Patrimoine et Histoire de Champfromier, par Ghislain LANCEL |
La mise au propre de ce recensement de premier recensement du XXe siècle est datée du 12 avril 1901. La population de Champfromier est alors de 831 habitants, en baisse régulière (en particulier pour Evuaz et des fermes éparses). Le document est écrit lisiblement mais il n'y a pas de trait de séparation entre les diverses maisonnées, d'où d'éventuelles grosses confusions... Par contre ce recensement se distingue des autres par le fait que ce n'est généralement pas prénom usuel qui y est mentionné, mais les deux ou trois de l'acte de naissance. Naturellement il n'y a encore aucune mention de nom de rue mais seulement des dénominations générales.
Comme point de repère, signalons que la télémécanique cesse à Bellegarde en 1900.
Les récapitulatifs indiquent, pour l'agglomération du chef lieu un sous-total de 58 maisons, 91 ménages et 323 habitants (dont 10 étrangers, 1 au Pont d'Enfer et les autres à Champfromier le Haut), réparti en Pont d'Enfer (18, 41, 141), Champfromier le Bas (10, 15, 50), Champfromier le Haut (20, 23, 86) et Le Bordaz (10, 12, 46).
Pour les populations éparses, on relève de très nombreux lieux-dits : Communal (16, 17, 73), Monnetier (39, 45, 157), Evuaz (21, 23, 117), Le Collet (5, 5, 18), La Caserne (3, 7, 17), Conjocle (5, 5, 15), Le Poizet (2, 2, 11), Le Réret (2, 2, 10), Poutachet (3, 3, 10), Les Iles (2, 2, 6), Barbouillon (2, 2, 6), Chandelette (1, 1, 8), Sur les Prés (3, 3, 9), Moulin-Dernier (1, 1, 5), Sous-Balme (1, 1, 5), Cruchon (1, 1, 5), Sous les Rochers (1, 1, 3), Praz-Bleu (1, 1, 3), Malacomba (1, 1, 2), Combe au Maure (1, 1, 4), Domplomb (1, 2, 3), La Serraz (1, 1, 4), Chaudanne (1, 1, 4), Druget (1, 1, 4), Les Charrières (1, 1, 4) et Le Solliet (1, 1, 3), soit un sous-total de 117 maisons, 131 ménages et 508 habitants (dont 13 étrangers, tous à Monnetier) et pour total général de la commune de Champfromier 175 maisons, 222 familles et 831 habitants (dont 23 étrangers).
L'itinéraire retenu par le rédacteur du recensement de 1906 semble reprendre l'idée du précédent mais il comporte plusieurs oublis rajoutés en fin de hameau, et semble assez confus. Monnetier commence par le Châtelard ! Evuaz commence par les écoles.
S'il n'y a pas de centenaires, les vieux couples sont assez nombreux, l'activité agricole entretient la santé ! Toutefois, dans de nombreuses maisonnées, des enfants célibataires, garçons et filles, que l'on trouverait très âgés de nos jours sont encore présents au foyer parental. Les bras ne sont jamais assez nombreux dans l'agriculture et la solidarité familiale est forte, aussi des cousins ou neveux sont assez souvent recensés dans les foyers, voire les familles de frères et sœurs, enfin mariés et souvent âgés. Evuaz comporte toujours ses familles très nombreuses !
On recense 378 cultivateurs (ou cultivatrices) âgés dit-on de 15 à 78 ans, 4 domestiques agricoles, et 67 fermiers cultivateurs, soit 449 personnes vivant du secteur agricole (54 % de la population, et plus des trois-quarts, 76 % des 585 professions désignées). C'est surtout dans les hameaux que tout le monde, fils comme fille, est cultivateur ! Parfois l'homme s'exerce à un nouveau métier, mais alors la femme reste cultivatrice. L'activité classée numéro deux est sans conteste celle de lapidaire, à dominante féminine avec 45 personnes (dont 33 femmes ou filles). Les douanes emploient plus d'une dizaine de personnes à la surveillance de la Zone libre.
En contrepartie, la blanchisseuse, les bouchers, cafetiers, charpentiers et cordonniers, la buraliste et la couturière, le fabriquant de plâtre et le marchand de bois, les fromagers, instituteurs, maçons et maréchaux, la sage-femme et les deux scieurs, le tailleur de pierre et les deux tisserands, la tricoteuse et les deux voituriers font figure d'originaux, de témoins d'activités appelées à disparaître ou de précurseurs.
Sur cette photographie très ancienne tirée par un amateur (sur la droite on voit les traces noires des pinces de manipulation restées attachées au papier entre les bains de révélateur et de fixateur) dont on a extrait à droite la partie principale, on peut observer le village tel que l'on devait pouvoir le découvrir aux environs de l'année 1901 de ce recensement. La mairie-école est évidemment construite, et l'on voit même les préaux de la cour de récréation et le jardin de l'instituteur, mais il n'y a pas encore de constructions au niveau du Pont d'Enfer de l'actuelle Rue Neuve. L'actuelle rue du Champ du Pont est aussi vide de constructions : les imposantes maisons des Ducret-Gaucher et même Ducret-Meunier, cette dernière du tout début du siècle, ne sont pas encore présentes. A droite, Sous-Massans. Au premier plan à gauche, un homme que l'on voit de dos (un cycliste ?) a dépassé un petit potager et va rentrer dans le village par la route de Chézery. A l'arrière-plan, la nette délimitation de grisé sur le Cruchon n'est pas l'effet d'un défaut de la photographie. C'est le résultat d'une "coupe à blanc" partielle du Cruchon. Cette habitude de couper tous les arbres à ras par parcelle a perduré jusque vers 1970. A comparer avec la carte-postale CP 4 (où la coupe à blanc a repoussé et où l'hôtel Ducret est maintenant construit).
Par rapport au précédent recensement, celui de 1896, pour ce premier recensement du nouveau siècle, l'âge moyen est un peu en baisse à seulement 32,3 ans (mais l'écart-type se resserre encore à 21,4 ans, traduisant un nombre relativement plus important d'adultes d'âge moyen par rapport aux enfants et aux plus vieux des recensés). Pas surprenant donc que le plus âgé n'ait que 84 ans. Il s'agit de François TOURNIER, cultivateur vivant avec son épouse à Malacombaz. Il est toutefois talonné par neuf autres candidats au titre de doyen, des jeunes tous âgés entre 80 et 83 ans !
Si l'on compare avec les données du demi siècle passé, les chiffres sont décevant : on ne constate qu'une hausse d'à peine 2 années de la moyenne d'âge depuis 1851, et même pas régulière avec un maximum bien vite oublié de 3 ans 1881.
Le nombre moyen d'habitants par famille est de 3,74.
On trouve souvent les mentions de Leur fils aîné, Sa 2e fille, etc. Elle a été abandonnée après quelques exemples pour se limiter à fils ou fille. Pour la numérotation des immeubles et des ménages, comme en 1896, les numéros ont été remplacés par ceux d'un ordre croissant sur l'ensemble de la commune, soit 175 maisons et 222 ménages (conformément au récapitulatif).
Remerciements. Réalisé en mairie de Champfromier par Ghislain Lancel durant les années 2007/2008. Remerciement aux deux secrétaires de mairie, pour leur accueil toujours bienveillant. Crédit photographique : Famille Ducret-Meunier.
Dernière mise à jour de cette page, le 4 mai 2008.