisinage. On revient ensuite à la Caserne en se dirigeant vers le Pont d'Enfer et les deux rives de la Volferine. On remonte ensuite au Vieux-Bourg, qui se poursuit par la Rue de la Fruitière jusqu'à Sous-Balme. Le Bordaz vient ensuite, sans les granges isolées. Puis c'est Communal, à l'habitude, le Clos puis le Clos de l'Epine et Rue des Sanges jusqu'à Sous-Cruchon. Viennent ensuite des granges isolées (Crêt de l'Achat, Dière, Chandelette, Sous les Rochers, etc.) Monnetier commence par le Crêt, et se continue aussi à l'habitude. Viennent ensuite des granges (Potachet, Poisey, etc.), Moulin-Dernier et Conjocle. Puis s'ajoutent d'autres granges (Druger, Sur les Prés, Domplomb, Solier), le Collet (réduit à 6 habitations), les Iles, Chaudane, et les Ramas. La Combe d'Evuaz termine le recensement de manière confuse.
Concernant les lieux de naissances, qui sont pour la première fois mentionnés dans un recensement, Champfromier est évidement le plus souvent cité, 788 fois. On a quand même des doutes pour une cinquantaine d'individus, et pour 43 autres c'est une erreur certaine, ceux-ci étant nés ailleurs dans le département, ou même hors de l'Ain pour 7 d'entre eux (Jura, Lyon et Vosges...)
Quant aux prénoms, du moins pour ceux de la Combe d'Evuaz où l'on sait que les premiers adjoints spéciaux du maire en ce hameau éloigné ne furent jamais des forts en orthographe, l'on en trouvera de vraiment uniques, avec ou sans tenir compte de l'orthographe..., comme Hantide, Orace et autre Calixte !
Pour les professions, en dehors des 230 cultivateurs ou cultivatrices désignés comme tels, on relève 1 agent voyer retraité, 5 aubergistes en des lieux distincts, 1 blanchisseuse, 2 cantonniers, 10 cordonniers dont deux apprentis, 9 couturières, une trentaine de domestiques ou journaliers, 25 ou 26 douaniers, 5 fromagères (deux à Champfromier-le-haut, deux à Monnetier et une à Communal), 3 gardes forestiers, 2 horlogers, 2 instituteurs dont une institutrice mais à Evuaz, un jeune lapidaire, 4 marchands dont une femme, un marchand de fromage et un autre de vin, 4 maréchaux, 3 ménagères, 2 menuisiers et deux meuniers, deux sages-femmes, 1 tailleur de pierre et 1 tourneur, sans oublier le curé, son vicaire et le médecin. Encore une fois l'on sera prudent sur les effectifs, surtout pour ceux des métiers traditionnels, sachant que 605 personnes de tous âges n'ont pas de profession désignée dans ce recensement (et que le nombre de cultivateurs sera de 467 au recensement suivant) !
Par rapport au précédent recensement, celui de 1866, l'âge moyen gagne presque une année : 33,4 ans (Ecart-type de 22,3 ans). Le plus âgé des recensés est Joseph NICOLLET, 92 ans, père de Jean, cultivateur, demeurant à Conjocle. Né en 1780, le 19 octobre, le dit Joseph avait donc connu la Révolution Française, de même que deux autres enfants du village !
Le nombre moyen d'habitants par famille, ou par feu comme on disait sous l'Ancien Régime, est de 3,81. C'est la première fois que ce nombre passe sous la barre des 4 personnes en moyenne par famille, et sur un siècle il continuera à décroître assez régulièrement jusqu'à 3,08 en 1868.
Remerciements. Réalisé en mairie de Champfromier par Ghislain Lancel durant les années 2007/2008. Remerciement aux deux secrétaires de mairie, pour leur accueil toujours bienveillant.
Dernière mise à jour de cette page, le 22 janvier 2008.